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45e anniversaire de la disparition de Cheikh Larbi Bensari (1860-1964) : Du pessimisme dans l'air

par Salim El-Hassar *

El-Kortobia, association pour la vulgarisation, la défense et la promotion de la musique andalouse de Tlemcen, a célébré, le 24 décembre 2009, le 45e anniversaire de la disparition du grand maître de la musique andalouse, Cheikh Larbi Bensari (1860-1964). Cette cérémonie, organisée au siège de l'association à l'initiative de Cheikh Salah-Eddine Boukli, un des derniers grands défenseurs de cette musique à Tlemcen, a réuni les grandes figures de l'art musical andalou, parmi eux des musiciens, des esthètes et des présidents d'associations.



 L'évènement a revêtu, comme à l'accoutumée depuis de nombreuses années, le caractère d'une grande rencontre mémorielle mais aussi d'évaluation, avec souvent de riches discussions abordant la question essentielle concernant le patrimoine, sa protection et sa valorisation. Cette, année le pessimisme était plus dans l'air en raison du repli accusé par la cité dans ce vaste domaine de l'art et de la culture, où la mission dans ces deux segments a sensiblement ralenti d'effet la ferveur des associations. Ce ralentissement, de l'avis général, est dû à deux causes essentielles, qui sont la disparition du festival national de la musique andalouse, qui a réduit sensiblement les motivations de travail et, par là, de valorisation du patrimoine, et le manque et l'absence d'une véritable politique culturelle.

 Dans cette cité patrie de poètes et de musiciens qui ont contribué énormément à l'enrichissement du patrimoine dans ses volets classique et populaire, la disparition du festival national, prise par ukase, continue de faire de longs commentaires.

 Elle paraît pour plus d'un injuste et injustifiée dans cette cité qui semble être reléguée dans son passé, oubliant les noms des grands noms de la littérature et de la musique et dont l'oeuvre constitue une partie du corps poético-musical de l'héritage maghrébin.

 Abi Djamaa (15e siècle), Al-Mandassi (17e siècle), Abi Ameur et Bouletbag, Benmsaïb (18e siècle), Zaatan et Bensahla (19e) et d'autres sont parmi les grandes figures de ce patrimoine très peu connu de par le passé et l'oeuvre de ses producteurs dans les différentes dimensions de cet art que sont: san'aa, haouzi, haoufi, gherbi, zendani, medh... Le bilan qui est fait, fait ressortir notamment la disparition ou la mise sous éteignoir de nombreuses associations telles Aoutar Tilimsan, qui a formé plus que n'importe quelle autre association de grands musiciens. Dans son allocution, le maître de la musique andalouse Salah Boukli a rappelé les grandes dates liées à la vie de Cheikh Larbi Bensari, évoquant la mémoire de ce maestro dont la forte personnalité artistique et musicale équivaut pleinement à son savoir large et étendu et qui a légué à l'école algérienne de musique andalouse les beaux restes qui sont jalousement conservés à ce jour. Il évoquera la stature internationale de ce grand artiste qui, pendant tout le vingtième siècle, fut un digne représentant de l'art musical andalou en Algérie à la fois au Caire, à Istanbul, à Paris, à Tunis, à Fès... avec de nombreuses distinctions. Il citera dans son allocation les musiciens de la généalogie des grands maîtres de la musique andalouse qui ont moins mérité d'honneur encore comme Médouni dit «Makchiche», Benchaabane, Bensmaïne...

* Auteur, producteur