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Les raisons du «ras-le-bol» des producteurs, selon Reda Hamiani

par Salim Rabia

Le patron du FCE, Reda Hamiani, persiste et signe dans sa critique de la politique économique du gouvernement malgré les attaques en «défaut de patriotisme» dont il a fait l'objet de la part de la porte-parole du PT (Parti des travailleurs).

Dans un entretien à paraître cette semaine dans l'hebdomadaire Les Afriques, Hamiani, regrette une «forme d'autisme» de la part des pouvoirs publics qui se manifeste par un refus de concertation. Aujourd'hui, estime-t-il, «avec le cumul du Credoc, le certificat de garantie et le visa statistique, les procédures sont suffocantes. L'administration n'est plus du tout dans le temps des affaires».

 L'ancien ministre des PME estime que le FCE n'est pas dans une logique de «rapport de force» mais cherche surtout à convaincre et fonctionne comme un Think Tank. Il considère qu'il est néanmoins dans l'obligation de donner de la voix dès lors que les mesures prises par le gouvernement, «sans concertation», ont une «répercussion directe sur le fonctionnement des entreprises».

 Pour lui, la «correction» de la politique économique aurait eu du «sens» si elle avait été accompagnée de mesures en faveur des producteurs. Or, le gouvernement n'a pas fait dans la distinction. «Les producteurs souffrent de la lourdeur de l'appareil d'approvisionnement. Ils sont désorientés, exaspérés. La confiance est largement effritée. Nous avons des remontées de partout : c'est le ras-le-bol». Selon lui, la règle des 51/49% en matière d'investissement introduite par le gouvernement était «fondamentalement bonne» car elle fait travailler des partenaires algériens. Cependant, une concertation avec le FCE aurait permis d'éviter que la généralisation de la mesure à tous les secteurs ne la rende contreproductive. «L'Algérie a besoin de maintenir de l'attractivité et l'effet d'annonce maximale des 51% agit comme un repoussoir pour les étrangers».

Une idée féconde, une application contreproductive

 Pour Selon Hamiani, il y a un étonnant paradoxe à n'imposer que 30% de capital national dans le commerce et l'imposer à 51% dans l'investissement industriel étranger. A la limite, il était possible d'imposer 100% de capital algérien pour le commerce car l'on n'a pas besoin de «savoir-faire» pour vendre des voitures. «Par contre dans l'industrie oui, nous avons besoin des IDE. Il aurait fallu inverser les mesures : imposer seulement 30% de capital national dans l'investissement industriel étranger et 51% ou plus dans le commerce».

 Les choix, non concertés, du gouvernement font de l'Algérie le pays le moins attractif du Maghreb «alors que dans l'approche l'idée d'introduire des partenaires algériens dans les IDE était féconde».

 La «correction» de la politique économique introduite avec la LFC 2009 n'a pas donné lieu à une explication et ne s'est pas accompagnée d'un marketing politique. L'Algérie qui pendant des années a œuvré à travers le discours de ses responsables à démontrer qu'elle était ouverte aux investisseurs étrangers a «en peu de temps, totalement brouillé l'image d'un pays ouvert» constate Reda Hamiani. «Le résultat est là, plus personne ne vient», note le patron du FCE en soulignant que son organisation œuvre à convaincre les partenaires étrangers que «détenir en Algérie 49% du capital équivaut, compte tenu de la configuration de marché, à en détenir 100% ailleurs? Nous avons besoin des IDE et au FCE, nous continuons à travailler pour les attirer».