Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Contribution à la prise en charge de la jeunesse

par Meraihi Hocine *

Dans le cadre de l'intersectorialité et mettant à profit les textes existants, des initiatives ponctuelles et réfléchies peuvent aider à l'amélioration de la situation de prise en charge de la jeunesse.

Sur le plan de l'information en milieu de jeunes

Les P.I.J (Point d'information jeunesse) en tant que structures existantes n'ont pas ou peu joué leur rôle dans l'information et l'orientation de la jeunesse. Au niveau des établissements de la jeunesse, à l'université ou au sein des lycées, ils sont quasi inexistants, malgré les recommandations de la tutelle (circulaire 178 du 2 juin 1998, relative à la généralisation des P.I.J) A ce propos, il faut noter cette initiative positive du secteur de la formation professionnelle, qui a doté les établissements qui relèvent de sa compétence, de cellules d'accueil et d'information.

 Ces cellules, animées par des psychologues que le ministère recrute, forme et installe au niveau de ces structures, sont d'un apport certain pour l'intégration des jeunes stagiaires, non seulement sur le plan de la formation, mais aussi sur le plan de leur socialisation.

 Par cette initiative, les établissements de formation professionnelle, ont réussi à concevoir une forme élaborée de P.I.J Cet exemple est à méditer notamment dans les plus grands regroupements de jeunes que nous ayons aujourd'hui, à l'exemple des résidences et des campus universitaires.

Sur le plan de l'animation

Le dispositif alternatif que nous comptons proposer consiste à introduire les activités d'animation au sein de l'école en confiant cette lâche à des équipes pédagogiques mixtes (éducateurs, conseillers, inspecteurs, psychologues enseignants-chercheurs).

 Cette manière de faire peut être expérimentée dans un premier temps, évaluée par la suite et enfin généralisée si les résultats sont probants. Pour cela le C.I.A.J (O.D.E.J), semble être le cadre approprié dans la mesure ou les études, sondages etc. font partie intégrante de ses missions.

 Les créneaux horaires seront détermines en dehors de l'organisation. Scolaire (Mardi - samedi- vendredi en général).

 La couverture géographique est à déterminer selon la proximité des établissements scolaires de manière à faire de la maison de jeunes un pivot.

 Les programmes d'animation seront déterminés d'une manière rigoureuse et souple afin qu'ils soient attractifs et ne pas être perçus par 1'élève comme une charge pédagogique supplémentaire.

 Un dispositif d'évaluation périodique sera établi à l'effet de mesurer grâce à des tests de type statistique et psychologique, l'impact de l'introduction de l'activité d'animation sur des aspects liés au rendement scolaire et au comportement selon les besoins de la recherche.

 Des techniques d'évaluation seront mises en place grâce à des tests de personnalité mesurant l'évolution du comportement ou des tests de connaissances concernant les acquisitions de 1'élève.

 Nous ne nous étaleront pas sur certains aspects techniques nécessaires, liés à la recherche tels que la maitrise de la population expérimentale ou l'élaboration des tests ou encore la maitrise des variables d'étude à ce niveau de la réflexion. Nous estimons qu'une telle démarche pourrait suggérer une nouvelle conception de la gestion du temps libre chez le jeune dans les limites qui lui sont assignés (population scolarisée).  

Elle pourrait aussi montrer le chemin à d'autres actions en direction d'autres catégories de jeunes (Les sans-emploi et les jeunes travailleurs?) en collaboration avec d'autres acteurs (animation de quartier avec le mouvement associatif et les collectivités locales par exemple).

 Les résultats escomptés à l'aboutissement de cette conception peuvent se résumer à :

-Toucher un plus grand nombre de jeunes, le nombre actuel étant statistiquement insignifiant au regard des efforts consentis par l'Etat et la place de la population juvénile dans la société.

- Contribuer à juguler le phénomène de violence juvénile et les autres fléaux sociaux.

- Susciter la faculté d'éveil et d'intérêt à l'école chez le jeune enfant.

- Créer une situation de besoin social en cadres formés et assurer ainsi une relance de l'activité de formation du secteur de la jeunesse et des sports d'une part et d'une autre part assurer au produit de la formation une prise en charge sur le plan budgétaire par la collectivité nationale dans le cadre de la solidarité gouvernementale en direction de la jeunesse éducation - justice - Sante - collectivités locales...)

Sur le plan de l'encadrement et de l'organisation : Création de

nouveaux profils

professionnels

En effet, la création de nouveaux profils de formations spécialisées permet de sortir des sentiers battus de l'éducateur des établissements de jeunesse-fonctionnaire qui se suffit de réunir un groupe de jeunes à animer et se contenter des prescriptions de charges et d'horaires définis par les statuts.

