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Quand l'entreprise va, tout va

par Abaci M'hamed *

Suite et fin

En partageant ainsi les raisons et les préoccupations, une importance particulière doit être accordée aux importations comme un enjeu d'ouverture sur l'international et non une fatalité et dès lors elles peuvent être considérées à notre sens comme un transfert de richesses liées à la production de biens et de services dans notre pays.

 Comme étant en effet une prospérité matérielle au profit des agents économiques et des ménages et visant également à rapprocher davantage nos agents économiques du monde de l'économie avec objectifs l'apprentissage aux règles et mécanismes universelles. Il est bien évident, elles jouent un rôle important dans la diversification des activités économiques et commerciales et doivent être au coeur d'une nouvelle politique sur le commerce extérieur notamment d'instaurer une nouvelle conscience d'ouverture économique pour un projet d'un modèle fondé sur une croissance externe par un développement de filiales directes génératrices d'exportations, d'emplois et par voie de conséquence le développement de l'industrie nationale au moment où la situation se résume à très peu de performances et d'absence de perspectives à l'international qui manquent grandement à l'économie algérienne et ce, malgré encore une fois du fort potentiel technico-industriel avec un taux d'utilisation et intégration relativement faible. L'important est donc de convertir nos importations dans le sens des parts de marchés et créer de nouvelles valeurs d'activités économiques et commerciales à l'économie nationale. On retiendra donc, la création d'entreprise de plus en plus importante et le développement du négoce est une solution vitale et pérenne pour notre système économique, financier et social.

 Donc, il serait judicieux de concevoir cette mesure dans le cadre d'une nouvelle vision des échanges commerciaux de nos entreprises avec le reste du monde pour renforcer et développer notre économie de production dont nous avons une importante industrie restant dépendante et ayant un lien étroit avec ces échanges nécessaires au développement de l'outil industriel à savoir : les taux d'intégration et d'utilisation des capacités industrielles sont relativement faibles et qui ont toute leur importance et méritent qu'on s'y intéresse pour mettre en évidence les conditions à souscrire aux agents économiques de gérer et développer activement les importations dans l'esprit et la culture d'entreprise qui pourraient parfaitement générer une croissance externe associée à une croissance interne soutenue car l'économie ne se décrète pas, ça se fait et se développe. Cette disposition vient donc soulever la problématique de notre système productif et financier qu'il est beaucoup plus dépendant de la rente pétrolière que de l'offre de la production nationale.

Effectivement, nos entreprises ne jouent aucun rôle à l'international pour que les importations soient un relais de croissance et d'être également un acteur dans le développement durable dans la mesure où l'économie d'entreprise n'arrive pas à dépasser les 2% du total de nos exportations et 5% du PIB. Ainsi, l'entreprise algérienne reste à la marge à savoir sans une structure économique active et créative. Cela ne facilite pas le financement des importations puisque les ressources financières de l'Etat ne sont plus comme par le passé dans une option d'économie planifiée. D'où, la nécessité aujourd'hui, pour les agents économiques, d'utiliser rationnellement et efficacement leurs ressources. La réalité est là, à savoir 50% de nos revenus provenant de la rente pétrolière financent les importations. De là, se pose un droit de regard de l'Etat sur le financement de l'économie nationale. C'est un préalable nécessaire et indispensable pour donner tout le sens de l'enjeu de cette mesure dans le commerce extérieur où une économie mondiale en puissance est en train de se mettre en place. On laisse imaginer donc les conséquences économiques, financières et sociales de l'Algérie après-pétrole.

Cela souligne donc l'urgente nécessité à l'Algérie de se doter d'un nouveau système de gouvernance et de gestion des entreprises et des banques qui développe de nouveaux mécanismes de la micro-économique et ce, au plus tôt possible comme étant l'une des mesures avec laquelle nos entreprises peuvent s'ouvrir sur le monde de l'économie et par voie de conséquence ouvrir le marché aux investisseurs pour développer et attirer une croissance externe de soutien à la production nationale. Car il faut le dire, ce n'est pas normal dans une économie de marché on fait appel aux fonds publics pour financer le commerce et les services des sociétés à caractère industriel et commercial de droit privé. C'est bien l'heure de marquer une nouvelle phase de réformes économiques et financières qui va permettre aux banques et aux entreprises de jouer pleinement un rôle plus responsable dans la vie économique avec plus d'ouverture économique. En effet, gérer une entreprise, c'est surtout créer, innover et développer en plus de l'acte de produire. Pour cela, la réforme de l'entreprise s'impose. D'où, le devoir de transparence et d'Etat de droit s'imposent également. Cela mérite encore une fois l'organisation de grands débats sur la situation de l'entreprise en Algérie sous le thème : quel modèle de gouvernance et de financement pour promouvoir une économie d'entreprise orientée vers l'industrie et le marché dans un contexte mondialisé et globalisé. En outre, la nécessité de la création d'un cercle d'experts indépendants en économie, finance et droit des affaires autour de l'économie d'entreprise afin de pouvoir agir en tant force de propositions en matière de stratégies d'entreprises et de préparer les meilleures conditions possibles de passage à une économie durable hors de la rente des hydrocarbures. Cela nous oblige bien à développer un système productif au moment où l'Algérie a un atout extraordinaire, ses zones et complexes industriels implantés dans chaque wilaya qu'il suffit de mobiliser.

