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Huit et six ans de prison requis dans une affaire de viol

par H. Saaïdia

Elle devait certainement faire un gros effort moral au moment où elle confrontait à la barre son violeur. Se présenter devant le tribunal, dans une audience publique, comme victime de viol, n'est guère une chose aisée, notamment dans une société telle que la nôtre. Aziza, la trentaine, tombée sous les griffes d'une bande de truands sans foi ni loi, alors qu'elle se rendait à son travail, s'est surpassée hier à l'occasion de son procès qu'elle attendait avec impatience depuis cette cauchemardesque journée estivale du vendredi 26 juin 2009. Elle aurait pu, certes, rester chez-elle et se faire représenter par un conseil comme il en arrive très souvent dans pareils cas. Mais sa non présence, du reste compréhensible, aurait été, d'une manière ou d'une autre, profitable aux accusés. La défense aurait, à coup sûr, exploité la défaillance de la victime pour semer encore davantage le doute sur la véracité des faits consignés dans l'acte d'accusation et brouiller ainsi les cartes. Voilà l'une des raisons qui ont poussé la jeune femme à répondre présente à la convocation de la justice, malgré l'extrême délicatesse de la situation. Ses droits au plan civil, la victime s'en est désistée. L'acte sexuel en soi est reconnu sans détour par le principal accusé, S.T. Celui-ci dit, cependant, que c'était «avec son consentement». La victime, soutient avoir été violée, sous la menace, par S.T, dans une vallée sèche, alors que ses trois compères, dont son petit frère, faisaient les «anges gardiens» à un jet de pierre. Ce jour-là, vers 15h, soit près d'une heure après la prière du vendredi, Aziza se rendait à son boulot, dans une usine dans la zone industrielle de Hassi Ameur, où elle travaillait comme agent de sécurité. Débarquant d'un Karsan, il lui restait près d'un kilomètre à parcourir à pied pour rallier la Z.I. Arrivée à hauteur du chemin de fer qui passe à côté du bourg, elle remarque un individu faire l'œil à ses copains. Elle comprend vite qu'elle en est l'objet. Ses doutes se transforment en certitude après que S.T l'intercepte et l'apostrophe. Il veut savoir qu'est ce qu'une jeune femme, étrangère, fait ici par un vendredi. Elle lui répond qu'elle allait à son travail, en lui montrant son badge d'agent de sécurité en guise de preuve. Cela ne dissuade pas pour autant l'agresseur, qui veut aller au bout de ses intentions bestiales. En la menaçant violemment, il la met dans un dilemme : soit accepter d'accomplir l'acte avec lui et se mettre ainsi hors de la portée de ses trois copains forcenés, soit refuser et subir dans ce cas là un viol collectif. N'ayant plus le choix, la malheureuse opte pour le moindre mal, si tant est qu'il existe un moindre mal dans cette situation critique. S.T assouvit son désir bestial, sous la surveillance indiscrète de ses acolytes. Aziza, qui ne croit pas à ce qui lui est arrivé, arrive à son travail et relate d'emblée sa mésaventure dans le poste de police de l'usine, amorçant aussitôt une expédition punitive menée par les collègues du travail. S.T et «consorts» seront arrêtés dans la même journée. Le P.G a requis 8 ans fermes contre le premier pour viol, 6 ans fermes contre les trois autres pour association de malfaiteurs et complicité de viol.