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L'association des consommateurs a son bulletin    

par Ziad Salah

L'initiative est certes louable mais souffre de deux écueils: l'audience et le timing. Il s'agit du bulletin «Ouyoun El Moustahlik» (Regards du consommateur) qu'a diffusé gratuitement l'Association de la défense du consommateur de la wilaya d'Oran. Commençons par souligner que cette association, dont le champ d'intervention est des plus larges, demeure méconnue par la grosse majorité des consommateurs. Son bulletin spécial devant coïncider avec le mois de ramadan est sa première grande sortie sur le terrain.

Notons que ce bulletin, rédigé en langue arabe, ne porte aucune indication sur son éditeur : ni adresse du siège de l'association ni numéro de téléphone où les consommateurs peuvent prendre contact avec elle.

D'autre part, hormis l'éditorial signé par le président, le reste des papiers, au nombre de six, ne porte aucune signature. Etalés sur quatre pages de format A4, ces papiers sont assortis de photos. Ce bulletin n'a pas connu une très large diffusion.

Uniquement un ou deux buralistes du quartier Akid Lotfi le mettent à la disposition de leur clientèle. D'autre part, son arrivée sur le paysage médiatique (même si c'est un gratuit) intervient pratiquement à la fin du mois de carême alors que c'est un numéro spécial ramadan.

La lecture de l'éditorial et des deux gros titres de la première page nous instruit sur l'orientation de ce bulletin et de ses éditeurs. Il fonctionne à l'impératif.  D'ailleurs les deux titres sont significatifs: «Habitudes qu'il faut bannir » et « Pièges qu'il faut combattre ». Le premier évoque le commerce d'un certain nombre de produits sur la voie publique sans la moindre considération pour l'hygiène.

Le second soulève la question de l'usage répandu des balances non homologuées. Contentons-nous de souligner que ces sujets sont souvent traités par la presse de large audience.

Quant à l'édito, il s'est intéressé à la nécessité de la rationalisation de la consommation, présentée comme un impératif religieux. Il culpabilise presque le consommateur au moment où celui-ci s'est surtout plaint de la hausse des prix des produits de consommation.

Deux autres papiers de la dernière page retiennent l'attention : le premier concerne la publication des prix des produits et le second soulève la question de la publicité mensongère. Un sujet aussi vaste traité en quelques lignes. Mais nous retiendrons que ce papier « écorche » certains opérateurs de la téléphonie mobile sans toutefois les nommer.

Ce bulletin gagnerait à se départir de sa dimension moralisatrice d'une part pour une orientation beaucoup plus pédagogique. Ce qui manque au consommateur qui se sent lésé par un commerçant c'est justement connaître les recours juridiques notamment qui sont à sa disposition pour le recouvrement de son droit.

Ces griefs ne diminuent en rien le mérite de ce bulletin et de ses éditeurs. Il est un jalon dans la culture de défense du consommateur, un grand manque relevé en Algérie et dans tous les pays arabes.