 Cela doit susciter l'attention notamment, privilégier l'option de développement des relations commerciales et économiques par le commerce extérieur. C'est surtout la perspective de pouvoir développer une croissance externe notamment, de disposer de nos importations dans la valeur ajoutée de nos entreprises dans une dynamique industrielle voire pour une plus grande relance de l'économie nationale à laquelle doit reposer la politique économique du pays. C'est pourquoi les importations sont un élément constructif qu'il y a lieu de rentabiliser dans une approche économique notamment un apport effectif pour une relation harmonieuse dépenser pour gagner en PIB et en actifs économiques voire encore «l'Argent doit être dépensé quand il faut et économisé quand il doit l'être », c'est dans cet esprit-là que l'évolution des importations doit être cernée et perçue pour notre économie de production où l'heure est à l'urgence de maintenir et renforcer la cohésion sociale, l'emploi, le pouvoir d'achat, la stabilité et de là à ce que l'Algérie doit aussi se doter d'une politique de change active afin que les importations ne soient pas pénalisées par une monnaie nationale trop dévaluée alors que les exportations hors hydrocarbures restent trop faible à moins 2% qui aggravent justement le déséquilibre de notre balance commerciale et notre balance de paiement, et donc susceptibles de surévaluer davantage nos importations et le coût des investissements sans rentabilité économique notamment pour un meilleur rapport entre importations et croissance, puisque l'entreprise en économie de marché doit exporter plus et produire au moindre coût possible. Faut-il alors parler d'importations mal contrôlées, mal maîtrisées, surévaluées ou secondaires? Pour cela, on peut donner un exemple édifiant où il est dit à une époque que le Japon importait des voitures russes reconnues pour leur qualité supérieure en tôles non pas pour les besoins de leur marché en revente en l'état, mais tout simplement pour leur retransformation, d'où l'entreprise japonaise produisait l'équivalent de deux à trois véhicules avec Made in Japan.

De notre point de vue est de faire ressortir la positivité, et il ne s'agit pas de creuser sur le sujet du crédit documentaire (CREDOC), qui s'avère une bonne chose notamment approprié dans le nouveau contexte financier du pays, mais insuffisant sur le plan interne et il faudrait à notre sens agir énergiquement sur la problématique de la ressource humaine, de la performance et du développement de nos entreprises ainsi, sur leurs perspectives. Il apparaît donc aux pouvoirs publics, d'aller aujourd'hui au fond de l'état des lieux de notre économie d'entreprise et de ses rouages qui montrent beaucoup d'efforts restent à accomplir et qui est bien l'élément principal de la crise économique et sociale qu'il faudrait bien résoudre aujourd'hui. En somme, l'évolution de la politique du commerce extérieur et de l'économie en général doit être cernée dans une démarche autocritique positive. En effet, une nouvelle fois, nos banques et nos entreprises viennent de montrer qu'elles sont mal gouvernées et par voie de conséquence de mettre le pays devant des situations difficiles et complexes que l'Etat a dû assumer en matière de financement de l'économie, d'emploi, de croissance, d'attrait des IDE et sans toutefois oublier de souligner l'effort consenti par l'Etat dans la réalisation d'investissements productifs et d'importants assainissements financiers répétitifs. D'où l'Algérie dispose aujourd'hui d'un énorme potentiel industriel qui nécessite un plan de valorisation pour asseoir les bases d'un développement industriel. Cela suppose donc qu'il n'y a pas eu d'avancées majeures dans nos réformes économiques notamment nos entreprises sont restées fermées sur elles-mêmes. Ce qui nous incite à aller plus loin en plus de cette mesure (crédit documentaire) pour rétablir l'espoir et la confiance tendant à disparaître au niveau du management, des valeurs du travail et des valeurs humaines parce qu'une économie forte et développée ne peut être que le résultat des hommes forts aux sens des responsabilités, compétences et intégrité, pour offrir ainsi un avenir économique et social notamment une économie d'entreprise qui est l'expression fondamentale du budget de l'Etat, de la croissance, des technologies, du progrès, de la citoyenneté, enfin de l'indépendance économique si on veut réellement s'orienter sur la production nationale dont dépendra nos capacités à y substituer les importations en nette hausse et par conséquent pour en faire de nos entreprises le fondement économique et financier du système budgétaire en matière de fiscalité ordinaire qui s'avère relativement faible dans la structure des ressources du pays et un lieu opérationnel stratégique de la richesse, et placer l'excédent à l'exportation. Cela dit, c'est le véritable objectif à atteindre aujourd'hui dans nos importations qui doivent engager un nouveau cycle d'exploitation et de financement pour l'élargissement et le développement de l'offre afin de créer une économie de production et de marché. En somme, développer un nouveau modèle de la micro-économique qui apporterait la stabilité et le développement à notre système économique, financier et social.

