Si l'on croit les propos optimistes de Christoph J. Partch,
représentant officiel en Algérie de Desertec, les
problèmes soulevés par Alger et surtout ses exigences ont été réglés. En effet,
dans une déclaration à l'APS, celui qui est également directeur général de la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie a affirmé que
le projet «avance bien en Algérie» à l'ombre du mémorandum d'entente signé le 9
décembre dernier à Bruxelles entre Sonelgaz et
l'entreprise allemande Desertec initiative (Dii). Ce mémorandum porte sur le renforcement des échanges
d'expertise technique et la promotion commune du développement des énergies
renouvelables en Algérie et à l'international. Et pour illustrer cette bonne
entente, M. Partch a annoncé que les Allemands
veulent que la prochaine assemblée générale du projet Desertec
se tienne en Algérie, la dernière s'étant tenue au Caire en décembre 2011. Derrière
cette proposition, le vœu de l'Allemagne de souligner la place occupée par
l'Algérie dans la promotion du projet, histoire de l'inciter à s'impliquer
davantage. «J'aimerais bien que les initiateurs de Desertec
soient soutenus par les responsables algériens», précisera-t-il. Cette «lune de
miel» est loin des premières réactions officielles de l'Algérie puisque, interrogé
en juin 2011, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef
Yousfi, avait réitéré ses déclarations du 19 mai
dernier, lors de sa rencontre, à Alger, avec le PDG de Desertec
Industrial Initiative, Paul Van Son, insistant sur
l'exigence de l'Algérie à sa «participation à l'investissement dans les
équipements d'énergie solaire en Algérie, que ce soit pour le marché national
ou pour l'exportation». Le ministre avait également souligné la disponibilité
d'Alger à fonder avec les initiateurs du projet un partenariat à long terme
intégrant impérativement la fabrication des équipements industriels en Algérie,
la réalisation de futures centrales solaires, la formation et la recherche
développement avec les centres de recherches et laboratoires algériens. L'autre
exigence de la partie algérienne étant l'accès aux marchés extérieurs pour
l'exportation de l'électricité. Sur ce dernier point, le ministre avait précisé
que «l'Europe a une loi qui ne lui permet pas jusqu'à l'heure d'ouvrir son
marché», en soutenant que cet aspect du contrat devra être une condition sine
qua non de l'adhésion de l'Algérie dans le projet Desertec.
Selon M. Partch, l'Algérie veut être en amont de
toute la chaîne de l'industrie des énergies renouvelables, notamment la
production des cellules photovoltaïques et des équipements nécessaires, avant
de construire la première station solaire thermique, ce qui peut «retarder la
réalisation de Desertec», d'après lui, estimant que
l'Algérie a besoin de multiplier les centrales solaires, avec des technologies
différentes, afin d'essayer et puis choisir la technologie adéquate.
Rappelons que certaines centrales solaires construites dans le cadre du
projet Desertec sont en fait hybrides et sont prévues
pour produire presque toute leur électricité en brûlant du gaz, la production
d'origine solaire se réduisant à la portion congrue. Ainsi et par exemple, le
projet de centrale solaire «Hassi R'Mel» en Algérie devrait produire 97 % de son électricité à
partir de gaz, et «Ain Beni Matar» au Maroc, 99 %. Revenant
sur les difficultés premières et les «malentendus», le représentant allemand
les a imputés «aux fautes» commises par Dii qui a
«mal présenté au début le projet à la partie algérienne». Basé en Allemagne, Dii compte 56 partenaires issus de 15 pays. Desertec vise à répondre à la fois aux besoins des pays
producteurs de la région Mena et à fournir 15% dans un premier temps de
l'électricité nécessaire à l'Europe. Né en 2003, Desertec
prévoit l'exploitation de l'énorme potentiel énergétique des déserts pour
arroser durablement en énergie électrique toutes les régions du monde.