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Fanon, Abane: une rencontre brève et intense dans le tourbillon de la révolution algérienne*

par Bélaïd Abane**

1ère partie : la rencontre

Outre ce mois de décembre qui les verra disparaître l'un et l'autre à 4 ans d'intervalle, Abane l'Algérien et Fanon le Martiniquais partagent bien d'autres points communs. D'origine sociale modeste, même s'ils n'ont connu, ni l'un ni l'autre, la pauvreté, l'enfant d'Azouza et celui de Fort-de-France, furent chacun à sa façon des meneurs et des adolescents intrépides.

Très précocement conscients de leur condition de «damnés de la terre», ils s'engageront et atteindront tous deux la consécration : politique pour l'un, qui parviendra au sommet du Front de libération nationale pour en être durant deux années décisives, le numéro 1. Intellectuelle pour l'autre, reconnu comme l'un des plus brillants penseurs de sa génération, dont les idées inspireront les révolutionnaires et les leaders politiques du Tiers-Monde.

Autre trait de caractère, commun au révolutionnaire et à l'intellectuel : le rejet de tout compromis avec l'ordre dominateur qu'il soit racial ou colonial, le refus des voies secondaires et des idées en demi- teinte. Un caractère entier partagé, qui a sans doute inspiré le dramaturge, lequel eut l'heureuse idée de les réunir au théâtre, déroulant «deux histoires individuelles happées par la grande Histoire et la faisant tout à la fois, deux vies prodigieusement denses, deux humains simplement humains?qui assumeront jusqu'au bout la posture que leur a assignée cette irrépressible force intérieure que d'aucuns nomment le Destin» (Benyoucef, 2003).

Fanon, comme Abane, eut une vie écourtée. À un peu plus de 37 ans pour le second, du fait de la félonie et de la perfidie de ses frères de combat. Le second suivra quatre ans plus tard. La leucémie, une maladie insidieuse et sournoise, aura raison de sa résistance et de sa volonté d'aller jusqu'au bout de ses idées et de son destin, à un peu plus de 36 ans. Les deux hommes voués corps et âme pour la libération de l'Algérie ne verront pas cette indépendance à laquelle ils auront tant contribué, chacun à sa façon.

Abane et Fanon ont aussi en commun d'être tous deux des produits de l'histoire tourmentée de leur époque, de l'histoire de l'Algérie et de celle du Tiers-Monde. Produit certes, mais rares sont ceux qui auront marqué autant de leur courte existence la lutte de libération algérienne pour l'un et la pensée révolutionnaire tiers-mondiste pour l'autre. Aussi ne laissèrent-ils personne indifférent. Mohamed El Mili membre de l'équipe rédactionnelle d'El Moudjahid à Tunis, qui a bien connu les deux hommes, est béat d'admiration, n'hésitant pas à déclarer (La Nouvelle République 15 09 2004) : «Durant toute la guerre de libération, je n'ai pas connu de militants aussi sincères que Frantz Fanon et Abane Ramdane, notre chef. Comme je dois dire que j'ai retrouvé certaines idées de Abane dans Les Damnés de la terre (LDDLT, ci-après). Il faut reconnaître que ce dernier avait toujours prôné un combat tiers-mondiste et ce, bien avant l'heure.»

Revoyons la concaténation des faits qui a abouti à la rencontre brève et intense de ces deux hommes au destin peu commun, que furent Fanon et Abane.

Alors qu'il exerçait comme secrétaire adjoint de commune mixte, Abane rompt avec l'ordre colonial pour se consacrer à l'activisme militant. C'était quelques temps après le massacre de Sétif du 8 mai 1945.

Dix ans plus tard, Fanon décide, devant l'insoutenable réalité algérienne, de rompre avec le système médical colonial. Il démissionne et renonce à son poste de médecin-chef du service psychiatrique de Blida-Joinville et à un statut social des plus enviables. Pourtant, il n'était ni Algérien, ni musulman. On peut même dire que, n'était-ce sa peau noire, Fanon était plutôt du bon côté de la barrière, comme cet autre médecin, Ernesto Che Guevara, auquel on le compare aujourd'hui, qui, lui aussi, abandonnera la carrière et les honneurs pour lutter aux côtés de ces autres damnés de la terre qu'étaient alors les peuples amérindiens.

