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Selon le ministre du secteur: «Le tiers des bateaux de pêche à l'arrêt»

par Salim L.

« Dans certains ports, 50% de la flottille de pêche est immobilisée. En moyenne, 30% des bateaux de pêche sont l'arrêt», a affirmé, hier, Abdelah Khanafou, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques. Le ministre qui s'exprimait sur la radio algérienne internationale, a également annoncé que l'Algérie enregistre une production record de sardines. «Cette abondance vient opposer un cinglant démenti à ceux qui prétendent que la ressource a disparu de nos eaux à cause de l'utilisation de la dynamite et à la pollution», rétorque le ministre. «Nous faisons une évaluation de nos ressources pour mieux connaître nos stocks car la ressource est renouvelable, mais n'est pas inépuisable. Il faut savoir la gérer afin d'assurer la pérennité de l'activité», affirme le ministre. «Il y a des ressources importantes en espèces pélagiques, à l'image de la sardine, l'anchois et la sole, qui constituent 80% de la production nationale», indique M. Khanafou. Cette abondance des ressources pélagiques ou poisson bleu explique une pêche record qui a fait chuter le prix de la sardine. «A travers cette nouvelle campagne, il est question de cartographier les eaux à poissons et d'élaborer ainsi un plan de gestion de la ressource, d'adapter les moyens de pêche et de se fixer sur les investissements à projeter», explique l'invité de la radio. La précédente campagne a été menée avec les Espagnols en 2003-2004 et a conclu que le stock pêchable en Algérie était de 220 000 tonnes. Le ministre évoque aussi le plan de développement de l'aquaculture en offshore (système de cages flottantes). «Nous avons conclu deux projets en partenariat avec des Sud-Coréens qui consistent en la création de fermes aquacoles. Trois autres projets sont lancés à Azefoun, Boumerdès et à Ouargla», annonce le ministre. Selon lui, beaucoup d'autres projets seront lancés en 2012. «Tous ces projets seront suivis par des bureaux d'études jusqu'à l'entrée en production», indique-t-il.

Interrogé sur les dettes des marins pêcheurs, M. Khanafou affirme que «sur demande des chambres de la pêche, un dossier a été transmis à la tripartite qui a décidé d'entériner un rééchelonnement de 5 à 10 ans des dettes des pêcheurs en difficulté, avec un différé de trois ans». «Les dossiers seront étudiés au cas par cas. On optera soit pour un effacement des intérêts intercalaires ou alors on procédera à un abattement avec une prise en charge par le Trésor», explique l'invité de la radio. Sur un autre volet, le ministre déplore le fait que «les professionnels n'ont pas volonté de s'organiser contrairement aux corporations des autres pays». «Nous mettons le cap sur la sensibilisation pour une meilleure organisation de la profession, mais aussi pour la mise en place de sources de financement des chambres de pêche», dit-il. «Pour créer de nouvelles ressources de financement des chambres de pêche, ces entités doivent être intégrées dans la gestion des ports de pêche», affirme M. Khanafou. Le dossier de la gestion des ports de pêche est en cours d'étude au niveau du Premier ministère. Aussi, le ministre fait savoir que des rectifications en matière de programme de formation, d'investissement et de soutien à la production seront menées. «Le secteur dispose d'un grand potentiel de formation. Nous devons désormais l'adapter au développement de la filière et aux besoins de cette dernière», souligne-t-il. Le secteur de la pêche a bénéficié d'un plan quinquennal 2010-2014, doté de 1,84 milliard de dinars répartis entre le soutien à la profession, aux investissements et à la formation. Ce budget s'ajoute aux 1,5 milliard de dinars alloués entre 2005 et 2009. Le ministre rappelle que les marins pêcheurs percevront le Salaire national minimum garanti (SNMG soit 18 000 dinars) durant la période d'interdiction de la pêche qui permet d'assurer la reproduction des poissons. Durant la période de repos biologique, allant de mai à août, les marins pêcheurs bénéficieront, dans le cadre du projet de loi de finances 2012, d'une compensation sous forme d'allocation.

S'agissant de la pêche au thon, le ministre estime que le quota de 530 tonnes de thon qui avait été accordé pour les pêcheurs algériens par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) ne constitue pas une importante ressource pour le pays car ne dépassant pas les deux milliards de centimes en valeur. «Beaucoup de bruit médiatique a été créé pour rien. Ce tapage ne sert pas l'intérêt de l'Algérie. En plus, nous ne sommes pas prêts à pêcher ce quota», estime-t-il. La CICTA devra se réunir en novembre à Istanbul pour fixer de nouveaux quotas. «Pour le prochain quota, on fera une pêche commune avec peut-être les Italiens», fait-il savoir. Depuis 2010, les armements étrangers sont exclus de ces quotas. Les 48 Etats pêcheurs de la CICTA avaient limité la pêche au thon rouge en Méditerranée à 12.900 tonnes en 2011, contre 13.500 t en 2010, bien que les ONG écologistes aient réclamé une réduction drastique. Enfin, le ministre rappelle que la décision du gouvernement d'interdire la pêche au corail est toujours en vigueur.