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65e Festival de Cannes : La vérité sur Cannes 2012 de A à Z.

par De notre envoyé spécial à Cannes : Tewfik Hakem

Ce soir à 19h sera décerné le palmarès du jury présidé par le cinéaste italien Nanni Moretti. Plutôt que de se risquer au jeu des pronostics, notre envoyé très spécial préfère vous livrer sous forme d’abécédaire ses impressions et son humeur de festivalier fatigué après 10 jours de marathon cinémaniaque.

A comme Algérie ou comme Allouache Merzak, ou AARC (Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel). Une délégation algérienne menée par l’AARC avait son stand dans le village du marché du film. Et en dehors de cette délégation Merzak Allouache avait un film, «Le Repenti» dans la sélection la «Quinzaine des Réalisateurs». Voir nos éditions précédentes sur le site du Quotidien d’Oran, dans la rubrique « Archives». Le drapeau algérien flottait en fin et en tête, pour une raison d’ordre d’alphabétique. Merci à l’Albanie une fois de plus absente de ce Festival international, d’ailleurs est-ce que l’Albanie existe toujours? A enfin comme Abdou B. à qui nous dédions cette rubrique et qui nous manque beaucoup, son analyse du dernier film de Allouache et de la polémique suscitée par des journalistes, avant même d’avoir vu le film, nous aurait peut-être éclairé à plus d’un titre.

B comme biopics, de biopicture. Le genre est en pleine expansion dans le monde et même en Algérie où on ne réalise que dans le cadre du cadre d’un anniversaire solennel. L’exception culturelle algérienne veut que nos biopics ne traitent que des figures consensuelles de la lutte armée pour l’Indépendance du pays. Après Ahmed Rachedi (Benboulaïd), Saïd Ould Khelifa (Zabana)... Deux films largement médiatisés mais que personne n’a vu (autre spécificité algérienne). B enfin comme Bachir Deraïs qui a du mal à trouver un réalisateur et des financements pour son projet de biopic sur Maatoub Lounès. Ce qui prouve bien qu’en Algérie, il n’y a aucune logique commerciale dans notre non-industrie du cinéma, mais juste une politique étatique et idéologique qui ne dit pas son nom. Enfin, si, pour Maatoub on a dit Non.

C comme Carax Léos, présent à Cannes avec «Holy Motors», la génération quadra dont l’adolescence a été marquée par ses premiers films («Boy meets girl», «les amants du pont neuf», etc. ont été tout aussi bouleversés que l’envoyé spécial du «Quotidien d’Oran», le film revisite les anciens films de l’ex-enfant prodige du cinéma français et distille une réflexion poétique sur la fin d’un certain cinéma sans pour autant être passéiste.

D comme dinars. L’envoyé spécial du «Quoti dien d’Oran» va être payé en dinars alors que les envoyés spéciaux du ministère de la Culture avaient des frais de missions en euros.

E comme ENTV, l’envoyée spéciale de la télé vision algérienne à Cannes n’est autre que la fille de deux «réalisateurs» algériens, tout aussi présents à Cannes, tout aussi pris en charge par le ministère de la Culture, alors qu’ils n’avaient ni film à montrer ni mission clairement affichée.          La raison de leur présence à Cannes, aux frais du contribuable algérien, nous échappe totalement. Pour l’avoir exprimé sur nos colonnes, l’envoyé spécial du Quotidien d’Oran, toujours lui !, a eu droit à un scandale public, ce fut, selon des témoins crédibles le seul moment où le pavillon algérien a vibré un peu. Du coup en guise d’excuses on retire tout ce que l’on a dit et on pousse le bouchon jusqu’à trouver scandaleux l’absence injustifiée et injuste de la grand-mère, des cousins, des beaux-frères et belles soeurs, ainsi que de toute la tribu Chouikh au festival de Cannes. Voilà c’est dit, maintenant on se calme...

F comme formidable, c’est donc le dernier film projeté dans la sélection officielle qui risque de ramasser tous les prix: «Mud» de Jeff Nichols, sous influence de Mark Twain, le film raconte la rencontre de deux enfants avec un homme sur une île du Mississipi, comme quoi ce qui fait la force d’un film ce n’est pas tant son histoire que son traitement.

G comme gorilles, bonne nouvelle: la plupart des vigiles dans les fêtes de Cannes sont arabes ou noirs ou les deux en même temps. Cela ne les empêche pas d’être bornés ou cons bien sûr, et souvent les deux à la fois.

H comme Hocine Lesnami. D’abord on croit rêver, nous sommes au bar de l’Hôtel Majestic, on voit passer Nicole Kidman puis Paris Hilton et au milieu un visage qui nous dit vaguement quelque-chose ... Mince c’est Hocine Lesnami. Que fais tu Hocine ici ? : «Je viens signer un contrat pour animer des soirées, Cannes reçoit les cheikhs du Golfe dans ses somptueux palaces de Cannes et ils adorent mes chansons. Au fait, tu sais que j’ai animé des fêtes privées avec Michael Jackson à Dubaï et dès fois pour un public de pas plus de 7 personnes, mais que des émirs hein, tu vas l’écrire dans ton journal, en Algérie on me méprise, ici je redeviens le chanteur le mieux payé du monde arabe».