La peau noire ! C'était précisément le côté le plus tranchant de ce tourment qui taraudait Fanon depuis que lui fut révélé l'esclavage qui enchaîna ses ancêtres et l'état de réification auquel ils avaient été réduits par cette même France qui, sous son regard, écrasait les Algériens. Fanon ne pourra plus jamais refréner cette sourde hargne qui l'habitera depuis son adolescence et lui fera dire un jour (Peaux noires et masques blancs, 1952): «Chaque fois qu'un homme a dit non à une tentative d'asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte.» En toute logique, il prendra ses distances de ce système d'écrasement colonial qu'il assimile à l'esclavage subi par les siens. Car en situation coloniale, «l'asservissement de la population autochtone est la première nécessité», écrira-il (Racisme et culture, 1956).

Au moment -novembre 1956- où Fanon rompait avec l'ordre colonial, l'insurrection algérienne avait franchi une étape décisive. Abane avait entrepris dès le printemps 1955 de renforcer politiquement le FLN. Son obsession était que la violence devait être soumise, quelle que soit sa forme, à la raison politique. Aussi, était-il ouvert à toutes les compétences. Car pour le chef FLN, ce qui importera désormais et par-dessus tout, c'est l'apport en termes de stratégie, d'efficacité et de crédibilité pour un mouvement insurrectionnel qui à ses débuts manquait cruellement de compétences et de lisibilité politiques. Ce principe de la primauté du politique sur le militaire, Abane s'entêtera à le mettre en pratique au péril de sa vie.

Pour donner un souffle politique nouveau à l'insurrection et en faire un mouvement de résistance national, Abane avait réalisé au sein du FLN un vaste rassemblement des forces politiques algériennes, consolidant ainsi l'unanimité anticoloniale. La libération du peuple algérien, la mise à bas de son statut politique inférieur -les Algériens avaient 10% du pouvoir politique alors qu'ils représentaient 90% de la population-, et l'indépendance du pays, étaient devenues le programme commun à tous les patriotes algériens quelle que soit leur obédience. Les élites du PPA/MTLD opposées au pouvoir personnel de Messali El Hadj ; les communistes algériens qui prirent leurs distances de leurs camarades français, lesquels n'avaient pas hésité à voter les «Pouvoirs spéciaux» au gouvernement colonialiste de Guy Mollet ; le parti libéral de Ferhat Abbas et de ses partisans de l'union démocratique du manifeste algérien (UDMA); les dignitaires religieux de l'Association des Oulémas d'Algérie du cheikh Bachir El Ibrahimi ; des libéraux européens et tous ceux qui étaient opposés au maintien du statu quo colonial ; tous ces potentiels politiques qui activaient quelques mois auparavant dans la légalité coloniale, avaient décidé sous l'influence d'Abane de rompre avec l'administration coloniale et de rejoindre le FLN.

A la fin de l'été 1956, la résistance algérienne avait acquis sa maturité institutionnelle et révolutionnaire, celle que venait de lui conférer le congrès de la Soummam du 20 août 1956. Cette rencontre qui avait réuni les principaux chefs de l'insurrection activant à l'intérieur du pays, rencontre dont Abane avait été le concepteur et l'animateur, venait de doter l'insurrection d'organismes dirigeants -un comité de coordination et d'exécution (CCE) et un conseil de la révolution (CNRA)- qui la rendaient désormais visible et crédible, d'une Armée de libération nationale (ALN) et d'un programme qui traçait les axes stratégiques de la lutte, fixait le cap et définissait les conditions de la négociation de paix avec le gouvernement français.

