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LA CHINE TOUJOURS AU PLUS HAUT

par Akram Belkaïd, Paris

Alors que les gouvernements européens n’en finissent pas de se déchirer pour trouver une solution à la crise de la zone euro et tandis que les Etats-Unis s’installent peu à peu dans la campagne électorale pour la présidentielle de 2012 (ce qui signifie que l’administration Obama va de plus en plus être attentiste en matière d’initiatives économiques), la Chine continue d’occuper la pôle position mondiale pour ce qui est des performances de son économie. Qu’on en juge. L’ex-empire du Milieu a enregistré un taux de croissance de son produit intérieur brut (PIB) de 9,1% au troisième trimestre de l’année (juillet – septembre), c’est-à-dire à peine moins que les 9,5% enregistrés lors du trimestre précédent (avril – juin).
D’autres indicateurs ont confirmé la vigueur de l’économie chinoise. En septembre, les ventes de détail ont progressé de 17% (par rapport à août) et la production industrielle a augmenté de 13,8% (par rapport à septembre 2010) tandis que les investissements en capital fixe ont augmenté de 24,9% sur les neuf premiers mois de l’année. Seule ombre au tableau, l’excédent commercial chinois est tombé à 14,5 milliards de dollars en septembre, contre 17,8 milliards en août et surtout 31,5 milliards en juillet. Cette baisse des exportations ajoutée au (très) léger tassement de la croissance a poussé nombre d’économistes à pronostiquer le début d’un fort ralentissement de l’économie chinoise.
UNE PERENNITE DE LA CROISSANCE QUI FAIT DEBAT
Du coup, le débat a été relancé entre les partisans de deux hypothèses opposées. Les premiers affirment que le gouvernement chinois va continuer de piloter avec succès son économie, la faisant «refroidir» quand il le faut, c’est-à-dire faire ralentir la croissance, afin d’empêcher l’inflation de dépasser son niveau actuel de 6%. Pour cela, Pékin dispose de plusieurs outils dont la politique monétaire qui a recours à la hausse des taux pour freiner l’activité.
Quant aux seconds, parmi lesquels l’économiste vedette Nouriel Roubini, ils estiment que le gouvernement chinois ne pourra pas empêcher un brutal atterrissage de l’économie avec un possible effondrement de la croissance et une baisse des exportations. Il faut dire à ce sujet que nombreux sont les éléments qui confortent ce jugement pessimiste. D’abord, il y a le fait que la récession qui guette les pays développés a un impact direct sur leurs importations et donc sur les exportations chinoises. A ce jour, et malgré quelques réformes en ce sens, la consommation interne en Chine n’est pas capable de compenser la baisse annoncée des exportations qui restent le principal moteur de la croissance.
Parmi les autres nuages que l’on cite fréquemment pour douter de la pérennité de la forte croissance chinoise, on peut citer la hausse des créances douteuses des banques chinoises (risque de krach), l’endettement non maîtrisé des collectivités et entreprises locales qui fait peser une menace sur la stabilité financière du pays ainsi que la persistance de tensions sociales chez les travailleurs chinois migrants qui vont d’une province à l’autre. Autant de défis qui ne semblent pas pour autant inquiéter le régime chinois, toujours bien accroché à sa doctrine de «l’expansion harmonieuse».
UN DEBAT APPELE A DURER
Sauf grande catastrophe économique en Chine, il y a de fortes chances pour que ce débat se prolonge au cours des prochains mois. Pour Nouriel Roubini, ce n’est pas avant 2012, voire 2013, que l’économie de ce pays va brutalement atterrir. En effet, Pékin a de quoi voir venir, ne serait-ce que parce que ses clients sont aussi les autres pays émergents, lesquels affichent une santé économique aussi étincelante que celle de la Chine. A bien des égards, l’année 2012 sera cruciale à la fois pour l’économie chinoise mais aussi pour celle de la planète.