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Le métal rouge s’enflamme

par Akram Belkaid, Paris

Avec l’or, le cuivre est le métal vedette du moment. Après une hausse continue de ses prix en 2010, il a même atteint, début février 2011, un plus haut historique de 10.000 dollars la tonne. Les conséquences de cette flambée sont nombreuses parmi lesquelles une augmentation des vols de cuivre dans le monde entier, comme par exemple en France ou en Allemagne où des malfrats n’hésitent pas à sectionner les fils électriques qui alimentent le réseau ferroviaire. Les ferrailles ainsi que les chantiers de construction sont eux aussi visés, preuve que l’on peut se faire de l’or en barre avec du cuivre…
 
Demande en hausse, offre en berne

Plusieurs raisons expliquent cette flambée des cours de ce que l’on appelle aussi le métal rouge. Il y a d’abord le fait que c’est un excellent indicateur avancé de la conjoncture mondiale. Dès les premiers frémissements de la croissance économique, les achats de cuivre se multiplient car ce métal est présent dans presque tous les secteurs notamment l’automobile, l’électronique mais aussi les télécommunications. Anticipant une hausse des cours, nombre d’opérateurs – sans oublier les spéculateurs – procèdent à des achats précoces, ce qui, mécaniquement, renforce la tendance haussière. A l’inverse, quand la conjoncture menace de se retourner, comme c’est le cas en ce moment en raison des risques de ralentissement de l’économie du fait de la hausse du pétrole, les prix du cuivre se replient. Actuellement, ils sont ainsi revenus à des niveaux proches de 9.000 dollars la tonne.

L’autre raison de la hausse est structurelle. Depuis quelques années, très peu de nouvelles mines de cuivre ont été mises en service tandis que celles qui existent commencent à vieillir. De plus, des pays producteurs comme le Chili ou la Bolivie ont connu d’importants mouvements sociaux qui ont mené à des fermetures plus ou moins longues de sites, certains d’entre eux nécessitant des rénovations. On le comprend, cette baisse de l’offre, dans un contexte mondial marqué par une forte demande, ne peut que doper les prix. Selon l’International Copper Study Group, un organisme qui analyse le fonctionnement du marché, 400.000 tonnes de cuivre devraient manquer en 2011. Une prévision qui oblige certains opérateurs à trouver du métal à n’importe quel prix. C’est le cas de la Chine qui à elle seule représente 40% de la consommation mondiale.

Mais la fête du cuivre risque de ne pas durer au-delà de 2012. Comme c’est souvent le cas lorsque le prix d’un produit augmente trop, les consommateurs ont trouvé des substituts moins chers. Il y a le plastique pour la robinetterie, la fibre optique pour les télécommunications et enfin l’aluminium (moins de 2.000 dollars la tonne) pour les composants électriques. D’ores et déjà, l’industrie automobile a commencé à introduire celui qu’on appelle le métal blanc (ou gris) mais les défis techniques restent importants surtout en ce qui concerne les véhicules électriques. A terme, la part du cuivre dans l’industrie électrique devrait néanmoins diminuer au profit de l’aluminium qui reste plus abondant et donc plus abordable.
 
Le temps de l’aluminium

Cette perspective de montée en puissance de l’aluminium conforte la stratégie de certains pays producteurs de pétrole et de gaz naturel qui ont décidé de valoriser leur énergie en se dotant de capacités de transformation de l’alumine, matériau de base pour le métal blanc. C’est le cas notamment des pays du Golfe dont Dubaï et Bahreïn. Un choix longtemps critiqué car les marchés européens et nord-américains leur étaient pratiquement fermés du fait de législations protectionnistes. Une situation qui perdure mais qui a moins d’importance car, désormais, la demande de substituts du cuivre vient surtout d’Asie. Métal rouge contre métal blanc, le match ne fait que commencer…