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La bleuite, toujours d'actualité

par Al Moutawakil*

Il est désolant de constater que des Algériens s'interrogent encore sur le patriotisme de l'un ou de l'autre, parmi nos valeureux aïeux. Ceux qui, il y a un demi-siècle, ont arraché et chèrement payé notre indépendance.

En agissant de la sorte, nos compatriotes font prospérer des informations toxiques judicieusement semées par les spécialistes d'un certain Bureau, le deuxième du nom.

Les ravages de la bleuite sont encore vivaces. Celle-ci empoisonne nos esprits et dévoie notre raisonnement.

Il est grand temps de mettre fin à la vaste opération de manipulation, qui nous tourmente depuis 1957.

D'abord en mettant définitivement nos libérateurs du joug colonial au panthéon de la nation algérienne, où seront consacrés des hommes et des femmes qui ont fait de leur mieux avec le peu de moyen, matériel et intellectuel, qu'ils avaient à leurs disposition.

Ensuite, en écrivant notre histoire, grâce à une étroite collaboration entre des scientifiques à l'esprit cartésien et les témoins, encore vivants, de cette épopée libératrice, en exploitant leurs archives et leurs mémoires. Il est triste d'observer qu'une célèbre trilogie, relatant notre guerre de libération nationale, fait référence en la matière alors que son auteur n'a fait qu'honorer une commande du SDECE dans le but de donner un rôle positif au longiligne Général, bien qu'il est clair que la responsabilité de ce dernier est totale sur les souffrances endurées par les algériens. Il a mené une guerre totale et impitoyable contre notre peuple, qu'il n'a cessé que lorsque la France était en danger. Sa responsabilité est également engagée dans les massacres du 8 Mai 1945 et du 17 Octobre 1961.

Enfin, en assumant fièrement et totalement notre glorieux passé, nous pourront désintoxiquer notre pensée de ce qui est diffusé, jusqu'à maintenant, à travers des livres, des mémoires, des sites internet et tout type de média par les relayeurs de la bleuite.

Un autre exemple criard d'une information toxique, est contenu dans le livre écrit par un ancien coordinateur des services secrets auprès du Premier ministre français durant les 2 dernières années de la guerre d'Algérie. Ce personnage affirme que l'un des dirigeants de notre révolution emprisonnés après le détournement de leur avion était un agent à leur service. Une information sournoise visant à jeter le trouble, la suspicion et surtout empêcher toute réconciliation entre algériens. Cette soi-disant révélation ne peut masquer le premier acte de piraterie aérienne de l'humanité commis par l'Etat français.

L'utilisation de tracts pour la propagation de ces informations toxiques est bien révolue. Les parrains de ce type d'opération vont jusqu'à commander des films de cinéma en leurs appliquant les recettes du succès populaire. L'exemple le plus frappant est celui du film relatant l'histoire dramatique de religieux d'un monastère de la Wilaya de Médéa. La vive émotion, légitime chez tout être humain, suscitée par cet événement est utilisée comme moyen de pression et carte de négociation dans des domaines qui n'ont rien à voir avec la justice et l'équité. Le secret défense a été levé sur une partie des documents concernant cette affaire afin de donner un habillage juridique parfait à la pseudo-enquête. Mais le reste des documents ne sera jamais dévoilé car il révélerait que les officiers traitants de l'ex-puissance coloniale n'hésitent pas à entacher la foi sincère de religieux en infiltrant parmi eux un honorable correspondant.

La nation algérienne a forgé son bouclier protecteur sous le feu intense de la colonisation et a parachevé son blindage pendant la guerre de libération nationale. Elle a inventé ainsi, son propre modèle qui, malgré ses imperfections, reste la meilleure manière d'assurer notre développement de manière juste, sûre et équitable.

Les algériens n'ont pas à s'inspirer de modèles printaniers pensés à Langley ou de modèle turque, strictement encadré par l'OTAN. Au lieu de prétendre être le champion du monde musulman et sa source d'inspiration, la Turquie devrait d'abord œuvrer à recouvrir sa souveraineté sur le Bosphore, qui lui échappe depuis la première guerre mondiale.

*Universitaire ? ORAN