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Dénonçant la position des partis sur les quotas: Des femmes menacent de sortir dans la rue

par M. Aziza

La présidente de l'association de la femme rurale, Mme Saïda Benhabilès, a énergiquement défendu l'accès des femmes aux assemblées élues, par le système de quotas décidé par le Président de la République et adopté par le Conseil des ministres. Mme Benhabilès a affirmé hier, lors de son intervention au forum d'El Moudjahid, qu'une lettre ouverte sera remise aux élus de l'assemblée populaire pour dénoncer l'attitude des opposants à la loi organique fixant les modalités d'élargissement de la représentativité des femmes dans les assemblées élues. La conférencière s'est dite étonnée de la position de certains partis politiques et de certains parlementaires qui font de gros efforts pour bloquer cette loi. Mme Benhabilès a précisé qu'une délégation composée des femmes signataires de cette lettre ouverte (des intellectuelles et des membres d'associations féminines, l'exemple Iqraa, Afkar, femmes chef d'entreprises) vont débattre et remettre cette correspondance au Parlement. Pour Benhabilès, il s'agit là de la première action et dans le cas où des partis politiques et des parlementaires continuent à rejeter cette loi, sans argument valable, «on passera à une démonstration de force, autrement dit, on va descendre dans la rue», a-t-elle averti.

En colère, la présidente de l'association de la femme rurale s'est dite outrée par des déclarations émanant des partis politiques. Ces derniers ayant affirmé que le désintéressement des femmes de la vie politique est dû à la nature, à l'histoire et aux mœurs de notre société qui empêchent la femme d'accéder à la vie politique. Pour Benhabilès, les véritables raisons qui éloignent la femme algérienne de la vie politique c'est l'enfermement des partis politiques sur eux-mêmes avec des principes archaïques et qui n'ont rien à voir avec la démocratie. Elle poursuit : «Ils n'ont qu'à s'ouvrir en faisant appel à des femmes universitaires que ce soit dans les grandes villes ou dans le monde rural, pour une adhésion dans les partis». Ironisant, Mme Benhabilès a affirmé que la désaffection des femmes à la vie politique est due, dans certains cas, à la nature des partis politiques et des parlementaires dont certains de leurs membres n'ont ni un niveau ni des principes, en faisant allusion à la corruption et la défense de leur propre intérêt. A la question de savoir si la femme algérienne et, particulièrement, la femme rurale a des aspirations politiques, Mme Benhabilès a demandé aux parlementaires d'aller vers ces femmes pour leur demander si elles ont des aspirations politiques ou pas, au lieu de décider à leur place. Pour Benhabilès, il n'y a pas de doute, la femme algérienne, qui a combattu le colonisateur en portant des armes et qui a défié le terrorisme, est sûrement capable d'exercer la politique. «Elles ont pu affronter la mort, pourquoi elles ne pourront pas affronter la politique?», s'est-elle interrogée.

Tout en estimant que nos parlementaires ne sont pas imprégnés de la culture démocratique, Benhabilès a tout de même lancé un appel aux partis politiques pour ouvrir leurs portes aux femmes algériennes qui ont déjà prouvé leur réussite dans différents domaines. Mais à part la question des quotas, Benhabilès a reconnu que la femme algérienne est confrontée à de sérieux problèmes dans notre pays, notamment les problèmes de santé. «Des femmes et des enfants sont en train de mourir, notamment les cancéreux à l'intérieur du pays pour absence de soins», a-t-elle souligné. Et de poursuivre : « Je demande aux parlementaires d'agir pour défendre ces femmes et ces enfants, au lieu de bloquer ladite loi», a-t-elle conclu.