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Flambée de la location: Marsat Ben Mhidi victime de son succès

par Cheikh Guetbi

Le rush attendu au village balnéaire de Marsat Ben Mhidi, dans la wilaya de Tlemcen, qui devait être amorcé à partir de la fin du mois de juin, n'a finalement pas eu lieu.

Ce joyau, qui a connu des aménagements, a eu droit cette saison à une affluence plutôt timide, qui n'est pas uniquement liée à la date retardée des vacances universitaires et des résultats du bac, mais bel et bien aux prix pratiqués en matière de location, estimés excessifs.

 Longtemps décriés par les vacanciers, les prix exagérés sont la principale raison à l'origine d'un recul notable de l'affluence, laquelle semble cette saison connaître son plus bas niveau de la dernière décennie. C'est durant les années 90 que cette plage, fréquentée jusqu'alors par les seuls habitants de l'extrême ouest du pays, dotée d'atouts naturels et de sites vierges, dont la situation frontalière l'a quelque peu épargnée des contraintes de la décennie «difficile», a attiré puis séduit les vacanciers des autres régions, dont le nombre s'est accru pour atteindre les 8 millions. Mais le flot semble connaître une relative régression. La saison estivale actuelle, à cause du mois de ramadhan qui pointe déjà, se limite finalement à la seule deuxième quinzaine de juillet, durant laquelle les prix ont flambé. A regarder de près les tarifs pratiqués en matière de location, les vacances seront bientôt inaccessibles pour les bourses moyennes.

Les nouveaux propriétaires ne semblent pas faire dans la demi-mesure en proposant des prix de location hors de portée. Ainsi un F1 est loué à 3.500 DA/jour, tandis que le F2 est proposé entre 5.000 et 9.000 DA/jour ! Des prix qui contraignent la majorité des estivants à chercher ailleurs pour passer les vacances, d'autant plus qu'à côté les moyens de camping sont quasi inexistants.

«Les prix excessifs ont tout gâché. Ce sont les dernières vacances que je passerai à Port-Say. Avec le même budget, je peux m'offrir de meilleures vacances en Tunisie ou au Maroc. Pour l'équivalent de 4.500 DA/jour, je suis logé et nourri dans un hôtel classé», dira cet estivant d'Alger, découragé par les prix pratiqués.

Malgré les prix, desquels le Trésor public ne tire pas un sou, ces résidences affichent complet pour cette quinzaine de juillet : plus de place pour les bourses moyennes, lesquelles attendent des jours meilleurs avec l'approche du ramadhan. Le moindre espace est optimisé mais chèrement, à l'image de garages où s'entassent des familles pour la modique somme de 2.500 DA/jour.

Les prix des produits alimentaires ont également atteint un seuil intolérable. La cherté dans cette ville balnéaire entraîne la désertion des habituels vacanciers qui préfèrent maintenant aller voir ailleurs.

«Les nouveaux aménagements réalisés à coup de milliards, tels le front de mer, la route périphérique et bien d'autres, ainsi que l'imposant renfort déployé par la sûreté de wilaya et la Protection civile pour le confort et la sécurité des vacanciers, et ce avec l'argent du contribuable, ne profitent finalement pas à ce dernier, qui, devant les prix pratiqués, subit silencieusement la canicule loin de la mer», s'indigne cet enseignant de Maghnia. Et d'ajouter : «Quel avantage tire cette station des milliards qui sont brassés dans le cadre de la location, du commerce et de la restauration ? Quasiment rien !».