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La fin du dollar

par B. B.

« Les États-Unis sont devenus la nation la plus endettée du monde. Pour financer ses montagnes de dettes, la Réserve Fédérale inonde le reste de la planète avec des dollars imprimés par des planches à billets devenues hystériques : il a été imprimé plus de dollars au cours de ces quatre dernières années que depuis toute son existence. » Pierre Jovanovic (2012).

IL ETAIT UNE FOIS LE DOLLAR

Depuis la nuit des temps, les hommes ont pratiqué le troc. Et puis un jour, ils se sont mit à échanger les marchandises contre de l'or. Cependant, pour des raisons de sécurité, ils ont décidé de mettre leurs pièces et lingots dans une banque qui en contre partie a émit des reçus stipulant la quantité d'or déposée. Avant 1909, les gens avaient le droit d'échanger les billets de banque contre des pièces d'or, si jamais les banquiers ne pouvait pas convertir l'argent papier en or, ils se déclareraient officiellement en faillite.

En 1909, aux Etats-Unis, la loi Cours légal a transformé des promesses en papier en un moyen de payement, la monnaie fiduciaire non fixée sur un bien tangible (non gagée sur l'or) a fait son apparition alors. Le professeur Antal Fekete, auteur du livre « Le retour au standard or » paru aux éditions Le jardin des livres en 2011, démontre qu'en échange du privilège de pouvoir créer des dépôts sans l'obligation d'avoir une réserve d'or équivalente (comme c'était le cas avant 1909), les banques étaient alors prêtes à acheter tous les Bon du Trésor du gouvernement qui n'avait pas trouvé d'acheteurs sur le marché obligataire. Le citoyen devait accepter de subir les lourdes conséquences. Malheureusement lorsque la première guerre mondiale a éclaté en 1914, les banques ont refusé la conversion des billets contre de l'or.

Le 5 avril 1933, le président Roosevelt a signé un ordre exécutif interdisant la détention de pièces d'or, de lingots et de certificats d'or. Le président étasunien a littéralement confisqué l'or de ses citoyens. Les résidents sur le sol américain devaient vendre leur or au gouvernement au prix de 20,67 dollars l'once. Roosevelt n'a pas tardé à signer la mort du système étalon-or. Les funérailles ont été célébrées le 12 juin 1933 à la conférence de Londres.

En 1944, les accords de Bretton Woods ont indexé le dollar sur l'or (35 dollars par once), tandis que les autres monnaies ont été indexées sur le dollar. Les paiements internationaux, dorénavant, devaient être réglés en billet vert. Pour faire passer le traité, les États-Unis se sont engagés à rembourser en or les dollars excédentaires accumulés par les autres pays. Pauvre peuple américain, son or confisqué en 1933 a été vendu à l'étranger avec une marge conséquente.

En 1971, les États-Unis ne pouvaient plus respecter leurs obligations. Le 15 août de cette année, le président Richard Nixon, sans préavis, a annoncé, au monde entier, à la télévision et à la cow-boy, la fin de la convertibilité du dollar en or. Un Cow-boy ne plaisante pas. A l'époque, seul un visionnaire a senti venir le danger. En 1965, le général De Gaulle a réclamé fermement aux USA la contrepartie en or d'une importante quantité de dollars détenus par la France. L'opération était réglementaire, mais le coup était dur pour l'Empire américain qui sous la pression du gouvernement français a perdu une bonne partie de sa réserve d'or. De Gaulle savait certainement que son acte nationaliste ne serait pas sans conséquences. Selon l'analyse d'Alain Soral, l'auteur du livre « Comprendre l'Empire » paru en 2011 aux éditions Blanche, les événements de Mai 1968 étaient une tentative de coup d'Etat préparée de longue main par le lobby de la finance qui a fait payer à De Gaulle sa volonté de sortir de l'hégémonie du dollar pour retourner à l'étalon-or.

Après 1971, les Etats-Unis ont imposé à tous les pays de refuser les paiements en or. Et ce n'est pas tout, le FMI à pousser quelques pays comme ceux de l'ex-Union Soviétiques à vendre leur or. Le FMI a aussi vendu une partie de sa réserve, pourvu que personne ne croie à la force de l'étalon-or à stabiliser le système monétaire international. Le 4 November 2008, le quotidien britannique, le Daily Mail s?est interrogé ouvertement sur les ventes d'or effectuées entre 1999 et 2002 par Gordon Brown, ministre chargé des finances et du trésor. En effet, à cette époque Gordon Brown a vendu 395 tonnes d'or au prix le plus bas sur les marchés internationaux. Le Daily Mail n'a jamais pu trouver de réponse claire aux raisons qui ont poussé Gordon Brown à vendre le patrimoine de l'Angleterre.

LE RETOUR INEVITABLE AU STANDARD OR

Selon Myret Zaki, auteur du livre « La Fin du dollar » paru aux Éditions Favre en 2011, la force du dollar est entièrement du à la demande extérieur. A l'intérieur des Etats-Unis, le déficit commercial ne justifie absolument pas la force du billet vert. Les Américains ont produit trop de dollars à partir de rien, la planche à billet tourne à plein. Myret Zaki soutient que la dette américaine ne sera jamais remboursée en dollar courant ni en aucun dollar imaginable. Elle a tout à fait raison. On ne pourra certainement pas obliger le Cow-boy à payer sa dette, car il utilisera la force militaire. A présent, un dollar ne vaut même pas l'encre qui a servi pour écrire sa valeur nominale. Les Etats-Unis n'arrivent plus à résoudre leurs problèmes financiers en faisant tourner la planche à billets. Pour autant, la monnaie européenne n'est pas plus solide que le dollar, car la crise financière a sérieusement affaibli le pôle européen. Les gouvernements les plus avisés considèrent l'or comme la seule monnaie refuge. A cet effet, l'action du président vénézuélien Hugo Chavez qui a achevé, en novembre 2011, le rapatriement de ses réserves d'or déposées à l'étranger (160 tonnes représentant 45% de l'or vénézuélien) est une réponse souveraine à une très probable détérioration du climat monétaire international dominé injustement par un dollar mourant. Les Chinois, eux continuent d'accumuler discrètement une fortune qui dépasse de loin les 3.000 tonnes d'or. Quant à l'Algérie, selon les statistiques du FMI rendues publiques en 2009, elle ne dispose que de 173 tonnes d'or.

Il faut souligner que le métal jaune possède tous les atouts pour être considéré comme le standard de payement universel. D'après le professeur Antal Fekete, son ultime qualité est le ratio stock-flux élevé autour de 60, ce qui signifie qu'au rythme actuel de production il faut 60 ans pour remplacer le stock. Contrairement à certaines idées reçues, ce qui rend l'or précieux n'est pas sa rareté, mais justement son abondance relative qui justifie la superbe confiance dans la stabilité de sa valeur, et qui ne sera pas diminuée par une année de production minière forte, ni augmentée par un fort retrait de la circulation de pièce d'or.

Dans ce contexte, étrangement, certains spécialistes en finance continuent de proposer aux pays qui disposent d'un matelas de devises important de diversifier leurs réserves entre le dollar et l'euro, mais ne parlent quasiment pas d'or ! Les mêmes prétendus spécialistes font tout pour dissuader les pays endettés de lâcher le dollar moribond. La vraie question à se poser aujourd'hui est de savoir si nous allons continuer à les écouter ?