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11 septembre, 10 ans plus tard: Le jour d'après

par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Le redéploiement géostratégique des Occidentaux après le 11 septembre 2001 a changé les modes de vie et de gouvernance dans le monde. De l'occupation de l'Afghanistan et de l'Irak et jusqu'au «printemps arabe», le monde vit un bouleversement général, alors qu'il traverse une crise financière internationale sans précédent.

Les médias du monde entier commémorent le 10ème anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001 avec cette question, à la fois étonnante et judicieuse : 10 ans après les attentats, quels changements dans le monde ? La réponse immédiate est : occupation, par la guerre, des Occidentaux de l'Afghanistan et de l'Irak ; isolement de l'Iran et dépècement du reste de la Palestine par Israël. Subsidiairement, et dans la logique des calculs géostratégiques des Occidentaux s'ajoute le «printemps arabe». Enfin, dans la vie de tous les jours de milliards d'habitants de la planète Terre, une multiplication des mesures sécuritaires, jusqu'au seuil de votre maison, et le recul de ce qui est appelé communément : les libertés individuelles.

Loin d'être exhaustif, ce tableau général n'est qu'un indicateur du sens dans lequel évolue le monde depuis ce 11 septembre 2001. Dans tous les cas, et pour ce qui nous concerne dans ce bouleversement géostratégique mondial qui s'installe progressivement depuis le début de ce 3ème millénaire, «le printemps arabe» est entaché quelque peu par le lot de violences et les drames qu'il charrie jusqu'au dedans des familles arabes. Peut-on parler de printemps quand la Libye voisine vit sous les bombes ; le peuple syrien la répression sanglante et l'exode et les Palestiniens l'occupation tous azimuts et l'internement chez eux ? La guerre globale et mondiale contre le terrorisme déclarée, à juste titre, par les Occidentaux, USA en tête, depuis ce 11 septembre 2001 a commis de terribles dégâts collatéraux chez les arabes et les musulmans d'une manière générale. L'abject amalgame arabe - musulman - terroriste est bien installé dans la conscience occidentale grâce à un discours des médias, indigent sur le plan intellectuel et formaté sur ceux de la forme et de la structure.

La théorie de «l'affrontement des civilisations» est adoptée par des partis politiques extrémistes tant occidentaux qu'arabes. Ne nous dérobons pas devant cette terrible évidence : les médias et sorciers de la communication occidentaux ne sont pas les seuls à vivre «sous influence du clash des civilisations», parce qu'il n'y a qu'à lire les logorrhées haineuses, appelant à la guerre sainte dans un certain nombre de médias arabes pour saisir tout le drame de notre époque. Malheureusement, dans ce nouveau remodelage des relations du monde et des peuples qui le constituent, ce sont les plus faibles qui en paieront le plus gros prix. Ainsi, l'autre conséquence de cette réorganisation des affaires du monde, celle de la crise financière et économique mondiale sera portée, elle aussi, par les épaules les plus frêles, en particulier celles des Arabes, des Africains et autres Asiatiques pauvres, Bangladeshis, Afghans?

A bien y observer l'évolution de la crise financière qui secoue le monde occidental, nul doute qu'il n'hésitera pas à aller jusqu'au bout de sa logique, celle d'utiliser la force et la violence, pour éviter un effondrement général. Le hasard de la géographie a fait que les ressources dont ont besoin le plus les Occidentaux, celles de l'énergie, se trouvent dans les sous-sols arabes. Ils iront les chercher par le commerce ou par? l'occupation et la guerre. L'accroissement de la voracité des Occidentaux pour satisfaire leurs besoins de consommation est logique. Ce sont la façon et les moyens employés pour les satisfaire qui posent problème.

Ceci étant, ce «réquisitoire» contre la méthode occidentale qui s'accélère depuis le 11 septembre 2001 n'innocente en rien le caractère tribal, moyenâgeux et dictatorial du mode de gouvernance dans les pays arabes. Dans le fond, les régimes politiques arabes d'aujourd'hui donnent des arguments irréfutables aux stratégies d'occupation des pays les plus nantis en ressources énergétiques. Kadhafi aurait pu éviter la guerre, l'occupation et le partage des richesses de son pays s'il avait écouté la colère du peuple ou quitté le pouvoir. Hélas, fallait-il qu'il ait un cœur et un amour pour son pays. Kadhafi a livré la Libye aux Occidentaux, c'est cela la triste réalité des choses.