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La fête du monde du travail en Algérie : dépasser l'immobilisme

par Abderrahmane MEBTOUL *

Le monde célèbrera le 01 mai 2011 la fête du Travail et force est de reconnaître que l'UGTA du travail ne représente qu'elle-même , une structure bureaucratique avec un capital immobilier immense , des privilèges pour ses dirigeants dont la majorité sont députés, sénateurs ,et siégeant dans des conseils d'administration vivant avec les ministres à la résidence algéroise du Club des Pins loin des préoccupations des travailleurs.

Le pouvoir en interdisant les ssociations représentatives et dialoguant qu'avec l'UGTA dialogue en fait avec lui même dans un monologue lassant expliquant qu'en cas de tensions sociales, les citoyens se retrouvent directement en confrontation avec les forces de sécurité sans aucune intermédiation.

Cette situation en l'absence de concurrence est inséparable du monopole presque intégral que l'on trouve tant au niveau économique(en termes d'allocation d'investissement en majorité public et non en nombre) que politique. Si l'on, s'en tient à la télévision officielle algérienne , le monopole dans l'information ( ENTV-A3 ?Canal Algérie) autant d'ailleurs que les partis FLN/RND/MSP qui ne sont en fait que l'éclatement de l'ancien parti unique des années 1980 ,et avec leur tous leurs satellites y compris l'UGTA ,et les innombrables micro partis créés artificiellement par l'administration. Selon les observateurs tant nationaux qu'étrangers, le système reposant sur la rente est sensiblement le même depuis les années 1970 ayant changé de formes mais pas de nature. Rappelons les taux de participation selon les données officielles du Ministère de l'Intérieur des élections législatives du 17 mai 2007 et des élections locales du 29 novembre 2007 du 17 mai 2007 où le FLN/RND/MSP/UGTA et toutes leurs organisations ont appelé à un vote massif. Pour les élections législatives, les inscrits ont été de 18.760.400 et le nombre de suffrages exprimés divisé par le nombre d'inscrits ce qui donne : 7,01% pour le parti du FLN, 3,15% pour le RND et 2,94% pour le MSP soit un total de 13,10%. Pour les élections locales APC les inscrits représentaient 18.446.626 (étrange - soit une diminution des électeurs entre l'intercale de trois mois de 313774, le Ministère de l'intérieur ayant invoqué l'assainissement des fichiers) par rapport aux inscrits, le FLN représente 11,40%, le RND 7,73% et le MSP 5,09% soit un total 24, 52%. le FLN représente 11,36%, le RND 8,68% et le MSP 4,56% soit un total de 24,60% presque semblable à l'APW. La moyenne arithmétique, élections législatives et locales, des partis du FLN/RND et MSP donne ainsi 18,85% soit à peine le un cinquième des inscrits.

Quelles leçons tirer de cette démobilisation populaire ? La première leçon fondamentale est la prise en compte tant des mutations mondiales qu'internes à la société algérienne avec le poids de la jeunesse qui, parabolé, a une autre notion des valeurs de la société. Cela se constate à travers la baisse progressive du poids des tribus, des confréries religieuses et de certaines organisations syndicales (dont l'UGTA), du fait de discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiales et locales. La deuxième leçon est l'urgence de revoir le fonctionnement du système partisan et de la société civile. En effet, la Constitution de 1989 et la loi du 5 juillet de la même année ayant consacré et codifié le droit des citoyens à créer des partis politiques, un nombre considérable de formations politiques ont vu le jour, souvent sans véritable programme, ni perspectives sérieuses, se manifestant ponctuellement principalement à l'occasion de rendez-vous électoraux du fait des subventions de l'Etat (instrumentalisation de l'administration). En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappent la majorité d'entre eux, de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles, même ceux siégeant dans la coalition gouvernementale, sont dans l'incapacité aujourd'hui de faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique, le marché politique, me semble-t-il, devant être conçu comme axe central de la restructuration et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d'acteurs qui s'y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Quant à la société civile, sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société ajoutent à cette confusion, qui est en grande partie liée au contexte politique actuel, et rendent impératif une réflexion qui dépasse le simple cadre de cette contribution. Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique, elle reflètera les grandes fractures survenues dans le système politique algérien. Sollicitée à maintes reprises, et à l'occasion d'échéances parfois cruciales, et souvent instrumentalisée à l'instar des micro-partis créés artificiellement, elle manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Or, une restructuration efficace n'a de chance de réussir que si les associations ne soient pas au service d'ambitions personnelles parfois douteuses. Cette situation explique que l'Algérie actuellement est en plein syndrome hollandais. Le syndrome hollandais est apparu en 1970 et fait référence aux difficultés rencontrées par l'économie hollandaise suite à l'exploitation, dans les années soixante, des réserves de gaz naturel du gisement de Slochteren. L'augmentation des exportations produit un excédent commercial et importer des biens/services devient alors plus avantageux que de les produire localement ce qui peut produire une réduction de la production nationale et donc une plus forte dépendance aux importations, un accroissement du chômage et la généralisation de la corruption (gain facile).

