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L'ambassadeur de Turquie au « Le Quotidien d'Oran  » : L'Algérie, le «génocide» arménien et les affaires

par Ghania Oukazi

«L'histoire de la guerre d'Algérie appartient à l'histoire du monde.» «La Turquie officielle a présenté, en 1985, ses excuses à l'Algérie officielle à propos du fameux vote aux Nations unies.» Dans cette interview, l'ambassadeur de la Turquie en Algérie recentre historiquement et politiquement ces actes et bien d'autres, tout aussi importants.

Le Quotidien d'Oran : le parlement français vient d'adopter une loi condamnant ce qu'il appelle le génocide des Arméniens par l'empire Ottoman. Y aurait-il eu génocide ?

Ahmet Necati Bigali : Pas du tout. Ce sont des allégations. Au temps de la Première Guerre mondiale, l'Etat ottoman était attaqué sur plusieurs fronts. L'un de ces fronts était la partie-est de ses territoires où des forces étrangères, la Russie entre autres, ont distribué des armes aux Arméniens. Les Arméniens ont collaboré avec les Russes, ont pris les armes et ont commencé à attaquer des villages ottomans. D'ailleurs, nous avons de nombreux cimetières à l'est de la Turquie où sont enterrés les Turcs tués par les Arméniens. Devant ces attaques, l'administration ottomane se devait de prendre des mesures. Elle a décidé de déporter les populations arméniennes vers la Syrie. Pendant cette marche forcée des Arméniens, donc de l'est de la Turquie vers le sud, des maladies se sont déclarées, il y a eu des décès et aussi des affrontements violents entre Ottomans et Arméniens. Il y a eu des tueries de part et d'autres, des tueries mutuelles. Mais il n'y a jamais eu de génocide. Parce qu'un génocide, c'est éliminer des êtres humains à cause de leur appartenance à une race, une communauté ou une religion. Ce qui n'a pas été le cas des Arméniens au temps des Ottomans. Nos archives sont ouvertes depuis plusieurs années et beaucoup d'historiens turcs ou étrangers ne sont jamais arrivés à la conclusion que c'était un génocide. Il y a même des historiens américains et européens qui ont été affirmatifs, en disant qu'il n'y a pas eu de génocide.

Q.O.: La Turquie reconnaît-elle aujourd'hui qu'il y a eu déportation de populations arméniennes vers la Syrie. Admet-elle qu'il y a eu faute de l'empire Ottoman vis-à-vis des Arméniens ?

A.N.B.: L'Etat ottoman était obligé de prendre une décision parce que les Arméniens attaquaient les populations turques. Un Etat se doit de prendre des décisions pour arrêter le massacre de ses populations. Nos archives sont ouvertes à tout le monde. Il y a beaucoup de recherches qui ont été faites sur ce sujet.

Q.O.: Ces travaux sont-ils disponibles dans des bibliothèques ?

A.N.B.: Bien sûr. Il y a par exemple le travail de Justin Mac Cartey, un historien américain connu et il y en a encore d'autres mais aucun n'a dit qu'il y a eu génocide. Il y a 5 ou 6 ans, notre gouvernement a proposé au gouvernement arménien de créer une commission mixte composée d'historiens des deux parties et même qu'elle pouvait être ouverte à des historiens d'autres pays, pour faire des recherches sur ces allégations. Mais le gouvernement arménien ne nous a jamais répondu. Notre proposition est toujours sur la table. Elle est toujours valable. Nous leur disons à eux et au monde entier de venir consulter nos archives, de constituer des commissions de travail pour élucider cette question. Je rappelle qu'aucune cour ou instance internationale n'a reconnu qu'il y a eu génocide d'Arméniens. J'attire ici l'attention de la presse algérienne que je regrette qu'elle utilise le terme «génocide» parce qu'il n'y a jamais eu de génocide. C'est juste une propagande des Arméniens que les autorités françaises relayent. Prouver qu'il a eu génocide, ce n'est pas le rôle des politiques ni des parlements mais c'est le rôle des historiens.

Q.O.: Il y a des écrits, y compris algériens, qui affirment que l'empire ottoman n'a pas cohabité avec des populations musulmanes et arabes du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord mais les a colonisés. Partageriez-vous ces affirmations ?

