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Lalla Er-Rouya, «la nonne» de Tlemcen

par Faïza Dib / Kaouadji

Elle vivait à Tlemcen il y a quatre siècles, dans le quartier zianide qui s'appelait autrefois le quartier des Archers (Haret Errema), où habitait une population plutôt bourgeoise. Si l'on en croit la mémoire collective tlemcénienne, la nonne musulmane était douée d'une grande puissance surnaturelle, car elle expliquait les dangers, prédisait l'avenir et guérissait toutes sortes de maux.

 On raconte que jusqu'au début du 20e siècle, de nombreux malades et infirmes venaient se recueillir auprès du tombeau, avant de repartir totalement rétablis. On assure même que le miracle était aussi accompli lorsqu'on s'abreuvait de l'eau d'un puits creusé dans le patio de la mosquée, une eau qui procurait, ajoute-t-on, une sensation de bien-être à celui qui en consommait !

 Elle était notamment «recommandée» aux personnes sujettes au mauvais oeil ou sur lesquelles on avait jeté un mauvais sort. Ainsi, le breuvage sanctifié exorcisait les djinns et chassait les convulsions, cette maladie maudite de l'enfance. Bien des mères désolées sont venues demander à ce bienfaisant breuvage la vie de leurs petits enfants. Dieu, satisfait de leur bonne foi, les a souvent exaucées ! Un reste de cette vertu miraculeuse est demeuré attaché à son tombeau.

 La mosquée d'Er-Rouya est toujours là, à «Haret Errema», depuis une date fort ancienne. Sa dernière restauration date de 2001. Elle a subi également une reconstitution presque totale vers la fin du 18e siècle, à l'époque ottomane, lorsque l'ancien édifice menaçait ruine.

 C'est ce monument restauré que nous connaissons aujourd'hui. Son vaisseau est petit : il consiste simplement en une coupole flanquée de 2 traversées. Les murs sont nus et sans ornement. Le minaret, trapu et fort délabré, est sans doute un reste de la construction primitive.

 Si les mosquées ont également la vocation de centres d'enseignement théologique, d'éducation, de décision, l'édifice de Lalla Er-Rouya, par son caractère architectural, ressemble plus à un mausolée qu'à une mosquée proprement dite. Il était destiné à abriter le tombeau de la vénérée sainte Lalla Er-Rouya.

 Repose en paix, chère nonne !