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MEDEA : KSAR EL BOUKHARI SE SOUVIENT DU «CAMP MORAND»

par Rabah Benaouda



Le «Mémorial des Martyrs de Camora», de son nom colonial officiel «Camp Morand», situé dans la ville de Ksar El-Boukhari, chef-lieu de daïra qui se trouve à 64 km au sud de Médéa, sera réhabilité pour une remise en valeur réelle, digne de tous les martyrs et anciens détenus, dont un certain nombre sont encore vivants, de ce sinistre centre militaire français d'internement des moudjahidine pris les armes à la main.

C'est ce que nous avons appris, mercredi dernier, à l'occasion de la cérémonie commémorative à la mémoire des Martyrs et en souvenir des anciens détenus du « Camp Morand », un centre d'internement qui avait été créé en 1939 par les autorités coloniales françaises et par où ont transité des milliers de moudjahidine dont beaucoup y avaient été assassinés, sous différentes formes, de façon extrajudiciaire.

Surplombant majestueusement un terrain d'une superficie totale de plus de dix hectares sur lequel a été construit ce centre d'internement et dominant la RN1, ce «Mémorial des martyrs de Camp Morand» sera donc remis en valeur à travers un projet très ambitieux de réalisation de toutes les commodités nécessaires à même d'attirer le grand public, aussi bien les nationaux que les étrangers, mais aussi et surtout pour perpétuer le souvenir de tous ceux qui ont été détenus, torturés et autres qui y ont été assassinés.

Un projet de remise en valeur et de réhabilitation dont un film documentaire a été présenté, à l'issue de cette cérémonie commémorative, au pied de la stèle de ce «Mémorial des martyrs de Camp Morand».

Une cérémonie de recueillement et du souvenir où l'on notait la présence de M. Saïd Abadou, S/G de l'ONM, du Dr Boualem Benhamouda, ancien ministre et ancien S/G du FLN, mais aussi et surtout ancien détenu de ce centre d'internement, ainsi que plusieurs officiers, djounoud et détenus de ce centre, ayant appartenu à l'Armée de Libération nationale (ALN).

Une délégation officielle a été accueillie, le matin de ce mercredi, au siège de la wilaya de Médéa, par M.M. Brahim Merad et Ali Boudine, respectivement wali et P/APW, accompagnés des autorités locales civiles et militaires. Une projection de ce film documentaire faite à l'Institut national de perfectionnement de l'équipement (INPE) de Ksar El-Boukhari, tout proche de ce «Mémorial des martyrs de Camp Morand», suivie de plusieurs interventions-témoignages d'anciens détenus de ce centre d'internement dont justement le Dr Boualem Benhamouda, accompagné du plus jeune détenu en la personne de M. Belkacem Metidji, âgé aujourd'hui de 70 ans, natif et demeurant toujours à Médéa, qui avait rejoint le maquis en 1958, à l'âge de 16 ans, puis arrêté les armes à la main et fait prisonnier une année après. Détenu à «Camp Morand», il retrouvera la liberté le 17 avril 1962 soit un mois après l'entrée en vigueur des Accords d'Evian.

Pour en revenir à la remise en valeur de ce «Mémorial des martyrs de Camp Morand», elle se caractérisera par le réaménagement de toute cette superficie de plus de dix hectares, à travers la réalisation d'un musée historique sur le site de l'ancien centre d'internement dont les baraquements existent toujours, un théâtre en plein air, une salle de prières, un restaurant, un relais routier, une grande cafétéria, un jardin d'enfants et des aires de repos au milieu de beaucoup de verdure. Des commodités qui feront certainement plaisir au public dont notamment les usagers qui empruntent par milliers et quotidiennement cet axe nord-sud que constitue la RN1. Une façon d'allier l'utile (connaissance de l'histoire de la guerre de Libération nationale) à l'agréable (moments de détente).