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Affaire DSK : crimes et questionnements

par Abdelkader Leklek

Il ne fait pas bon mentir au pays de l'oncle SAM, même si une femme avait réellement subi des violences sexuelles, immortalisées par des photographies prises par les services de médecine légale d'un hôpital américain, constatant des ecchymoses et des hématomes, sur ses parties intimes, et qui sont en possession du procureur de Manhattan.

Mentir un jour, mentir toujours semble être axiomatique aux U.S.A .Si en matière de viol et autres agressions sexuelles, les preuves sont paroles contre paroles, il s'agit donc de jauger les affirmations des protagonistes à l'aune de leur crédibilité. Quel crédit accorder aux allégations d'une menteuse, victime d'agression sexuelles soit-elle ? Aucun selon les canons américains. Après avoir présenté Nafissatou Diallo, comme une femme travailleuse, et grande bosseuse, sans histoires, voire exemplaire, en matière de dévouement à sa religion musulmane, et à sa famille. Qui se sacrifiait pour élever seule et donner une bonne éducation à sa fille de 15 ans, dans le difficile quartier du Bronx.

 Elle bénéficiait de la réputation de fille sérieuse intégrée dans sa communauté Peule, comme l'exige le mode de vie américain, chacun sa collectivité, chacun sa congrégation.

 Mais que s'était-il passé pour que tout bascule, et que l'on passe d'une chose à son contraire. Pour que l'acte d'accusation contre le directeur Fond Monétaire, Dominique Strauss Kahn, dont l'inventaire contenait sept chefs, à savoir : acte sexuel criminel du premier degré (deux chefs), tentative de viol au premier degré (un chef), abus sexuel au premier degré (un chef), séquestration au deuxième degré (un chef), abus sexuel au troisième degré (un chef), attouchements (un chef). Se ratatine, retombe et se réduise à presque rien, c'est-à-dire au final, priver la victime d'un procès. Est-ce juste, honnête et équitable, combien même, Nafissatou Diallo, aurait menti, une fois, plusieurs fois, ou bien toute sa vie. On a découvert et on lui reproche depuis, d'avoir notamment eu, au lendemain de l'affaire, une conversation téléphonique en Peule -la langue de ce peuple de pasteurs sahélo-saharien, parlée dans une quinzaine de pays d'Afrique de l'Ouest particulièrement, et en Guinée, pays de Nafissatou Diallo- enregistrée - avec un dealer de drogue incarcéré, pour lui demander de lui donner des informations, sur les dommages et surtout les intérêts pécuniaires, que pourraient lui rapporter les poursuites engagées contre directeur du FMI. Son interlocuteur, se trouve faire partie aussi des personnes qui lui avaient versé de grosses sommes d'argent en liquide, sur son compte bancaire : 100.000 dollars en deux ans. On l'accuse aussi, d'avoir inventé un viol collectif, qu'elle aurait subi en Guinée, quand elle était jeune.

Et qu'elle avait menti, sur le nombre d'enfants qu'elle élevait seule, pour bénéficier des aides sociales américaines. Et le plus grave, c'est qu'elle ait menti, lors de sa déclaration, sous serment devant le grand jury. Oui mais dans le cas d'espèce, cette menteuse, s'il en est, ne demeure-t-elle pas, quoi qu'il advienne une potentielle victime ? En ayant comme principe cardinal, la présomption d'innocence pour son présumé agresseur. Ma culture me jouerait-elle un tour ou bien les américains, sont-ils en décalage par rapport aux droits de l'homme ? Dans son article 10, la déclaration universelle des droits de l'homme du 10 octobre 1948, énonce :

 «Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle». Ceci doit être entendu pour toutes les parties au procès. Mais est-ce le cas, depuis que le procureur de Manhattan, Cyrus Vance junior,fils de l'ancien secrétaire d'Etat américain, sous Jimmy Carter,1977/1980, avait dès jeudi 30 juin 2011, libéré Dominique Strauss Khan, sur parole, tout en en le maintenant inculpé des 7 chefs d'accusation. Le procureur Cyrus Vance Jr, qui a instruit le dossier -aux Etats-Unis, il n'y a pas de juge d'instruction dans l'organisation juridictionnel-, serait-il allé trop vite et trop loin.