A.N.B.: Pas du tout parce que les Ottomans sont arrivés en Algérie au début du 16ème siècle à l'appel de nos amis algériens. Les populations algériennes étaient en proie aux attaques espagnoles. C'est d'ailleurs ce qui m'a été confirmé, au plus haut niveau, ici en Algérie. Les responsables algériens de l'époque ont appelé les Ottomans pour les aider à protéger les populations contre les attaques de pirates espagnols. La Porte Sublime a alors envoyée Barberousse Khair-Eddine. Il n'y a donc pas eu de colonisation ottomane de l'Algérie. D'ailleurs, si elle a eu lieu, les Turcs auraient obligé les populations algériennes à se séparer de leur langue ou de leurs traditions. Ce qui n'a pas été le cas. L'on remarque par exemple que la langue turque n'existe pas en Algérie contrairement au français qui est utilisé par pratiquement l'ensemble de la société algérienne.

Q.O.: Malgré tous les avertissements du gouvernement turc aux responsables français, l'Assemblée française a, quand même, adopté une loi sur le génocide arménien. Pourquoi ?

Je pense que le premier motif de cette adoption est électoraliste. Le président Sarkozy veut jouer sur les voix arméniennes en France.

Q.O.: sont-elles nombreuses ?

A.N.B.: D'après les informations que nous avons, il y a en France 550.000 Arméniens. Mais la communauté turque en France est pratiquement du même nombre. Je ne crois pas, cependant, que c'est le seul motif. Quand il a visité, à l'autonome passé, l'Arménie, M. Sarkozy a promis qu'il allait faire voter cette loi par l'Assemblée. Au-delà, je crois que le président français a malheureusement des desseins contre la Turquie et à une échelle plus grande. Je ne voudrai pas rentrer dans les détails mais je crois qu'il n'est pas content du poids qu'a la Turquie dans la région.

Q.O.: Ces pressions ne seraient-elles pas pour empêcher la Turquie de s'affirmer en tant que leader, à la tête du monde arabo-musulman, comme elle a toujours voulu le faire ?

A.N.B.: Peut-être que la France pense à cela. Mais la Turquie ne cherche pas à être le leader de la région ou du monde arabo-musulman. Nous voulons seulement que cette partie du monde ne souffre plus d'injustices et d'inégalités. Nous voulons la paix, la coopération, l'entre-aide économique avec le Moyen-Orient et les pays arabes et musulmans. Nous ne voulons pas qu'il y ait des acteurs néocolonialistes qui projettent des plans sur ces régions.

Q.O.: Penseriez-vous qu'il existe des plans à l'encontre de ces régions ?

A.N.B.: Oui. Les grandes puissances prennent toujours en considération leurs profits et leurs intérêts en premier. Nous avons vu l'invasion de l'Irak. Nous tenons à dire que les questions et les problèmes qui surgissent dans cette région doivent être réglés par les peuples eux-mêmes de ces régions. Il y a la question palestinienne qui est d'une injustice flagrante qui dure depuis plus de 60 ans?

Q.O.: Avant d'aborder cette question, vous avez écrit dans le communiqué que vous avez envoyé aux rédactions, je cite «les milieux qui considèrent comme excessives les réactions de la Turquie à ce sujet (loi condamnant la négation du génocide arménien), n'ont pas pu en saisir le fond. Pourriez-vous nous préciser le fond de ce sujet ?

A.N.B.: Nous considérons que c'est une atteinte à l'histoire de notre pays. C'est une loi qui se base sur des allégations. C'est une distorsion de l'histoire. C'est une loi basée sur une propagande des cercles arméniens. Je crois que c'est aussi une occasion pour M. Sarkozy pour attaquer la Turquie et tenter de l'affaiblir. A ce qu'on sache, les parlements ne sont pas des tribunaux. Il y a donc un fait avéré, une arrière-pensée politique incontestable derrière le vote de cette loi par laquelle la France se permet d'établir des peines de prison et de paiements d'amendes contre toute remise en cause de son contenu. C'est une loi raciste et discriminatoire. C'est une loi contraire à la liberté d'expression. Plusieurs de mes collègues ambassadeurs européens, ici à Alger, me disent que cette loi est contraire aux valeurs et principes européens, contraire aux valeurs de l'Union européenne.

Q.O.: La Turquie entretient-elle des relations avec l'Arménie de quelque nature qu'elles soient ?