A l'automne 1956, le FLN avait le vent en poupe. Mais l'opposition suscitée par certaines mesures prises au congrès du 20 août, voire par le congrès lui-même, commençait à se manifester. Le mécontentement de ceux qui n'y étaient pas représentés, notamment les dirigeants établis au Caire, et tout particulièrement Ben Bella, allait en effet se transformer en brouille irrémédiable, et éclore en conflit de légitimité entre les chefs de l'insurrection.

Au cours de cette période, cependant, la direction nationale (CCE) comprenant cinq dirigeants (Abane, Ben Khedda, Ben M'hidi, Dahlab et Krim) restait relativement homogène et fonctionnait comme un organisme collégial, même si Abane apparaissait comme le n° 1 au sommet du pouvoir FLN. Toute l'énergie de ce directoire national de la résistance algérienne était tendue vers le combat libérateur mais aussi pour faire face à la fronde des opposants aux décisions de la Soummam, conduite par Ben Bella et son affidé Mahsas. Le CCE, devait également organiser la riposte contre le rival messaliste, le mouvement national algérien (MNA), resucée du PPA/MTLD, qui lui dispute la représentativité politique dans la perspective d'une négociation avec le gouvernement français.

Au moment où Fanon, médecin chef à l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville, mûrissait sa décision de rompre avec l'establishment colonial, l'atmosphère à Alger était explosive. Toutes les prémices de «la bataille d'Alger» étaient en place. Le terrorisme urbain aveugle du FLN redoublait de violence contre les civils européens, en réponse au premier attentat aveugle commis le 10 août 1956 par des colonialistes ultras à la rue de Thèbes, dans la Casbah et à l'exécution judiciaire par la guillotine de militants nationalistes considérés par le FLN comme ses combattants. Les dirigeants frontistes avaient en effet décidé d'appliquer à la population européenne la responsabilité collective, cette méthode répressive que l'armée française faisait subir aux civils algériens dans l'arrière-pays, depuis le début de la guerre.

Sur le plan politique, la situation s'emballait depuis le kidnapping en plein ciel, le 22 octobre 1956, des dirigeants extérieurs du FLN (Aït Ahmed, Ben Bella, Boudiaf, Khider, et Lacheraf) qui se rendaient à Tunis pour débattre avec le président Bourguiba et le Roi Mohamed V des conditions d'une éventuelle négociation avec le gouvernement français. Cet acte de piraterie aérienne fit perdre aux dirigeants nationalistes leurs dernières illusions quant aux chances d'une proche solution de paix. D'autant qu'une semaine plus tard, le 31 octobre 1956, le gouvernement français, allié à la Grande Bretagne et à Israël, lancera une attaque contre l'Égypte considérée comme la source étrangère de l'insurrection algérienne. Le prétexte pour abattre le Raïs égyptien présenté comme un nouvel Hitler, était la nationalisation du canal de Suez.

Cette exacerbation de la guerre franco-algérienne, est-elle à l'origine de la décision prise par Fanon de renoncer à son poste de médecin-chef de l'hôpital de Blida-Joinville ? On est tenté de le croire même si, comme il l'écrira, «depuis de longs mois (sa) conscience est le siège de débats impardonnables». Dans sa lettre au ton extrêmement sévère à l'encontre du système colonial, adressée au ministre-résident Lacoste, le psychiatre martiniquais refuse d'«assurer une responsabilité coûte que coûte sous le fallacieux prétexte qu'il n'y a rien d'autre à faire». Il mesure avec «effroi l'ampleur de l'aliénation des habitants de ce pays» dont le statut, «une déshumanisation absolue», repose sur «le non droit, l'inégalité, le meurtre multiquotidien de l'homme, érigés en principes législatifs». Pour Fanon, il ne fait aucun doute que «les événements d'Algérie sont la conséquence logique d'une tentative avortée de décérébraliser un peuple». Il quitte l'hôpital de Blida-Joinville. C'était en novembre 1956.