Dans ce système un avocat ou un procureur construisent leurs carrières sur de gros coups médiatiques, dont ils peuvent tirer profit par la suite. Les procureurs aux Etats-Unis sont élus. Cyrus Vance avait été élu en 2009 avec 91% des voix pour un mandat de quatre ans. On évalue les procureurs selon le nombre d'inculpations qu'ils opèrent, de la même manière qu'un avocat devient un ténor du barreau en fonction du nombre d'acquittements qu'il réussit. Le procureur de Manhattan, aurait saisi l'aubaine pour profiter du caractère médiatique et symbolique de l'affaire DSK, pour asseoir son avenir judiciaire, c'est à dire assurer sa réélection, ou bien faire un bout de chemin vers la cours suprême des Etats-Unis. Sous son autre facette,ce procureur est aussi décrit par certains, comme un homme qui tient à coeur de défendre les plus démunis et de s'attaquer à la criminalité particulièrement dans le domaine de la violence domestique et intime. Cependant en décidant, avant la tenue du procès de lever son assignation à résidence, et de lever, la caution imposée à Dominique Strauss-Kahn et de lui rembourser, les six millions de dollars, pris la fortune de son héritière et richissime dame, Anne Sinclair, versés en garantie lors de sa mise en liberté sous surveillance en mai 2011. Le procureur et le système américain, sur la base de la non crédibilité des assertions d'une victime, faussent le procès, ils l'orientent fatalement, vers l'acquittement de DSK, et l'inculpation quasi sûre de Nafissatou Diallo, pour parjure et faux serment, ce qui constitue un crime sévèrement puni, aux termes du droit pénal fédéral américain. D'ailleurs le fait que DSK, ne récupère pas son passeport, n'était pas une réquisition du procureur, mais une demande du duo de sa défense pour montrer la crédibilité, comme moyens et arguments de défense, de leur client, et comme gage de leur sincérité de poursuivre le procès en toute sérénité. Ce qui n'est pas le cas de son accusatrice, accablée elle, de tout ce qui est contraire à la vertu promptement retrouvée de son assaillant d'offenseur. Et comme nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude,c'est-à-dire que personne ne peut réclamer justice si le dommage qu'il subit est le produit de ses actions menées illicitement ou illégalement.

 Une question s'impose. Pourquoi, pour être un tant soit peu,juste et impartial, n'irait-on pas fureter et farfouiller, dans la vie de Dominique Strauss Khan,d'hier et d'aujourd'hui, pour retrouver un ou des comportements, similaires,à ceux qui lui sont reprochés,par Nafissatou Diallo et jusqu'au jeudi 30 juin 2011. Connu pour être un chaud lapin,que les oreilles chastes me pardonnent, à libido débordante, par tous ceux et celles de France et de Navarre, qui le connaissent et pas seulement, je suis persuadé, qu'il y aurait de la matière étayant un libertinage, du vice et de l'inconduite. Et pour ne citer que ce qui a pu émergé et éclaté au grand jour, sans que cela, n'offusque aucun bien pensant, ne porte atteinte à l'honneur et n'égratigne la dignité de ce haut fonctionnaire international et que cela n'entache pas sa crédibilité. Pourtant le siège du F M I, se trouve à New York, au pays du puritanisme et de la pudibonderie. Voila ce que rapporte le journal français de gauche, Libération :

 «A l'automne 2007, Strauss-Kahn s'était vivement intéressé à une présentation sur le Ghana faite par la blonde Piroska Nagy, alors âgée de 50 ans, a permis de reconstituer l'enquête du FMI. Le directeur général a recontacté la spécialiste et s'est mis à échanger des mails avec elle qui, très vite, n'ont plus porté sur l'économie du pays africain mais sur le désir d'une relation sexuelle. En janvier 2008, lors du forum de Davos, la relation s'est matérialisée, l'économiste cédant aux avances de son directeur général. Peu après, le mari de Piroska Nagy a découvert les faits, exprimé sa colère à DSK et réclamé une enquête du FMI sur le comportement de son directeur général ?'.

Et bien que cette relation se soit passée entre adultes consentants. Dans de pareilles circonstances, cela s'appelle : abus de pouvoir de responsable, sur une subordonnée, même si cela s'est produit, entre haut fonctionnaires internationaux, et au F M I.

La deuxième affaire d'exploit de cavaleur de DSK, concerne la Journaliste et romancière française, Tristane Banon, qui avait déjà témoigné sur un plateau de télévision, à son encontre en février 2007, pour des faits remontant à 2002 mais que la direction de la chaîne avait abusivement bipé le nom de DSK à la diffusion, ce qui avait à l'époque sans doute, permis d'éviter le scandale. Cependant aux dernières nouvelles, l'écrivaine, compte saisir la justice française et déposer plainte le 6 juillet 2011 pour viol, contre DSK, tout en appréhendant, dit-elle, une issue en sa défaveur. Donc affaire à suivre.