J comme Je n’ai pas trop le temps pour figno ler cet article sinon je rate la seule journée ensoleillée du festival et il est hors de question de quitter Cannes sans le bronzage certifiant que oui, une fois de plus, on a été à Cannes. D’ailleurs les festivaliers ne viennent au festival que pour pouvoir ensuite dire pendant toute l’année qui suit, qu’ils ont été à Cannes.

K comme Kabyle. Il a du mal à s’exprimer en arabe, et encore moins en français...Il est berbère et surtout cinémaniaque à fond.
La rencontre la plus improbable du festival: un jeune Kabyle qui vient avec ses propres moyens montrer un court-métrage de ... science-fiction «L’encre et le monde» de Sofiane Bellali est un film que je vous recommande de voir sur internet. Accompagné de son acteur Abdelakader Salmi, le réalisateur kabyle m’a raconté aussi les aventures de son premier court-métrage retenu par un festival français: « à mon retour à Tizi, j’ai été convoqué par la police qui voulait voir mon film». J’aimerai lire le compte-rendu des flics algériens, ne serait-ce que pour faire une critique des films de Sofiane Bellali qui appartiennent à la quatrième dimension.

L comme Lampédusa. Le festival de Cannes à travers ses films, nous donne des nouvelles du monde tel qu’il va mal, mais une fois le film terminé, on s’en va aux fêtes en essayant de ne pas croiser les regards des réfugiés tunisiens qui tentent de profiter de ces fêtes luxueuses où tout est gratis.

M comme mauvaise langue. Qui a dit que Saïd Ould Khelifa a écrit le papier le plus méchant sur le film de Yousry Nassrallah in «L’Expression» parce que le film égyptien a été retenu en compétition et pas son film à lui, «Zabana» refusé d’une manière tout aussi officielle? Pas moi, pas moi...

N comme Non. C’est la réponse de tous les journalistes arabes accrédités à Cannes à la question « Etes-vous allé voir le film de BHL sur l’intervention militaire de l’Otan en Libye»

O comme Oran. On ne sait pas toujours si le Festival du cinéma arabe aura lieu cette année à Oran, mais une chose est quasi-certaine l’envoyé spécial du « Quotidien d’Oran » à Cannes ne sera pas invité.

P comme ... non, bande d’obsédés sexuels. P comme... non, bande de pervers. P comme pudique. Le couple le plus glamour du festival c’est bien entendu Tahar Rahim et Leïla Bekhti ( et pas seulement parce qu’ils sont tous les deux d’origine algérienne). Mais refusant que leur vie privée soit exploitée par les médias, les deux comédiens redoublent d’inventivité pour échapper aux paparazzis. Leur dernière trouvaille est originale, ils ont ramené avec eux une copine franchement moche, la plus moche fille de Cannes après Amira Soltane. La copine se met toujours au milieu des deux amoureux, du coup, les photographes sont dégoûtés. Génial.

Q comme «Qu’est-ce qui fait encore là celui- la?». Une remarque blessante à propos du grand Yazid Khodja venu à Cannes pour on ne sait trop quoi mais ce n’est pas une raison de dire du mal de la très ancienne génération.

R comme Rengaine, le film de Rachid Djaïdani que ce journal défend. S’il n’a pas la caméra d’or, on boycotte Cannes au moins pendant un an

S comme, service rendu

T comme Tewfik Hakem qui n’est pas un des nombreux pseudonymes d’Amira Soltane, comme on le dit de Belcourt à Bab El Oued. « Le Quotidien d’Oran » tient à cette précision

U comme URSS, le film «In the fog» académique et réussi du Biélorusse Sergei Loznika, de nationalité lituanienne, nous a rappelé les bons films de l’époque Bondartchouk URSS.

V comme Viggo Mortensen, le meilleur acteur du moment, dans le plus mauvais film de ma compétition, l’adaptation de «Sur la Route» de Kerouac par le Brésilien Walter Sales

W comme WC. Entendu dans les toilettes l’envoyé spécial de la radio bulgare en train de commenter la montée des marches. «Dehors il vente, je suis obligé de me réfugier ici». C’est tout aussi drôle que l’envoyée spéciale de la radio algérienne dire que Rachid Djaïdani est Soudanais.

X comme cinéma X. L’acteur Sébastien Barrio est très populaire chez les flics et les beurs qui l’arrêtent et le saluent dans les rues de Cannes comme si c’était Robert Pattinson himself.

Y comme Yamina Benguigui. La nouvelle ministre de Français à l’étranger et de la francophonie a fait un voyage express à Cannes. Elle en a profité pour aller voir le stand algérien et voir si l’Algérie pourrait mettre de l’argent de la production de son prochain film, car elle ne lâche rien la Yamina

Z comme Zombies. Pour des raisons d’intempéries puis des problèmes techniques, le film en 3D de Dario Argento a été déprogrammé, mais finalement pour voir des zombies, pas besoin de rentrer dans la salle, il suffit de faire les sorties de films et de voir des centaines de festivaliers aux yeux rougis par 10 jours de festival avec des tics et des boutons. Mais qu’est-ce qu’on fait ici? Vite prenons le prochain train pour la vie normale... Demain, pas de chronique, juste le palmarès qui sera connu à 19h, heure algérienne.