Qualifié d'assassinat perfide par le procureur général, la première affaire traitée par le tribunal criminel a vu la condamnation des deux principaux inculpés à une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour chacun d'eux alors que le troisième accusé a bénéficié de la relaxe pure et simple. Les faits de cette malheureuse affaire remontent au 24 avril 2009 quand des éléments des services de sécurité ont découvert, à Bou Ismaïl, la dépouille du dénommé A.Omar, 26 ans, qui se trouvait sur le bord du CW 69. Le cadavre fut transporté vers la polyclinique de Bou Ismaïl où il fut identifié par sa mère, car aucune pièce d'identité n'avait été trouvée sur lui. L'enquête diligentée aussitôt permit de remonter jusqu'aux dénommés Ch.M le principal instigateur, S.M et F.K qui étaient connus comme des amis du défunt, surtout le premier nommé.

 En effet, d'après la mère de la victime Ch.M était si intime avec son fils qu'il se rendait chez eux, qu'il y séjournait et qu'il y mangeait, au même titre que ses enfants et qu'elle le considérait comme l'un d'eux.

 Ce qui amena les deux amis à se détester au point que l'un d'eux tue l'autre qui sera découvert petit à petit par les enquêteurs, grâce à des recoupements, des témoignages et surtout les aveux des accusés, acculés dans leurs derniers retranchements. Ainsi, l'accusé principal, un commerçant de meubles, aurait demandé à la victime de l'aider à tuer l'un de ses créanciers à qui il devait une très importante somme d'argent, et devant son refus, il essaya de lui coller une affaire en justice.

 Au cours de l'audience, l'accusé nia la préméditation et affirma qu'il n'avait nullement l'intention au début de le tuer, sauf que la victime aurait sorti un couteau et que, pour se défendre, il parvint à le lui enlever pour le retourner contre lui. Le président lui fit remarquer que, selon le rapport du médecin légiste, la victime a reçu plusieurs coups de couteau au niveau des poumons et du ventre, ainsi que sur la paume des mains, ce qui indique que la victime a tenté de se défendre. Quant au deuxième accusé, il nia toutes les accusations retenues contre lui et affirma qu'il était avec le principal accusé et la victime dans la voiture du premier cité quand il fut surpris par Ch. Mourad qui donnait de violents coups de couteau à leur ami. Il affirma qu'il a pris peur et qu'il s'est sauvé aussitôt, laissant la victime se débattre dans son sang. Le troisième accusé déclara qu'il était loin du lieu du meurtre et qu'il n'a été cité que parce qu'il avait eu plusieurs contacts par téléphone avec l'accusé. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public devait faire ressortir la traîtrise des deux inculpés et le manque de pitié pour celui qui a été longtemps leur ami et demanda, à la fin de son réquisitoire, la peine capitale pour les deux premiers accusés et une peine de 5 ans de prison pour le troisième. La défense essaya de faire admettre que la faute incombe en premier lieu à la victime qui a soutiré de l'argent à son ami en le faisant chanter et demanda au moins les circonstances atténuantes. Après délibération, le tribunal condamna les deux principaux accusés à 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre avec préméditation alors que le dernier inculpé bénéficia d'un non-lieu.