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Dr Jekyll et M. Flène

par Farouk Zahi

Les anciens qui fréquentaient les salles obscures se rappellent sans doute, Boris Karloff dans le film intrigue intitulé Dr Jekyll et M. Hyde. Le premier, médecin et homme de bien, vit un dédoublement de la personnalité par l'entremise d'une potion de sa propre invention. Incarnant le bien et le mal à la fois, ce double personnage finira par disparaître par le fait de son revers maléfique. Ce pourrait-il que cette fiction britannique se joue en live et à visage découvert aujourd'hui. L'hypocrisie, le double jeu, le parjure sont devenus tellement courants dans les mœurs sociétales qu'ils n'offusquent plus personne ou presque. Leur exercice à grande échelle dans toutes les couches de la société et dans tous les secteurs d'activité, est en passe de devenir un trait de caractère admis. La sortie des classes est l'illustration par excellence de cette dérive que chacun subit et déplore avec un haussement d'épaules désabusé. Les petits " " jekkyl " en classe se transforment en petits " hyde " excités dès qu'ils mettent le pied dehors. La bousculade, la vocifération et l'insanité sont le lot quotidien des regards et des tympans. La sortie des mosquées, est aussi édifiante à plus d'un titre. Elle renseigne sur l'imprégnation hypocrite des esprits par des dogmes le plus souvent importés, véhiculés par les chaines satellitaires de pays à la pointe de la modernité certes, mais demeurés rétrogrades dans la liberté de penser, d'innover ou de dire. Le fidèle, discret et embaumant l'encens il ya à peine quelques minutes, se transforme juste après le devoir religieux en fier à bras qui défie du regard tout ce qui n'est pas dans sa norme. Il se crée un espace mystico-religieux où la vente des breloques asiatiques et autres broutilles font fleurir son commerce.

L'amorce est cette prière du vendredi qui constitue le " Okadh " (ancien marché de la Mecque) d'entant. Il n'y manquera que la déclamation des épitres poétiques. Tout ou partie est rattaché à la Sunna (Tradition du prophète QLSSL) et sans vergogne. Il ne viendra jamais à l'esprit de quelqu'un de déloger ou même de démentir le bonimenteur ; il se trouvera toujours dans l'environnement immédiat d'acharnés défenseurs. Les voies de fait sanglant ne sont nullement à écarter.

Le monde politique grouillant depuis la constitution de 1989, n'est pas indemne de ces distorsions morales. Certains leaders politiques et qui se sont d'ailleurs installés dans la durée, peuvent avancer dans le même discours, une chose et son contraire. Ils fustigent à chacune de leur sortie médiatique, l'absence de transparence et l'autoritarisme, exercice qu'ils pratiquent eux même avec autant de verve que le pouvoir qu'ils dénoncent. Le plus vieux parti d'opposition né au lendemain de l'indépendance et à qui une grande majorité voue respect et considération à son leader, ne semble pas concerné par l'alternance ni par le rajeunissement du sommet. La direction tournante n'est en fait qu'un leurre. Certains membres du gouvernement qui gèrent leurs secteurs respectifs apparemment sans sextant, s'engagent, sous les feux de la rampe, dans des entreprises qui laissent cois leurs collaborateurs les plus proches. L'oral du JT n'est souvent pas adossé à l'exercice écrit, d'où ces promesses sans lendemain. Il y a tout lieu de croire que les auteurs de ces déclarations tonitruantes ne semblent pas mesurer l'immense préjudice qu'ils font subir d'abord à leur propre personne, ensuite à l'institution qu'ils représentent. Il faut qu'ils sachent aussi, qu'à chaque fois qu'un " Bouazizi " se fait harakiri, ils ont portent une part de responsabilité si ce n'est pas toute la responsabilité. Toute la planète a vu comment le monde judéo chrétien s'est mobilisé pour la libération de Galid Shalit le soldat franco israélien pendant que de jeunes Arabes sont livrés à la destruction morale et parfois physique sans que çà n'émeuve personne ou peu de gens. Pour revenir au prisonnier de Hamas, le média mensonge on a fait, selon un journaliste qui n'est pas tenu en odeur de sainteté par le " milieu ", un otage pour mieux faire avaler la pilule à l'opinion publique occidentale.

Cette autre assertion de double citoyenneté en porte à faux avec les usages du langage et du droit, laisse rêveur sur les euphémismes mystificateurs. Il ne peut y avoir de soldat franco- israélien pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas d'armée franco israélienne mais seulement le Tsahal dont Shalit en était membre. Il n'est nul besoin de s'appesantir sur la contre valeur arabe de ce captif doré.

Après cette brève digression, il est notre sens salvateur et maintenant plus que jamais, de prendre les gens pour ce qu'ils sont réellement : adultes matures, même s'ils sont encore jeunes. La meilleure preuve de cette maturité a été magistralement démontrée lors des événements douloureux qu'à connus le pays dans les années quatre vingt dix. Des descendants ou collatéraux d'innocentes victimes expiatoires, connaissant parfaitement les présumés assassins n'ont jamais tenté la vendetta ou les descentes punitives en guise de représailles. Ils ont toujours confiés leur sort à l'immanence divine, même pas à la justice des hommes. Ces petites gens cachent de grandes âmes, il ne faut rien que pour çà leur dire plutôt la vérité. Prendre l'auditoire pour une faune de décérébrés ne fera que prolonger l'illusion que tout est domestiqué. Le déni d'équité, le passe droit sont connus pour nourrir les plus mortifères rancœurs. Il suffit parfois de reconnaître un droit légitime quitte à en ajourner la jouissance pour que les esprits se calment. N'a-t-on pas eu à constater des injustices criantes exercées sur des tiers malgré leur bon droit, pourtant, consacré par des textes réglementaires ou législatifs. Ces dénis ne sont pas exclusivement du seul fait du bureaucrate, ils sont malheureusement nombreux et émaillent tous les spectres professionnels. Ils sont consciemment ou inconsciemment générés par l'enseignant à quelque degré qu'il soit, le médecin, le juriste, le contre maitre, l'ingénieur, l'homme du culte etc. Il suffit que chacun se regarde et se dise, derrière ce cas peut se dissimuler un drame dans les conséquences pourraient être fâcheuses et incommensurables. Réduits à l'errance bureaucratique, les " damnés ", faute de recours, seront contraints à l'écart de langage ou de comportement tombant, immanquablement, sous le coup de la loi. Il se trouvera des laudateurs zélés pour jouer le triste rôle de témoins à charge pour mieux enfoncer le naufragé.