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Anniversaire UGTA-nationalisation des hydrocarbures : quelles perspectives ?

par Abderrahmane Mebtoul

L'anniversaire du 24 février portant simultanément nationalisation des hydrocarbures et la naissance de l'UGTA s'est déroulé dans une atmosphère morose sur fond de scandales financiers.

Comment ne pas rappeler également le scandale Khalifa où le secrétaire général de l'UGTA affirmait qu'il prenant l'entière responsabilité du placement de l'argent des travailleurs dans cette banque, de la majorité de la direction de l'UGTA, députés , percevant plus de trente millions de centimes par mois , donc loin des préoccupations des travailleurs quia assistent dans leur majorité avec le retour à l'inflation , devant éviter un indice global de peu de signification mais analyser la répartition du revenu par couches sociales, à la détérioration de leur pouvoir d'achat. Peuvent-ils, après cela, avoir toujours une autorité morale auprès des travailleurs ? Concernant le secteur des hydrocarbures, la situation actuelle rend de plus en plus urgent le management stratégique et une transparence de la gestion de Sonatrach en précisant que la société recèle une majorité de cadres, de techniciens et d'ouvriers spécialisés foncièrement honnêtes.

 1.-Selon le classement du Petrolum Intelligence Weekly (PIVV) dans son rapport de fin 2008, Sonatrach est la 13ème compagnie mondiale ( 12ème en 2007) , ce classement associant les compagnies internationales privées et les sociétés nationales autour de quatre critères (les réserves de pétrole et de gaz, la production de pétrole et de gaz , la capacité de raffinage et les ventes de produits pétroliers) , Sonatrach étant classée 7ème groupe mondial par la taille de ses actifs, 13ème pour le bénéfice net , 22ème pour le chiffre d'affaires, et 25ème pour le nombre d'emplois. En fait, Sonatrach est la plus importante société algérienne, qui emploie plus de 50.000 salariés et avec ses filiales 125.000 personnes et a réalisé en 2008 un bénéfice net de près de 9,2 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires annuel de 80,8 milliards de dollars, selon son dernier rapport financier. Elle est surtout le principal fournisseur en devises de l'Algérie avec 98% des recettes en devises du pays. Elle représente 45% du produit intérieur brut évalué à 160 milliards de dollars moyenne 2008/2009 à prix constants, mais en réalité avec les effets indirects de plus de 80% (le bâtiment travaux publics , hydraulique et bon nombre d'autres secteurs étant tirées par la dépense publique via les hydrocarbures) soit une valeur ajoutée directe et indirecte de 110 milliards de dollars. Sonatrach est donc le véritable moteur de l'économie algérienne, un fournisseur essentiel de revenus d'exportations, de revenus fiscaux, d'emplois directs et surtout indirects à travers la dépense publique via Sonatrach irriguant l'ensemble des autres secteurs et il ya lieu d ?éviter d' invoquer des données fantaisistes de taux chômage et de taux de croissance hors hydrocarbures de 10% devant les replacer dans leur véritable contexte .

 2.- Les récents scandales ont porté un large préjudice tant à la société qu'à l'image de l'Algérie sur le plan international d'où l'importance de tracer des pistes d'action car malheureusement, récemment, Sonatrach est sortie de ses métiers de base malgré la faiblesse de ses ressources humaines et surtout faisant double emplois avec d'autres départements ministériels notamment dans le dessalement d'eau de mer, récemment dans la production du ciment, l'aviation et projetant de fonder des banques , cette dispersion à vouloir faire tout à la fois grâce à des ressources financières qui sont la propriété de la Nation, a nuit d'ailleurs à son management global stratégique. Il est urgent qu'elle revienne à ses métiers de base évitant cette dispersion inutile, devant d'ailleurs procéder comme je l'ai suggéré il ya de cela trois années, à une réorganisation institutionnelle gouvernementale, pour plus de cohérence, car on ne peut imaginer une politique industrielle sans les Mines qui devrait être rattachées au département industrie. Rendre plus efficiente Sonatrach suppose donc plusieurs actions stratégiques : la replacer dans le contexte national et international ; un audit financier , la consolidation actuelle du bilan de Sonatrach ne pouvant déterminer exactement les centres de couts du fait de la faiblesse de la comptabilité analytique , un audit des immobilisations corporelles et surtout non corporelles ; -un système d'organisation au temps réel se fondant sur des réseaux et non plus sur l'actuelle organisation marquée essentiellement sur une vision hiérarchique verticale ; la gestion du partenariat et des contrats et une gestion rationnelle des ressources humaines par des formations permanentes, devant revoir les méthodes de promotion actuelles qui n'ont pas eu les effets positifs sur le terrain, encore que les intentions étaient parfois bonnes, par la mise en retraite anticipé des cadres ayant atteint l'âge de 60 ans ce qui est une aberration et a fait fuir de nombreuses compétences hors Sonatrach sans que n'était préparé la relève. L'objectif pour ne retenir que l'essentiel est donc l'évaluation objective du bilan des contrats, des coûts prévus et ceux effectivement réalisés, du partenariat et l'impact de la généralisation des avis d'appel d'offres et des contrats gré à gré prévus par la loi, l'évaluation de la position financière de Sonatrach, ses perspectives et sa structure des coûts d'exploitation, tenant compte des comparaisons internationales( projets similaires). Pour concrétiser cette opération un dialogue permanent doit être instauré avec l'ensemble du collectif des travailleurs à tous les niveaux car il y a lieu d'impliquer l'ensemble des structures concernées Car la nouvelle gouvernance tant locale que celle des entreprises ne saurait reposer sur le dicktat mais implique de comprendre la sensibilité des femmes et hommes qui composent tant la société que de l'entreprise tenant compte de la morphologie de la société ( relations complexes entre institutions formelles et informelles produit de la bureaucratie) , l'anthropologie culturelle ayant comme l'a montré brillamment l'économiste indien prix Nobel d'économie ayant un impact sur le fonctionnement tant des institutions que des organisations.

 3.-En résumé, Sonatrach, société par actions et propriété exclusive de l'Etat devra faire face aux mutations quant à son nouveau rôle de société économique et commerciale créatrice de richesses et aux changements dans son mode de fonctionnement en vue d'évoluer dans un environnement international de plus en plus concurrentiel. C'est que les réserves d'hydrocarbures vont vers l'épuisement, 16 ans pour le pétrole, 25/30 ans pour le gaz tenant compte de la forte consommation intérieure, étant démontré que l'Algérie a 1% des réserves mondiales de pétrole et 3% pour le gaz car on peut découvrir des milliers de gisements (chaque algérien a sous sa maison des réserves de gaz mais à quel profondeur ) mais non rentables financièrement à des coûts faramineux D'une manière générale , la gestion de la rente de Sonatrach qui est la propriété de tout le peuple algérien implique sa gestion démocratique. Cela renvoie en fait à l'instauration de l'Etat de droit et de l'urgence d'une gouvernance renouvelée. La rente de Sonatrach faisant vivre la majorité de la société algérienne, cela pose la problématique de la sécurité nationale. Car Sonatrach est l'Algérie et l'Algérie est Sonatrach.