Au demeurant, bien longtemps avant sa démission, Fanon avait choisi son camp. Son parcours initiatique commencera aux premiers jours de sa carrière à Blida. Ayant tôt saisi le mécanisme de l'aliénation coloniale par l'écrasement/déshumanisation et sa légitimation scientifique par la théorie «primitiviste», Fanon commence par «déconstruire» la psychiatrie coloniale. Il se lance malgré l'hostilité de ses collègues européens, dans la thérapie sociale, libère les malades indigènes entravés avec des chaînes en guise de traitement, et met fin au régime carcéral auquel l'administration asilaire les avait astreints. Pour Fanon l'état de sous-humanité de l'indigène algérien ne relève ni de la génétique ni d'une morphologie soi-disant indifférenciée de son cerveau (Porot et al, 1918, 1932). Pour le psychiatre, c'est «la structure sociale existant en Algérie (qui) s'oppose à toute tentative de remettre l'individu à sa place». «Le pari absurde», «la persévération morbide», c'était pour Fanon de combattre l'aliénation individuelle, la maladie mentale, sans mettre fin à l'aliénation collective générée par l'oppression coloniale.

Viendra ensuite l'engagement politique. Inconscient des dangers encourus, courageux, ou ne voulant pas rester spectateur non concerné de l'iniquité absolue qui se déroulait sous ses yeux, Fanon saute le pas quelques mois après le déclenchement de l'insurrection algérienne. Son service devient un refuge pour l'hébergement ou les soins de militants venus des quatre coins de la Mitidja. C'est dans cette 4e région militaire de l'ALN (wilaya 4) toute proche d'Alger, que se replient les lycéens et des étudiants venus des villes, après la grève décrétée par la centrale des étudiants algériens (UGEMA) en mai 1956. Les contacts directs de Fanon avec les «gens du maquis» s'intensifient durant cette période. Le psychiatre martiniquais habitué à recevoir à ses consultations des malades et des familles écrasées par le fatum de la domination coloniale, est impressionné par le silence résolu et le stoïcisme de ce peuple en guerre malgré le déluge de fer et de feu qui s'abattait sur lui. Et surtout par cette jeunesse qui étoffait de ses élites urbaines une lutte de libération nationale dont la composante était au départ essentiellement paysanne. Le spectacle de ces filles et garçons engagés à corps perdu dans le combat libérateur, en train de «faire peau neuve» et de redevenir maîtres de leur destin, est pour le psychiatre martiniquais quelque chose de totalement inédit. Il était en effet, habitué à une patientelle faite de paysans et de lumpenprolétaires démunis, dénutris et broyés par un régime colonial qui les fige dans un état de déshumanisation réifiante. Abane et Ben M'hidi, en partance pour la Soummam au début de l'été 1956, lors de leur passage dans le maquis blidéen, seront aussi fortement impressionnés par l'enthousiasme des nouvelles recrues et surtout par le courage de ces jeunes filles qui venaient de sacrifier leurs études et leur vie cossue -elles étaient pour la plupart issues de la bourgeoisie commerçante musulmane des villes- pour braver les dangers, la vie dure des maquis et ?les tabous. Pour Abane, comme sans doute pour Fanon, un bouleversement sociétal majeur venait de se produire dans la société algérienne et dans le cours de l'histoire coloniale du pays et de la Révolution (L'an V de la révolution algérienne, 1959).

La conjonction, à l'automne 1956, de deux occurrences majeures, est le prélude au grand soir de Fanon, à son engagement total et à sa rupture irréversible. D'abord comme nous venons de le développer, la révolution algérienne sous l'impulsion d'Abane, avait atteint sa phase de maturité. «La révolution a grandi», répétait inlassablement ce dernier, obsédé qu'il était par la recherche de compétences.

L'autre fait est, chez Fanon, une réflexion arrivée à maturité d'un double point de vue : D'un côté, il prend conscience que la fin de la domination coloniale en Algérie est historiquement inéluctable car, écrit-il, «une société qui accule ses membres à des solutions de désespoir est une société non viable, une société à remplacer». Et c'est dans l'impériosité de ce remplacement que Fanon mûrit son engagement quand il ajoute que «le silence devient mensonge» devant «l'exigence fondamentale de dignité». Aussi, sa conscience de «damné de la terre», ne l'autorise plus à continuer d'assister en spectateur désinvolte à l'écrasement du peuple algérien livré au rouleau compresseur de la «pacification».