 Cela peut concerner également d'autre ressources naturelles comme cela a été le cas de l'Espagne avec la découverte de l'or en Amérique Latine qui aussitôt épuisé a conduit l'Espagne à une récession de plus de deux siècles. Le budget de l'Etat est ainsi essentiellement alimenté par une fiscalité pétrolière comme l'économie algérienne ,98% d'exportation les hydrocarbures et 75% des besoins es ménages et entreprises importés moyenne 2007/2010. Cela explique que malgré le pré- programme 1999/2003 (7 milliards de dollars US), le programme 2004/2009, dont le montant selon le communiqué du conseil du gouvernement de novembre 2007, à 200 milliards de dollars US, et le nouveau programme 2010/2014 de 286 milliards de dollars dont 130 sont des restes à réaliser du programme 2004/2009 les résultats sont mitigés. Et à ce jour aucun bilan n'a été dressé par les pouvoirs publics se contentant de relater les réalisations physiques à dominance d'infrastructures (70% de ces dépenses) sans se préoccuper des couts et des impacts réels. Aussi sans une gouvernance renouvelée revalorisant le travail et l'intelligence posant la problématique d'une transition démocratique véritable, qui aurai un impact positif sur le développement économique il ya fort à parier que des tensions sociales de plus en plus fortes se manifesteront dans les années à venir en Algérie au niveau interne que l'on calme transitoirement par la distribution de rente pour une paix sociale fictive, versement de salaires sans contreparties productives ne pouvant que conduire à terme à l'inflation que l'on comprime artificiellement par des subventions et au niveau international par un isolement croissant de l'Algérie. Et en cas de malaise social occultant les dysfonctionnements de la société, en fait la refondation de l'Etat, du fait que le blocage est d'ordre systémique, (taux officiel de croissance, de chômage, d'inflation artificiels gonflés par la rente des hydrocarbures) la mentalité bureaucratique est d'installer des commissions de pondre des lois. Or l'Algérie comme c'est le cas de la corruption qui prend une ampleur inégalée depuis l'l'indépendance politique, a les meilleurs lois du monde mais que contredisent quotidiennement les pratiques sociales. L'objectif stratégique est de garantir une participation citoyenne active et non formelle, pour éviter le divorce Etat/citoyens. L'important est de tirer les leçons, afin de débloquer la situation politique, économique et sociale caractérisée par le statu quo et l'immobilisme, en fait la panne de la réforme globale. En d'autres termes, la réforme devrait renvoyer pour une efficacité réelle à la refondation de l'Etat algérien pour plus de libertés au sens large, à savoir le respect des libertés économiques , la décentralisation , la commune devant passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables citoyennes, politique syndicales, culturelles, des droits de l'homme, la protection de la femme et de l'enfance, et le renforcement du dialogue des cultures par la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident au sein de l'espace euro-méditerranéen et arabo-africain, espace naturel de l'Algérie.