A.N.B.: Nous n'avons pas de relations diplomatiques entre nous. L'Arménie nous demande d'établir des relations avec elle et d'ouvrir les frontières qui sont fermées. Seulement, il faut savoir que dans la Constitution arménienne, il y a des dispositions qui remettent en cause l'intégrité territoriale de la Turquie. Nous avons par ailleurs, une amitié très étroite et de longue date avec l'Azerbaïdjan. 25% des territoires de l'Azerbaïdjan sont occupés aujourd'hui par les Arméniens, notamment le Haut Karabakh. Et tant que l'Arménie ne met pas fin à cette occupation illégale et contraire au droit international, il est difficile, il est même impossible que les relations entre la Turquie et l'Arménie se normalisent. Il y a trois ans, les deux ministres des Affaires étrangères de la Turquie et de l'Arménie ont signé, en Suisse, deux protocoles d'accord pour normaliser les relations entre les deux pays. Mais la partie arménienne n'a pas approuvés ces accords. La Turquie non plus ne l'a pas fait d'ailleurs.

Q.O.: Le Premier ministre turc prévient la France des conséquences désastreuses, au cas où Sarkozy signe la loi adoptée par le parlement français. Quelles formes prendraient ces conséquences à votre avis ?

A.N.B.: Le président Sarkozy devra signer cette loi dans une dizaine de jours. Quand l'Assemblée avait adoptée la loi, nous avons prévenu des conséquences politiques, militaires, et même d'une réduction de notre représentation diplomatique en France. Il y a des députés et des sénateurs français qui s'activent pour recueillir des signatures pour s'opposer à cette loi. S'ils recueillent 60 signatures, ils peuvent dans un délai d'un mois, présenter un recours devant le Conseil Constitutionnel pour la faire annuler. Nous attendrons donc le résultat de ce recours. Si avec ça, cette loi devient définitive, nous allons alors lancer la deuxième étape de nos mesures. Il est possible entre autres, que la représentation de la Turquie en France passerait à un chargé d'affaires. Mais il y aura, j'en suis sûr, d'autres mesures, militaires et économiques comprises.

Q.O.: Vos échanges avec la France sont-ils importants ?

A.N.B.: Près de dix milliards de dollars pour des échanges de toutes sortes de biens et services. Nous avons Renault en Turquie. La France est le 6ème grand investisseur en Turquie. Il y a d'importants investissements français en Turquie. Mais je ne crois pas que ces investissements vont être touchés parce qu'ils sont en général des secteurs privés.

Q.O.: Ne pensez-vous pas que la France et les Etats-Unis tentent, pour la première, de faire tomber la Turquie et pour les seconds, de faire tomber l'Iran parce que tous deux se bousculent pour parrainer le monde arabo-musulman?

A.N.B.: Encore une fois, je souligne que la Turquie ne cherche pas à exercer son leadership sur la région. Nous entretenons de bonnes relations avec l'Iran. C'est un pays voisin avec lequel nous avons des frontières communes. Depuis plus de quatre siècles, la frontière turco-iranienne n'a pas été changée. Nous voulons que la question iranienne sur le nucléaire se résolve par des moyens pacifiques et diplomatiques. Nous sommes contre évidemment l'utilisation par l'Iran du nucléaire à des fins militaires. Nous croyons cependant, que tous les pays sont libres d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins civiles, pacifiques.

Q.O.: Pourquoi la Turquie a-t-elle actuellement des problèmes avec l'Irak ?

A.N.B.: Parce que nous croyons qu'en Irak tout autant qu'en Syrie d'ailleurs, il pourrait avoir des dangers de conflits d'ordre confessionnel?

Q.O.: Mais c'est déjà le cas en Irak ?

A.N.B.: Oui, malheureusement. Nous ne voulons pas que les différentes confessions s'affrontent, c'est très dangereux pour la région. Il y a beaucoup de confessions, de nombreux et différents rites de la religion musulmane dans notre région. Ce serait très dangereux de les envenimer. Nous demandons toujours à nos amis irakiens de faire attention à ce problème et de ne pas utiliser ces points de discorde entre les musulmans.