- En collaboration avec l'enseignement supérieur, ces formations peuvent être pensées à partir des diplômes de licences en sciences humaines et sociales.

 Des Masters professionnels spécialisés fournissant un encadrement qui peut être d'un apport appréciable à la politique jeunesse. (L'université Paris 10 a crée un Master-Cadre d'intervention en terrains sensibles-au sein du département des sciences de l'éducation, selon une approche globale, engagée et sensible dont l'objectif est d'impliquer les acteurs de terrain et être utile à l'amélioration de l'activité éducative et sociale, selon ses concepteurs.)

 Il faut noter a ce propos que les statuts des personnels de la jeunesse et des sports de 1991(décret 91/187 du 01/06/1991), prévoient le profil de conseiller pédagogique de la jeunesse qui est recruté parmi les titulaires de diplômes universitaires en sciences sociales et humaines.

 Cependant, la méfiance séculaire, une des règles établies dans le secteur de la jeunesse, à tout ce qui sort des techniques d'animation traditionnelles, a fait que ce profil ne soit jamais formé.

Réorganiser l'activité de la maison de jeunes

- La prise en charge des jeunes devra être une vocation avant d'être un métier.

Nous pensons être conséquents en considérant l'intérêt d'impliquer plus d'associations dans la prise en charge des jeunes, car le travail associatif prend son essence justement dans celle-ci.

 Les membres du mouvement associatif, bénévoles ou salariés, dans des domaines aussi variés que la protection de la nature, l'assistance aux personnes malades, la vulgarisation scientifique et l'alphabétisation, apportent chaque jour les preuves de leur dévouement.

- La conception de l'éducateur de jeunesse doit être redéfinie dans la dimension de l'éducateur-socialisateur et non plus dans celle actuelle de l'éducateur-animateur.

 L'occasion est offerte à la tutelle d'apporter les clarifications nécessaires dans le cadre de la refonte des statuts en cours.

- La conception de l'établissement, devra quant à elle évoluer jusqu'à sa dénomination, pour céder la place à un véritable forum où le jeune scolarisé ne se sente pas dans une école-bis, et où le jeune désœuvré retrouve en y allant ,des groupes d'appartenance.

- Les techniques d'animation en vigueur aujourd'hui, (musique, théâtre, arts plastiques..), ne doivent plus être une fin en soit, (et constituer un facteur d'exclusion de certaines catégories de jeunes dont le niveau culturel et l'intérêt n'est pas conforme aux exigences de l'apprentissage de ces activités). Si nous voulons les définir, nous dirons qu'elles constituent en réalité une panoplie d'outils didactiques mise à la disposition de l'éducateur dans le but d'intégrer le jeune dans un groupe. Donc de le socialiser dans l'acception de la sociologie Durkheimienne. Force est de constater, cependant que cette notion de techniques d'animation (notion appropriée si l'on est), a subie un dérapage ancestral, dirions-nous.

 En effet, l'accès à la formation des éducateurs a toujours été conditionné par la maîtrise,par le candidat,d'une activité artistique (musique;dessin?) Les éducateurs sont quant à eux classés,dans leurs établissements d'affectation,selon une spécialité artistique (éducateur en arts lyriques,arts plastiques?)

 Les activités dites scientifiques, d'adoption récente,ont eu beaucoup de mal à s'intégrer dans le monde de la maison de jeunes, et avant cela, dans les programmes de formation des éducateurs. Parler de conseillers pédagogiques formés parmi les diplômés de l'enseignement supérieur en sciences sociales et humaines (prévu du reste par les statuts, comme dit précédemment), a dans ce contexte, toujours soulevé l'ire des tenants de l'orthodoxie de l'animation traditionnelle. Dans les programmes de formation, les matières artistiques ont toujours pris le pas sur les autres matières et notamment les sciences humaines, considérées comme accessoires. Ainsi, l'on a toujours considéré l'éducateur, comme un animateur artistique.

 C'est d'ailleurs la représentation qu'il a de son rôle et que nous avons mesurée dans une étude récente.

- Pour cela, et afin d'accréditer la conception de l'éducateur socialisateur d'autres activités, devront être identifiées par des sondages à effectuer (par et pour l'O.D.E.J.) auprès des jeunes selon leurs intérêts actuels, et intégrées dans la panoplie de l'établissement de jeunesse. Les activités liées à l'internet, à l'informatique, aux jeux vidéo, à la téléphonie mobile.Sont les activités les plus en vogue dans le monde de la jeunesse de nos jours.

* université Mentouri Constantine