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Exportations hors hydrocarbures: Une industrie à revoir

par Yazid Alilat

Timidement mais sûrement, les officiels algériens reconnaissent que dans le secteur économique, plus particulièrement dans l'industrie, beaucoup de choses doivent être revues. Ceci est plus particulièrement vrai quand il s'agit de la très faible proportion des exportations algériennes issues de secteurs autres que les hydrocarbures. Car, avec moins d'un milliard de dollars d'exportations en moyenne depuis une décennie, l'Algérie est le pays maghrébin qui exporte le moins en dehors des hydrocarbures, qui constituent 97% des exportations nationales.

Le constat est alarmant et c'est le ministre de l'Industrie, M. Mohamed Benmeradi, qui l'affirme en estimant que l'Algérie doit ?'repenser la logique de fonctionnement et de développement» de son industrie face à un contexte international stressant pour l'économie nationale. «Le contexte mondial nous oblige à repenser la logique de fonctionnement et de développement de notre industrie pour faire face aux défis que nous impose la situation économique internationale», a-t-il souligné lors du lancement d'un programme algéro-onusien pour la création de consortiums d'exportation dans les industries agroalimentaires. Selon M. Benmeradi, les enjeux sont d'abord d'ordre industriel, ce qui équivaut à la nécessité de mettre à niveau les entreprises nationales sur le plan technologique et d'améliorer concrètement leur accès aux marchés internationaux. L'encouragement à la création de consortiums spécialisés dans l'exportation est en fait le fruit d'un terrible constat que dresse le ministre de l'Industrie: ?'Malgré tous les efforts consentis par l'Etat depuis plus d'une décennie et toutes les facilitations mises en place pour encourager les exportations, le constat reste amer et continue de nous interpeller sur la part des hydrocarbures qui représente 77% des recettes fiscales et 97% des exportations». Il ajoute que ?'la promotion des importations ne peut être conçue uniquement comme une grappe de mesures d'incitation à cratère commercial ou financier». Encourageant la mise en place de réseaux et de consortiums orientés vers l'exportation, il estime que ?'le réseautage et la mutualisation des ressources entre les entreprises est une tendance universelle qui contribue à l'amélioration de la compétitivité des entreprises et de l'économie en général». Le programme de mise en oeuvre de consortiums dans les industries agroalimentaires, financé à hauteur de 450.000 euros par l'ambassade de France, est important pour améliorer la part du secteur dans les exportations hors hydrocarbures. Le secteur des industries agroalimentaires contribue à hauteur de 33% à la valeur ajoutée et à 45% au chiffre d'affaires de la production industrielle nationale. Ce programme, concocté avec l'ONUDI, doit encourager la création en Algérie d'au moins trois grands consortiums d'exportation dans les industries agroalimentaires à l'horizon 2013. La première année de ce nouveau dispositif sera consacrée à la sensibilisation des entreprises nationales publiques et privées sur les avantages offerts par l'adhésion aux consortiums notamment en matière de conquête des marchés étrangers et d'exportations des produits et services. «La première année sera consacrée à réunir les conditions nécessaires à l'émergence des consortiums», a expliqué le directeur de l'Intelligence économique au ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Bacha. Des rencontres seront ainsi animées par des experts de l'ONUDI pour inciter les opérateurs économiques à adhérer à un réseau en vue d'augmenter leurs chances d'exporter leurs produits et de les faire connaître à l'étranger. Financé par l'ambassade de France en Algérie à 450.000 euros, le programme cible en premier lieu les entreprises moyennes disposant d'un potentiel et de parts de marché.