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Tripartite : Salaire n'est pas pouvoir d'achat

par Ghania Oukazi

Si le principe d'une augmentation des salaires est acquis au niveau de la tripartite de ce week-end, il reste que les partenaires sociaux doivent opter pour un seul moyen pour le faire.

Il est d'ores et déjà admis que la réunion des partenaires sociaux qui aura lieu ce jeudi, consacrera une revalorisation des pensions des travailleurs retraités. L'UGTA promet que cette augmentation sera «substantielle.» L'on pense qu'elle avoisinerait les 40%. «Ce qui donnerait une augmentation d'une fourchette allant de 4000 à 40 000 DA,» nous dit-on.

L'autre acquis de cette 14ème édition de la tripartite est l'augmentation des salaires d'environ 3 millions de travailleurs dont près de deux millions relèvent de la Fonction publique, le reste étant affilié au secteur économique public et privé. Gouvernement, employeurs publics et privés, et syndicalistes doivent choisir une des trois options soumises à examen pour procéder comme disent les syndicalistes, au rattrapage du pouvoir d'achat. «On va négocier trois éventualités, le choix de l'une des trois dépendra en grande partie des employeurs publics et privés qui doivent soupeser les possibilités financières de leurs entreprises pour savoir s'ils sont en mesure de l'assumer ou pas,» nous dit une source syndicale. La première éventualité est la révision à la hausse du salaire national minimum garanti (SNMG), la seconde est la diminution du niveau de l'impôt sur le revenu global (IRG) pour certaines catégories professionnelles avec en prime sa suppression des pensions des retraites ou alors «son paiement symbolique» et la troisième est l'annulation de l'article 87 bis du code du travail qui définit le salaire de base en incluant un certain nombre de primes. Il est avoué que cette dernière option, si elle arrive à être adoptée, elle sera la plus coûteuse pour les employeurs mais aussi pour le Trésor public. Rien que pour ce qui est des employés de la Fonction publique, la simulation donne des conséquences «sonnantes et trébuchantes» de plus de 70 milliards de dinars. La suppression de l'article en question obligerait par ailleurs, les pouvoirs publics à redéfinir la structuration du SNMG sur une toute nouvelle base de calcul.

Il est presque entendu au sein des partenaires sociaux que le 87 bis ne serait pas annulé au regard des lourdes retombées financières qu'il aurait au niveau de la masse salariale du monde du travail. «La facture sera très lourde, il faut savoir être raisonnable,» nous dit une source proche du Premier ministère. Un syndicaliste au sourire convenant lâchera même que «si on le fera, on deviendra pire que la Grèce.» Un autre responsable syndical renchérit «si c'est une augmentation pour fermer boutique et casser les emplois, je préfère être insulté par les travailleurs que de l'accepter. C'est un problème de conscience.»

 Le relèvement du SNMG resterait donc l'option la plus susceptible d'être retenue. L'on note au niveau du gouvernement que le principe des tripartites est que le SNMG peut être normalement «bousculé» tous les trois ans. L'on rappelle alors, que la dernière augmentation des salaires a eu lieu en 2009. Les syndicalistes se targuent d'avoir été à l'origine d'un cycle d'augmentations salariales qui a été enclenché en 2006. «Les employés de la Fonction publique ont obtenu depuis, des augmentations soit par l'adoption de nouveaux régimes indemnitaires ou directement par la révision à la hausse de leurs salaires, nous ne sommes pas arrêtés de les faire augmenter, il n'y a pas eu de rupture de ce cycle depuis cette date,» nous dit-on au niveau de la Centrale syndicale.

La tripartite de ce week-end semble s'engager dans un nouveau processus de négociations salariales. Pour le faire, un consensus devrait être trouvé entre les partenaires sociaux pour en principe, opérer une augmentation du SNMG qui se fera en trois fois à partir de l'année prochaine. En effet, si la tripartite n'admet sa révision que tous les trois ans, l'on serait tenté de dire que pour cette fois, il ne pourra l'être qu'en 2012.

L'on susurre ici et là que le SNMG devrait passer -sous réverse d'un changement de dernière minute- de 15 000 à 18 000 dinars. «On pourrait retenir 17 000 DA mais on pense que c'est très peu,» note une de nos sources. «Un SNMG de 18000 DA signifie une augmentation nette de 3000 DA mais qui se ferait en trois fois et ne rentrerait en vigueur qu'à partir du 1er janvier 2012,» nous explique-t-on. La Centrale syndicale a procédé pour cela, à plusieurs simulations prévoyant les conséquences financières d'un SNMG allant de 16 000 à 20 000 DA. Le pouvoir d'achat étant toujours en nette décalage par rapport au niveau des bourses des ménages, il y a des syndicalistes qui pensent qu'il serait plus probant de conjuguer une révision du SNMG à 18 000 DA avec en même temps, celle de l'IRG. «La révision de cet impôt avec en plus un SNMG à 18 000 DA,» ce serait le procédé idéal pour opérer un bon rattrapage du pouvoir d'achat,» nous dit un responsable syndical.

Quel que soit le niveau de revalorisation de ce salaire, il est affirmé qu'elle aura des répercussions sur l'ensemble des grilles des salaires. «Toutes les grilles vont être bousculées, on sera obligé de les renégocier une nouvelle fois au niveau de toutes les entreprises économiques,» nous dit-on à l'UGTA.