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La recherche universitaire : force de frappe des USA

par Akram Belkaid, Paris

 A quoi tient la puissance d’une Nation ? Les réponses peuvent être variables mais il en est une qui fera toujours l’unanimité. Il s’agit de la santé de ses universités et de leur capacité à être en phase avec les besoins de la sphère économique. Dans cet ordre d’idée, il n’est pas rare non plus que l’on cherche à savoir si les activités de recherche de ces universités sont en amont de découvertes et d’innovations technologiques pour l’émergence de nouveaux produits ou procédés. Des découvertes qui contribueraient au dynamisme de l’économie et à la création d’entreprises et d’emplois. Un cercle vertueux qui exige des ressources financières importantes et où les Etats-Unis continuent de tenir le haut du pavé.

L’exemple des Etats-Unis

 En décembre dernier, la National Science Foundation (NSF) a, en effet, publié son classement en matière de financement des universités américaines. Et ses chiffres sont éloquents. En 2008, les campus étasuniens ont reçu un total de 52 milliards de dollars à titre de contribution pour leurs travaux de recherche (49,5 milliards de dollars en 2007 et 47,7 milliards de dollars en 2006). La ventilation de ces fonds témoigne des choix stratégiques du gouvernement américain, premier contributeur pour les universités (voir ci-après). Près de 19 milliards de dollars ont ainsi été consacrés aux sciences du vivant (10,7 milliards de dollars pour les sciences médicales et 6,3 milliards de dollars pour la biologie fondamentale). Cela confirme la volonté américaine de continuer à dominer le marché mondial de la santé.
 A l’inverse, le montant « modique » de 1,8 milliard de dollars consacré à l’environnement laisse perplexe et incite à se demander si, finalement, les Etats-Unis ne sont pas en train de perdre l’occasion d’être à la pointe de la révolution du « green business ». On sait que Washington parie sur les innovations technologiques pour limiter le réchauffement climatique mais une telle stratégie devrait reposer sur des investissements plus conséquents en matière de recherche universitaire. Il est évident que le futur «google» de l’économie verte ne pourra émerger sans un socle solide constitué notamment par un tissu universitaire dédié à la recherche sur l’environnement. Deux autres enseignements majeurs peuvent être tirés du bilan établi par la NSF. En premier lieu, il y a le fait que le financement de la recherche universitaire aux Etats-Unis est avant tout une affaire de fonds publics. Contrairement à une idée reçue, c’est bel et bien l’Etat qui soutient cette activité et non le secteur privé. De fait, les fonds fédéraux représentent 60,2% des 52 milliards de dollars consacrés à la recherche contre 20% provenant des financements institutionnels, notamment ceux des fondations, et 6,5% issus de l’argent versé par les municipalités et les Etats. A l’inverse, les fonds versés par les entreprises à la recherche universitaire n’atteignent que 5,5% des 52 milliards de dollars. Un chiffre qui devrait être médité, notamment en Europe mais aussi au Maghreb où se multiplient les réformes destinées à rendre les universités plus dépendantes de financements non-étatiques.

Un financement sélectif

 Le second enseignement est moins surprenant. Sur les quelque 4.200 établissements universitaires étasuniens, seule une cinquantaine bénéficie des 52 milliards de dollars. C’est la conséquence d’une politique délibérée qui veut que ne soient financées que les universités qui obtiennent des résultats en matière de recherche, qu’il s’agisse de résultats probants (brevets, découvertes, etc…) ou académiques (Nobel, publications,…). Cela signifie qu’aux Etats-Unis, la recherche n’est accessible qu’à une minorité d’universités et cela contrairement à ce qui se passe par exemple en France, ou même en Algérie, où chaque établissement peut prétendre, du moins en théorie, à mener ce type d’activité.