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Pouvoir en Syrie?: fidèle à son patrimoine d'intrigue

par Docteur Mohieddine Amimour

Le nouveau Tsar de la Russie a tous les droits pour crier victoire et de se comporter comme un paon fier de lui-même.

C'est pour la première fois depuis la chute de l'Empire soviétique qu'un dirigeant russe puisse mettre tout le monde, y compris les Etats-Unis, à genou.

En effet, Moscou est bien responsable du piétinement de la crise syrienne.

Elle a profité de la situation pour récupérer son prestige international, perdu la chute du mur de Berlin, au prix de dizaine de millier de morts. Le président Assad n'a aucun mérite, bien que, à première vue, il a réussi à faire marcher presque tout le monde, grâce au soutien absolu de l'ancien numéro deux mondial.

Certes, le régime syrien a très bien manœuvré, mais cette habilité ne date pas d'hier. Les dirigeants du Damas se sont montrés plus machiavélique que Machiavel lui-même, étant les héritiers du régime le plus machiavélique de l'histoire du monde arabo-musulman, c'est-à-dire, la Dynastie des Oumaiades de Mouaouia Ibn Abi Soufiane.

Par la ruse de Amr Ibnoulâass, ils ont volé l'Islam et abattu son 4ème Khalife, cousin du Prophète Mohamed (et non. Mahomet SVP) Ali Ibn Abi Taleb.

Mouaouia a manœuvré pour que son fils, Yazid, le succède, exemple suivi par Hafiz El Assad, qui a préparé son fils pour sa succession.

Bechar n'avait pas le droit constitutionnel de succéder à son père, vu qu'il avait moins de 40 ans, mais la constitution a été modifiée en moins d'un quart d'heure par l'assemblée du peuple, dont tout les membres étaient triés sur le volet par l'héritier du Mouaouia, qui avait arraché le pouvoir après avoir liquidé, en 1970 les dirigeants syriens, anciens moudjahidine de la révolution algérienne, Alatassi, Makhos et Zouein, et devenu Président depuis trente ans.

Les visés hégémoniques de la direction du Parti Baâthe est vieille de plus d'un demi-siècle. Après avoir manipulé en 1961 la dislocation de l'unité avec l'Egypte, presque improvisée en 1958, le régime Ba'ath a concentré tous ces efforts pour émasculer un des grands pays du monde arabe.

Il a profité de la disparition précoce du président égyptien Nasser, une disparition qui était, en partie, le résultat des manœuvres ba'athistes en septembre 1961, mais surtout en mai 1967.

La direction syrienne, avec la complicité de l'URSS, avait prétendu qu'Israël a mobilisé 12 bataillons à ses frontières avec la Syrie pour envahir Damas et faire chuter son pouvoir ? «pan arabe» et «avant-gardiste».

C'était un mensonge visant à provoquer Nasser, en l'accusant alors qu'il se cache derrière les casques bleus de l'ONU pour ne pas courir au secours du frère syrien.

Faut-il rappeler qu'en 1967, le régime syrien a annoncé, dans les premiers jours de la guerre, la chute du Golan syrien entre les mains des israéliens, alors que l'envahisseur n'avait pas encore achevé l'occupation de la région, qui devient, depuis, la zone la plus calme de l'ensemble des frontières sionistes.

Le président égyptien tombe dans le piège, et c'est la défaite lamentable de l'armée égyptienne. Le choc d'une débâcle inattendue a provoqué dans quelques mois le décès du « Rais », suite à une atteinte diabétique compliquée par une série de crises cardiaques.

La suite de l'événement au moyen orient montre que le seul souci des dirigeants de Damas était le pouvoir, personnel et sectaire. Ils ont procédé à l'exclusion, par tous les moyens, de leurs adversaires politiques, même qu'ils soient de la même doctrine politique.

Cela explique l'animosité fratricide contre le régime de l'Iraq, bien que la Syrie se réclame de la même idéologie.

Damas a osé marginaliser, puis exclure, le théoricien du baathe, Michèle AFLAK, qui a fuit la Syrie, sa terre natale, pour l'Iraq de Saddam Hussein.

Plus tard, la Syrie du Hafiz El Assad était une des chevilles ouvrières pour la liquidation du régime du Saddam, en contre partie de laisser à Damas les mains libres au Liban, plus quelques avantages financiers, sans oublier le calme maintenu sur ses frontières avec Tel Aviv

La bénédiction des américains, voire même les Israéliens, était un secret du polichinelle, cela est confirmé par la déclaration de Rami Makhlouf, beau-frère de Béchar, disant que c'est «la stabilité de la Syrie qui garanti la paix en Israël».

Ce qu'a fait Hafez pour préparer sa succession donne la réponse à la question pertinente suivante : comment le régime n'a pas connu, depuis la révolte populaire de l'année passée, une fuite des cadres éminents, diplomates illustres et officiers supérieurs, à l'instar de la Libye de Mou'âmr El Gueddafi après février 2011.

LA REPONSE EST TRES SIMPLE

Au cours de trois décades de son règne, le chef de l'état syrien a consacré ses efforts pour remodeler l'état à sa taille.

Il a formé une police politique d'une férocité inouïe, le système de l'information était cadencé, le parti, le secteur financier et le corps diplomatique étaient chasse gardée pour les fidèles.

Il a instauré un système sécuritaire multiple et très compliqué, encadré essentiellement par les adeptes de sa secte alaouite, une branche fermée de Chiite.

Cela explique le soutien absolu de l'Iran chiite, et en partie, du régime irakien, à Bechar El Assad.

La secte alaouite était, en Syrie du moyen age, le berceau des Assassins (El Hachachine) de El Hassan Assabbaah, qui étaient en quelque sort, les ancêtres des dirigeants syriens actuels.

La secte alaouite, qui constitue 11% de la population, maîtrise l'armée syrienne, notamment ses postes de commande et ses verrues sécuritaires.

Le patrimoine historique d'intrigue et l'arsenal de ruses bien assimilés par le régime syrien lui a permit de faire marcher presque tout le monde et de survivre aux pièges et aux secousses qu'a vécu le monde arabe.

Moscou soutienne Bachar parce que c'est le seul allié qu'il lui reste dans la région, et qui lui a garanti la présence effective dans la Méditerranée, grâce à la base navale de Tartous, et les facilités à Latakieh. Plus encore, Damas est le seul client au moyen orient de l'armement russe, et une carte très utile pour Moscou dans son jeu politique dans la région.

On peut prétendre que les cris des manifestants contre Bechar ont été modifiés par un montage au niveau de certaines chaînes de télévision.

Mais la marée des drapeaux de l'indépendance, avec sa bande verte, hissé par les manifestations ne peu pas être fabriqué même par Hollywood.

Al Assad est fini, si ce n'est pas demain ça serait pour l'après demain ou le jour d'après. Mais ça ne sera pas grâce à Kofi Annan, qui va découvrir après le 10 avril qu'il a été dupé.