D'un autre côté, Fanon en analyste avisé, a jaugé avec perspicacité le projet révolutionnaire algérien. L'entreprise lui paraît valable, viable et sérieuse. Pris sans doute au départ dans les stéréotypes de la propagande colonialiste assimilant les révolutionnaires algériens à des «bandits», «barbares sanguinaires», «criminels», et déniant à leur combat toute dimension politique, Fanon se désengluera rapidement de l'influence des medias coloniaux pour se rendre compte de lui-même que le soulèvement algérien avait une âme politique et un souffle national. Un intellectuel d'exception dans une conjoncture historique d'exception ! Il manquait le petit coup de pouce du destin, ce hasard dirait-on, en langage scientifique, pour que Frantz Fanon puisse donner la pleine mesure de son génie.

Ce coup de pouce viendra d'Abane lui-même, qui cherchera le contact avec le psychiatre de Blida. Le colonel Sadek responsable politico-militaire de la wilaya IV, qui connaît bien le médecin martiniquais, lui en avait dit du bien lors de son passage avec Ben M'hidi dans l'Atlas blidéen, au cours de leur expédition soummamienne au début de l'été 1956. Mais ce qui aurait en fait, décidé Abane à s'intéresser au médecin martiniquais, c'est la lecture d'un article de presse sur ou de Fanon, selon le témoignage du Docteur Pierre Chaulet, un libéral qui était alors proche du dirigeant FLN. Ce texte, serait-ce la lettre de démission adressée en novembre 1956 au ministre résident ? On ne peut affirmer avec certitude que le document ait été rendu public par voie de presse, le seul journal alors en mesure de le publier, était Alger Républicain, l'organe des communistes algériens. Mais en novembre 1956, ces derniers étaient largement engagés dans la lutte aux côtés du FLN et leur journal interdit. On sait également que Fanon présent au 1e congrès des écrivains et artistes noirs réunis à la Sorbonne en septembre 1956, avait fait forte impression en communiquant sur un thème cher aux nationalistes algériens : «racisme et culture». La presse métropolitaine, notamment le Monde dont Abane était un lecteur assidu, avait-elle évoqué cette rencontre et souligné la pertinence singulière de la démarche fanonienne ? Toujours est-il qu'Abane avait été fortement impressionné par le médecin antillais et ses idées.

Pour le chef FLN, Fanon exprime avec les mots du psychiatre et de l'intellectuel ce que lui-même ne savait exprimer qu'en langage politique. N'avait-il pas déclaré en septembre 1955 à Robert Barrat (France Observateur, septembre 1955) que «nous affrontons la mort?pour le droit de vivre en hommes dignes et libres... pour l'honneur, la justice et la liberté». Quête de dignité et d'honneur pour l'homme colonisé, n'est-ce pas la recherche d'une «peau neuve», cette thématique centrale du fanonisme ?

Pour en savoir plus, Abane décide donc de sonder ce psychiatre de Blida. Il charge le Docteur Chaulet et Salah Louanchi, un ancien cadre centraliste du MTLD, rallié au FLN, de préparer la rencontre. Fin décembre 1956, le jeune médecin -Fanon n'avait alors que 31 ans- est devant le chef FLN. Le courant passe instantanément entre les deux hommes. Fanon est encouragé pour s'engager un peu plus dans le FLN. Il dira : «je suis rassuré, la révolution algérienne est entre de bonnes mains». Il n'y aura pas d'autres contacts entre les deux hommes, en Algérie, et pour cause.

*Article paru dans sa version originale dans Living Fanon. Global Perspectives. Contemporary Black History. Edited by Nigel C. Gibson, Palgrave Macmillan, New York, june 2011.

** Professeur de médecine, auteur de Résistances algériennes, Abane Ramdane et les fusils de la rébellion, Casbah Editions, 2011.