Q.O.: Vous avez évoqué plus haut, la question palestinienne. On sait que la Turquie est membre de l'OTAN, veut être membre de l'Union européenne et entretient des relations très étroites avec Israël. Mais d'un autre côté dénonce et condamne la colonisation de la Palestine. Ne jouerait-elle pas double jeu ?

A.N.B.: Non. Nous sommes devenus membre de l'Otan depuis 1952. C'était une décision stratégique de la Turquie. Nous ne voulons en aucun cas, nous immiscer dans la politique interne d'un quelconque pays. Il y a d'ailleurs beaucoup de pays européens qui sont membres de l'OTAN mais qui aussi considèrent que la question palestinienne est une grande injustice. L'Etat hébreu n'est pas respectueux du droit international. L'Etat juif est devenu une source d'instabilité dans la région. Surtout après l'attaque de la flottille, en mai 2010. Nous avons des conditions pour les normaliser et exigeons qu'elles soient protégées par le droit international. Depuis des décennies, Israël fait des politiques contre le droit international. En premier, son occupation de la Palestine puisque dans le droit international, on parle de «territoires occupés.» Cette occupation doit cesser et Israël doit se retirer aux frontières de 1967. Israël doit obéir au droit international.

Q.O.: Le Premier ministre turc a menacé la France de représailles politiques mais vous n'avez jamais menacé Israël de quoi que ce soit ? Pourrions-nous savoir pourquoi ?

A.N.B.: Nous n'avons plus de relations diplomatiques avec Israël. Il y a peut-être quelques échanges commerciaux privés qui existent mais du point de vue politique et militaire, il n'y a plus rien entre nous.

Q.O.: La présence de la Turquie au sein de l'OTAN aux côtés de pays colonisateurs et sa défense des peuples colonisés comme le peuple palestinien répondrait à quelle logique politique ?

A.N.B.: En 2003, notre parlement a rejeté la demande des Américains d'intervenir en Irak. La Turquie n'adhère jamais à des décisions illégales du point de vue international.

Q.O.: Mais vous êtes toujours membre de l'OTAN qui, pour notamment ce côté-là de la Méditerranée, est une machine de guerre?

A.N.B.: Je tiens à rappeler qu'en Libye, nous n'avons pas participé aux attaques menées par l'OTAN. Il est clair que notre adhésion à l'OTAN est un choix stratégique.

Q.O.: Des milieux politiques et universitaires ont reproché au Premier ministre turc d'utiliser le génocide algérien perpétré par la France durant la colonisation juste pour défendre ses intérêts. Les politiques turcs ont-ils fait référence dans d'autres circonstances aux atrocités de la France coloniale en Algérie ?

A. N. B: Nous avons toujours évoqué les massacres de la France en Algérie. Je profite pour dire qu'il faut faire des recherches dans le cadre du droit international pour démontrer que ces massacres ont été un véritable génocide.

Les nombreux massacres comme les tueries du 8 mai 1945 ou les enfumades du Dahra et bien d'autres tout autant tragiques, font certes partie de l'histoire de l'Algérie mais ils font aussi partie de l'histoire de la France, de l'historie du continent africain et de l'histoire de l'ensemble de l'Humanité. A grande échelle, ils font ainsi partie de l'histoire du monde.

Le Premier ministre, M Ordogan, en les évoquant, a fait référence à un fait de l'histoire universelle. Il a tenu à rappeler à la France ces crimes avant qu'elle ne se permette d'accuser d'autres pays. Le Premier ministre turc a aussi évoqué le massacre des Tutsi au Rwanda. Il relève aussi de l'histoire universelle.

En Algérie, on évoque aussi ce fameux vote aux Nations unies, dans les années 50 début des années 60. C'est une grande erreur de la Turquie. Nous avons accepté de le reconnaître en tant que telle. Je rappelle, et c'est très important de le faire, qu'en 1985, le Premier ministre turc, Turgut Ozal, a effectué une visite en Algérie et s'est excusé officiellement, verbalement et par un écrit au nom du gouvernement turc pour avoir commis cette grande erreur.

A partir de cette date, c'est-à-dire 1985, les officiels algériens et les officiels turcs ne parlent plus de cette question. C'est fini. C'est terminé puisque des excuses officielles des responsables turcs ont été faites aux responsables algériens, en Algérie.