 Et enfin, ce qu'on peut retenir essentiellement sur la question du crédit documentaire dans le paiement des importations.

 D'une manière générale, cet instrument bancaire à l'importation est l'acte par lequel une banque s'engage à la demande de son client (importateur) à payer un fournisseur (exportateur) sur la base d'un contrat commercial dûment négocié et établi pour régir les rapports importateur et banque auquel, la banque de l'importateur s'appuiera pour la domiciliation et l'ouverture d'un crédit documentaire (document contre paiement). Un mode de paiement moins avantageux en matière de coût et de délai de livraison des produits et matières voire dans le rapport coût/avantages. Mais plus avantageux en matière de traçabilité et de sécurité des transactions.

 Le contrat commercial comme étant une condition à toute ouverture du crédit documentaire comprend les clauses contractuelles essentielles ci-après :

- La marchandise à livrer.

- Le montant de la transaction.

- La qualité et le prix.

- La date d'expédition.

- La date limite du crédit.

Aussi, l'autre condition exigée au client de détenir des fonds lors de la domiciliation bancaire que sa banque doit provisionner pour le compte de l'exportateur (fournisseur). Alors que dans la pratique d'avant, il y avait les possibilités de deux modes de paiement sur l'étranger : le transfert libre et la remise documentaire (REM-DOC). Un mode de paiement plus avantageux en matière de coût, de délai de paiement et de livraison des matières et produits. Mais, moins avantageux dans la traçabilité ou la visibilité des transactions.

 Les différentes formes de crédit documentaire à l'importation :

- Crédit documentaire provisionné totalement.

- Crédit documentaire provisionné partiellement.

- Crédit documentaire non provisionné (conditionné par une ligne de crédit bancaire).

- Crédit documentaire refinancé avec différé de paiement.

 En somme, à quoi sert ce formalisme ?

- Avantage l'exportateur (vendeur) par rapport à l'engagement de payer souscrit par la banque de l'importateur (acheteur).

- Pénalise l'importateur (acheteur) dans la mesure où la provision est exigée 100% et plus à l'ouverture du crédit documentaire.

- Engage la responsabilité de la banque par rapport l'engagement de payer. Mais avec un gain d'activité important. Donc, la banque aura tout à gagner de cet instrument imposé comme mode unique de paiement des importations.

Mais force est de constater que ce n'est pas d'avoir instauré le crédit documentaire que l'on va améliorer la gestion et le contrôle de nos importations. Sincèrement, cela ne peut suffire, il faut désormais progresser rapidement dans la relation commerciale banque/entreprise qu'il faut absolument améliorer et développer à savoir : mettre en place des structures d'appui spécialisées au financement des entreprises dans l'objectif de valorisation et développement des capacités industrielles actuelles pour débloquer totalement la machine de production voire les projets de recherches, de l'innovation et des technologies. Cela nécessite d'avoir un personnel efficace et performant car les relations actuelles fonctionnent avec un rapport de contrainte héritées de l'économie administrée, et elles ne peuvent donc répondre aux nouvelles exigences économiques.

 Il s'agit aujourd'hui de doter les banques d'un bon pouvoir financier renforcé pour assurer réellement sur le terrain leurs missions et leurs attributions conformément à leur statut actuel de droit privé. Désormais un plus grand rôle dans la micro-économique pour la cohérence et l'optimisation des ressources financières entre les importations et les exportations effectuées par des agents économiques. En effet, nos banques ne se contentent pas seulement d'un rôle de banque-caisse. Mais, de banques d'affaires notamment : construire et repenser la coexistence entre banques et agents économiques (entreprises) fondée sur la négociation crédible et transparente, trouver des partenaires aux entreprises, développer des prises de participations et de crédits à la croissance voire pourquoi pas pour la recherche et l'innovation. Mais pour cela, on doit réfléchir à définir un cadre judicieux de négociation qui permettrait de développer la relation commerciale et financière au service de l'économie. D'où l'impérieuse nécessité de gérer l'argent de façon saine et lisible dans cette approche sur laquelle doit reposer les deux questions fondamentales à savoir d'où vient l'argent? - où va l'argent?

 On peut conclure donc :

 Dans un objectif bien compris, nous ne devons pas avoir peur de donner une place suffisante aux importations lorsqu'elles contribuent à la valeur ajoutée des entreprises et au PIB du pays où il suffit de rentabiliser celles-ci dans l'économie nationale notamment le maintien et le développement des capacités installées et la relance de l'économie?

 On voit bien que les importations relèvent par ailleurs d'un apport important dans l'approvisionnement du pays pour assurer la croissance et la valeur ajoutée des entreprises ainsi, les besoins essentiels des ménages et de la population en général. En effet, comme nous l'avons souligné tout au début, l'entreprise en tant agent économique est assurément d'une richesse inestimable à préserver et à développer par l'ensemble des institutions de l'Etat ainsi de la société civile et politique. C'est dans cet esprit-là que notre fierté doit être comprise et manifestée avec rigueur pour la bataille de notre développement durable.

*Directeur financier