 Enfin, troisième et dernier fait de coureur devant l'éternel, publiquement connu, c'est ce que rapportait, sur son blog, le journaliste, Jean Quatremer, à la veille de la nomination de DSK, au poste de directeur du F M I, le 9 juillet 2007 :» Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c'est la curée médiatique»

L'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson avait dès le début de l'affaire lancé un appel aux femmes françaises, qui auraient subi les harcèlements de DSK, qui est resté vain. Toutefois, l'avocat de la plaignante, persiste en revanche dans son accusation contre Dominique Strauss-Kahn en affirmant :

 «La seule défense de Dominique Strauss-Kahn est que cette relation sexuelle était consentie, mais c'est un mensonge.»

 Au pays de l'oncle SAM, une pareille défense, n'est pas forte, ni robuste, ni bien bâtie, et elle demeure de surcroît vulnérable, par celui qui la porte. Un avocat de couleur. Elle tombera aux premiers assauts, des avocats Benjamin Brafman et William Taylor, de DSK. Au pays où Dieu figure sur toutes les coupures du dollar, In God we Trust, en Dieu nous croyons, qui est la devise des Etats-Unis. La croyance est double, les fidèles américains croient en Dieu par l'intermédiaire du dollar. Que pèseraient alors Nafissatou et son frère de couleur d'avocat, face à la puissance financière de leur adversaire ? La case de l'oncle Tom, demeure toujours ouverte, malgré le président Obama.

 Le cabinet d'avocats et le staff des communicants de DSK, maîtrisent toute la démarche pour tirer d'affaire, leurs clients. Si aux premiers jours de l'affaire, c'était madame Strauss Kahn, qui soutenait ostensiblement son mari, en lui prenant le bras, façon de dire et de montrer -même si certainement, elle n'y croit pas, en son for intérieur de femme trompée- qu'elle est là et qu'elle soutient son volage de mari, dans l'épreuve, face au monde entier. Depuis jeudi 30 juin 2011, et c'est vérifiable à tout moment, c'est désormais son mari, qui la protège en lui passant son bras autour des épaules. Il est redevenu fort, c'est-à-dire innocent, et ce n'est que le début.

Le procureur Vance a déjà posé les fondations pour abandonner les poursuites et le reste suivra. Les premières images et photos de DSK, la mine défaite, menotté, et conduit sous bonne escorte policière, au bureau du procureur de Manhattan. Son entrée au tribunal sous les huées de femmes scandant, Shame on you -honte à vous- son attente, avec d'autres détenus, dans le dépôt du tribunal, et son lynchage médiatique, qui avaient fait le tour du monde, comme preuves à charge. Lui serviront pour se refaire, puisqu'il sera très probablement innocenté, s'il n'est formellement déjà. Et que durant tous ces déboires il n'aura été que le souffre-douleur, privé, frustré et spolié du droit de présomption d'innocence, et la victime expiatoire de Nafissatou, de son avocat, du procureur, du système judiciaire américain, de ses adversaires politiques en France, de divers obscurs complots, et de tous les curieux en mal de sensations fortes et de voyeurisme de par le monde. Il rentrera en France en gagneur. Déjà que François Hollande, annonçait dès vendredi 01 juillet, que la date des primaires pour la candidature à conduire des socialiste à l'élection présidentielle de 2012, qui était prévue pour 13 juillet 2011, pouvait être déplacée, sous entendu, pour permettre à DSK d' y prendre part. C'est la droite française qui devrait revoir sa stratégie pour cette occasion, puisque avant son affaire, le directeur du FMI, était donné favori par tous les sondages. D'ailleurs un député socialiste, avait affirmé le 03 juillet,que la direction de l'hôtel Sofitel, lieu du scandale, s'était empressée d'aviser la direction du groupe français Accor, propriétaire de la chaîne hôtelière,qui avait elle-même informé une officine de l'Elysée,et que par conséquent,il y avait eu de la manipulation officieuse, pour exploiter cette affaire,en éliminant, DSK de la course à la présidentielle de 2012.

 Au-delà de cette affaire franco-française, qui pourrait servir de tremplin, à DSK, pour aisément revenir sur le devant de la scène politique de son pays, bénéficiant de l'aura de la victime, même s'il reste beaucoup de la coupe à ses lèvres. Et par delà, les deux protagonistes du procès, le prince fort du droit de cuissage et la de bergère sujet du roi .Il n'en demeure pas moins, que ce scandale gardera le goût de l'inachevé, et du déni de droit à un procès équitable, reconnu pour tout être humain, le plus vil soit-il. Puisque désormais, quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, le futur procès, si procès il y a, sera tronqué, altéré, dénaturé, abrégé, amputé et mutilé. Et si crimes il y a eu au pays de la démocratie, les questionnements, de par le monde, demeurent pendants. et la saga DSK continue.