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Médicaments : Retrait d'agrément à des importateurs

par Moncef Wafi

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, et après avoir mis en garde, en mars dernier, les opérateurs privés qui ne respectent pas leurs engagements avec le ministère, en matière d'application du programme d'importation de médicaments 2012, vient de passer à l'acte.

Ainsi, et pour ne pas avoir respecté leurs engagements, contractés en novembre dernier, dans le cadre dudit programme, quatre opérateurs de pharmacie viennent de se voir retirer officiellement et définitivement leurs agréments pour des «défaillances tant au niveau de l'importation que du stockage», selon M. Ould Abbès qui avait fixé, au 20 avril prochain, le dernier délai pour la mise en œuvre du programme arrêté par les deux parties, le 15 novembre 2011.

Cette annonce a été faite, ce vendredi, lors d'une rencontre d'évaluation du programme d'importation 2012 avec les opérateurs de pharmacie. Ces quatre importateurs ne sont apparemment pas les seuls dans cette situation puisque d'autres ont accusé des retards dans l'application de ce programme mais ont pu bénéficier d'une rallonge dans le temps, jusqu'en mai prochain, ayant produit des arguments valables de leur retard, toujours d'après le ministre de la Santé qui estime que sur les 208 importateurs au niveau national 50 seulement, activent selon les normes.

Les médicaments qui devaient être importés par les opérateurs défaillants sont surtout «essentiels», et ne sont pas soumis au Crédoc et représentent 1% du programme d'importation alors que 619 produits seulement ont été importés sur 2.966 soit 20% des produits inscrits au programme prévisionnel arrêté par le ministère et les importateurs privés pour l'année 2012. Les conséquences de ces défaillances seront prises en charge par le ministère de tutelle puisqu'il devra acheter les médicaments inscrits au titre de la quote-part de ces opérateurs mis sur la touche.

En marge de cette rencontre, certains importateurs ont tenu à «déplorer» le retrait des quatre agréments, s'interrogeant sur les véritables raisons qui ont empêché les importateurs d'honorer leurs contrats, spéculant sur «la hausse des prix» ou «les différends avec les fournisseurs».

Pour d'autres importateurs, l'assainissement de la situation permettra de pallier définitivement à la pénurie des médicaments, rejoignant ainsi les déclarations de M. Ould Abbès qui voit, dans la libération des programmes d'importation, une «réussite» ayant permis d'éviter une nouvelle pénurie de médicaments sur le marché.

Quant aux programmes pour 2013, ils seront libérés en octobre prochain pour «pallier définitivement la pénurie de médicaments sur le marché national».

Pour leur part, les représentants d'associations de malades ont «salué» cette décision et estiment que c'est la première fois que les importateurs sont suivis.

Par ailleurs, et selon Mohamed Hacène Tiouririne, responsable à l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), le marché algérien du médicament a avoisiné les 3 milliards de dollars en 2011 qui fait que l'Algérie dépense, en médicament, 79 dollars par an et par habitant contre une moyenne mondiale estimée à 127 dollars par an et par habitant. «La taille du marché des médicaments a atteint 2,9 milliards de dollars en 2011, dont 1,85 milliard de dollars d'importation et 1,05 milliard de dollars de production locale, dont 84% reviennent au secteur privé», a précisé M. Tiouririne. Rappelons qu'en 2011, l'Algérie avait vécu une terrible et inexplicable pénurie de médicaments qui avait déchaîné les passions et mis à mal les malades. Il a fallu le début de cette année pour que le gouvernement se décide à remettre de l'ordre dans un secteur générateur de milliards de dollars. Ainsi, et en droite ligne du nouveau statut des pharmacies centrales des hôpitaux, dont la principale «révolution» reste la passation de marchés en procédure de gré à gré simple entre les PCH et les établissements de santé, dans le but évident d'éviter les ruptures de stocks, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, avait annoncé l'annulation du Crédit documentaire (Credoc) pour ce qui est des médicaments essentiels ainsi que certains équipements médicaux d'urgence. Le Credoc dénoncé, aussi bien par les opérateurs concernés que par les spécialistes en droit des affaires, et conjugué à la mauvaise gestion des programmes d'importations par le ministère de la Santé, qui délivre les autorisations requises, sans lesquelles aucune importation n'est possible, avait fait en sorte que la pénurie des médicaments batte son plein en 2011, prenant en otage des milliers de malades algériens.

A propos justement de ces autorisations, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia avait affirmé que la délivrance des autorisations d'importation des médicaments, principale raison des ruptures de stocks, a connu «quelques retards». Il a aussi relevé l'existence d'un problème de «surfacturation», entre autres, qui étaient derrière «un rythme non accéléré» de la délivrance de ces autorisations. Djamel Ould Abbès a, quant à lui, considéré que la surfacturation des médicaments importés comme hors-la-loi, indiquant qu'elle devrait atteindre les 150 millions de dollars en 2012.