Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'Afrique se perd dans le dédale du formalisme

par G. O.

Dès que le président sortant de l'UCESA a rappelé que le Burundi a fait sa demande d'adhésion, la polémique commence. Le président entrant, celui du CES de la Guinée, qui venait d'arriver, avait proposé à son homologue du Burundi de formaliser sa demande à Alger. «Il peut nous donner un écrit sans entête et sans sceau pour sortir du cadre du formalisme,» a-t-il dit. «On reste légaliste,» lui rétorque le responsable burkinabé. «Tout en restant Africain, on peut aller à la technologie avancée, vous pouvez prendre contact avec votre secrétaire pour qu'elle vous envoie la lettre avec le sceau, et vous la signez avant de partir,» lui suggère Babes. «L'AG a admis le Burundi, le président va envoyer une lettre de la confirmation, une fois de retour, pourquoi tout ça ?», interroge l'Ivoirien. «Il a promis de remettre un document authentique,» renchérit le Malien. «C'est la foi qui compte, on n'a pas besoin d'écrit,» estime le Tchadien. «Les règles que nous établissons nous-mêmes, nous cherchons à les violer, il faudra faire les formalités exigées par nos textes», rebondit le Béninois. «Il faut une résolution de l'AG qui engage l'institution à être membre,» ajoute le Sénégalais. «Il faut un peu de célérité, quand les principes sont connus, il ne faut pas s'attarder sur des points qui nous font perdre du temps», souligne le Mauritanien. «J'en appelle au respect des accords et des consensus, hier soir, on a accepté l'adhésion du Burundi, il faut l'entériner,» recommande le Malien. «Le Burundi est là-dedans avec nous, on a tranché la question», rappelle Babes. «On mélange tout,» grogne l'Ivoirien qui revient à la charge en accusant le bureau de ne pas savoir faire. «Je n'ai jamais dit que j'étais contre l'adhésion, j'ai dit qu'il faut la formaliser par une lettre,» lâche le président en exercice. «Je regrette franchement que nous ayons perdu autant de temps sur une seule question, c'est vraiment pour rien du tout. Je ne suis pas tellement pressé. C'est parce qu'aujourd'hui, vous avez dit qu'on peut aller au-delà du formalisme, je pourrais remettre ma lettre la prochaine AG,» explique le président du CES du Burundi. A ceux qui pensent qu'il doit consulter avant de le faire, il répond, «j'ai vraiment tous les pouvoirs, je suis le seul à engager le conseil vis-à-vis de l'extérieur. On doit arrêter là, on examinera la demande lors de la prochaine AG.» Babes réagit «je ne suis pas d'accord, hier on vous a admis !» Le Congolais estime que «le débat nous renvoie très loin derrière.»

 Pour entendre dire l'Ivoirien «le problème vient de votre bureau, notre ami du Burundi a été contrarié, ce n'est pas à cause des 2 millions de cotisations (?)». Le Tchadien s'adresse au représentant du Burundi et lui lance : «on n'a pas su ce que vous avez décidé, mon frère, il ne faut pas tant tenir compte de tout ça, quand tu rentreras, envoies un mot à l'AG.» «Le problème ne vient pas du bureau, on a perdu du temps pour rien, on a reçu des lettres de la Mauritanie et de la Centre-Afrique, la question est tranchée, le Burundi est admis au niveau de l'UCESA, nous lui demandons de se mettre en règle,» déclare le président sortant. L'assistance applaudit.

 Qualifiée dans les coulisses de «belle escarmouche» par un membre du CNES, ce semblant de prise de becs n'était pas le dernier lors de la séance d'hier. Le débat autour des modalités d'adhésion du Burundi à l'UCESA en a enregistré pas mal. Le débat, aujourd'hui, sur la refondation de l'UCESA s'annonce plus chaud. Il se tiendra au palais des Nations, en début d'après-midi, après l'inauguration du siège de l'Union à proximité de celui du CNES algérien.