Q.O.: Pourquoi dans ce cas, des politiques algériens (le Premier ministre) vous reprochent-ils ce vote aujourd'hui? Le chapitre des excuses officielles de la Turquie n'aurait-il pas été consigné dans l'histoire qui lie les deux pays ?

A. N. B: Si, il est inscrit dans les annales de notre histoire commune. Mais je ne sais pas pourquoi on en reparle.

Q.O.: Comment se portent les relations algéro-turques ?

A. N. B: Bien. Nous avons de bonnes relations. Cette année, on prévoit différentes visites turques de haut niveau en Algérie. Je n'aimerai pas en parler aujourd'hui. Il y a les instances mixtes qui se réunissent régulièrement aussi.

Q.O.: La capitale turque, Ankara, décide de rendre hommage aux martyrs algériens de la guerre de Libération nationale. Est-ce que c'est juste pour titiller la France ou alors pour célébrer le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie ?

A. N. B: Le deux à la fois. Ankara prévoit un certain nombre de festivités à cette occasion. Il est possible qu'on programme d'autres festivités à Istanbul, à cette occasion. Le 5 Juillet est encore loin.

Q.O.: Quel est le niveau du volume des échanges entre l'Algérie et la Turquie ?

A. N. B: Il est de 4 milliards de dollars actuellement. Nous payons chaque année entre 1 et 1,5 milliard de dollars à l'Algérie pour l'achat du gaz naturel liquéfié. Nous voulons signer depuis longtemps avec l'Algérie un accord de libre échange mais nos amis algériens nous ont dit qu'on pourrait engager des pourparlers sur cet accord après l'entrée de l'Algérie à l'OMC.

Q.O.: Les observateurs ont l'impression qu'entre l'Algérie et la Turquie, il y a plus des échanges commerciaux informels que formels?

A. N. B : On ne peut pas empêcher des personnes de faire des achats en Turquie. Malheureusement, c'est à cause de ce commerce informel dont on n'est pas responsable, que les demandes de la Turkish Airlines d'augmenter le nombre de ses vols à partir d'Alger et d'ouvrir de nouvelles liaisons à partir d'Oran et de Constantine, n'ont pas été acceptées par l'Algérie. Nous voulons augmenter les vols de la compagnie turque parce que nous constatons qu'il y a une forte demande algérienne.

En 2011, nous avons délivré à Alger 75.000 visas turcs alors qu'en 2010, les visas étaient au nombre de 55.000. Ce refus pénalise les touristes algériens vers la Turquie. La compagnie turque a pour l'instant un seul vol quotidien à partir d'Alger vers Istanbul. Elle veut en effectuer deux et même trois par jour.

Q.O.: Comment expliquez-vous cette brusque augmentation du nombre des visas turcs? C'est parce qu'il y a eu des troubles en Tunisie ?

A. N. B: Peut-être. Mais la progression du nombre des visas est observée chaque année en raison du nombre croissant des demandeurs algériens.

Q.O.: Y aurait-il des investissements turcs en Algérie ?

A. N. B: Nous avons des investissements privés en Algérie, un par exemple pour les produits de nettoyage. Il y a une usine turque de montage de réfrigérateurs qui est installée à Alger.

Nous procédons actuellement à une première en Algérie. Nous avons un grand investissement qui se concrétise ces jours-ci à Oran, pour un montant de 500 millions de dollars. C'est une aciérie que met en place TOSYALI, une holding turque créée il y a 5 ans de cela. L'usine rentrera en fonction dans une année.

Q.O.: Vous comptez concurrencer Arcelormital ?

A. N. B: Oui, peut-être, pourquoi pas?

Q.O.: Vous avez remarqué que le feuilleton turc a quelque peu détrôné le feuilleton égyptien ? Comment expliquez-vous ce subit changement de choix des Algériens et du monde arabe en général?

A. N. B: Les peuples arabes, le peuple algérien inclus, se retrouvent dans les feuilletons turcs. Ils retrouvent des vérités d'eux-mêmes, de leur vie quotidienne, leurs traditions, leurs valeurs et bien d'autres choses. Ces feuilletons racontent des histoires turques mais s'adressent aussi aux Arabes dans beaucoup de leurs aspects.

Q.O.: Vous concevez alors que l'empire Ottoman a bien laissé de grandes traces en Algérie ?

A. N. B: (Rires). L'histoire est là mais on ne ressuscite pas les empires? (Rires).