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Dépenser quand il faut et économiser quand il faut

par Abaci M'hamed *

Le projet du budget de l'Etat pour l'année 2010, élaboré et présenté par le pouvoir exécutif avec des indicateurs économiques et financiers excellents, soutenus par une aisance financière macro-économique très favorable, permet la continuité

de la mobilisation de gros moyens financiers et concerne principalement les dépenses d'investissement.

Cela promet la réalisation de grands projets d'intérêts publics devant déboucher sur le bien être général et la relance des activités économiques. S'avère ainsi, le poumon de l'économie et la collectivité nationale. Cela dit, un élément-clé de stabilité et de régulation socio-économique. Il est ainsi, question pour nos députés et sénateurs d'une véritable mobilisation dans la perspective, de parfaire notre économie nationale dans le processus de la mondialisation qui crée un environnement propice de promotion et d'avenir des investissements directs étrangers (IDE) et des technologies voire la délocalisation d'unités industrielles. Combien important et nécessaire pour une meilleure appréhension des nouvelles mesures de la loi de finances complémentaire devant s'inscrire dans l'esprit et les fondements de l'économie de l'entreprise sur laquelle se construit une véritable économie de production et de partenariats comme nouvelles perspectives pour les grands enjeux de l'économie nationale qui font en effet, la vraie croissance et le développement durable. Notamment, grâce à cette approche judicieuse du pouvoir législatif, les investisseurs vont certainement avoir confiance en notre politique économique en donnant à l'entreprise une position centrale dans le processus des réformes économiques plaidant l'ouverture, la démocratie et l'Etat de droit. Or, aujourd'hui, nous constatons qu'après vingt années de réformes économiques nos entreprises et nos banques se montrent incapables de s'adapter aux règles et mécanismes de l'économie universelle et d'apporter des propositions ou des solutions en ce sens à l'économie nationale. On se retrouve donc dans une situation de contre-performance de notre système économique et budgétaire et ce, malgré d'importantes capacités technico-économiques et de liquidités apportées par l'Etat. C'est pourquoi, il faut un changement radical de notre système de gouvernance et de gestion d'entreprise, dont notamment, l'homme qu'il faut à la place qu'il faut doit retrouver sa place. C'est cet aspect là qui constitue le vrai nœud de la crise actuelle dont l'Etat continu à subir voire la collectivité nationale. Effectivement, cette faiblesse persistante de l'économie d'entreprise qui pénalise le taux de croissance et les résultats économiques et financiers d'ensemble et avec tout ce que cela engendre comme manque à gagner au budget de l'Etat (collectivité nationale). D'où l'importance accordée pour instaurer un processus de réflexion permanent autour de la micro-économique porteuse de projets d'entreprise, progrès et de développement durable. C'est là, les efforts et les actions de la politique budgétaire assurant une meilleure cohérence et efficacité entre le système institutionnel de l'Etat et le pouvoir législatif qu'il est souhaitable à mettre sa contribution pour redynamiser et développer nos potentialités industrielles actuellement sous exploitées à moins de 5% du PIB. Ainsi, renforcer et développer l'équilibre entre importations et exportations hors hydrocarbures dont doit dépendre à l'avenir le budget de l'Etat.

 Quand donc, aurons-nous de véritables débats sur la micro-économique en termes d'innovation, de technologies, de recherches afin de développer l'offre et la compétitivité de nos entreprises pour réduire notre dépendance des importations et s'installer à l'international. Là, nous estimons que la culture industrielle doit être instaurée et développée. Pour atteindre cela, il faut s'ouvrir sur les potentialités nationales en réalisant des partenariats et donner une grande place à l'investisseur et à l'homme. Effectivement un pays développé aujourd'hui, c'est d'abord ses ressources humaines ensuite ses ressources matérielles et financières. Il reste à savoir donc, si cette loi de finances complémentaire, qui revient à chaque fois dans l'actualité nationale, va être accompagnée d'un mouvement de dirigeants compétents et de valeurs humaines. En effet, donner un costume à celui qui sait le porter, le préserver et le mettre en valeur et ce afin d'affirmer la ferme volonté à apporter un changement réel à sa base, savoirs et compétences, une force majeure du progrès et du développement.

L'impératif d'un management d'entreprise s'impose avec force avec les hommes animés de la culture économique, des sciences, des techniques de la gestion et enfin, des qualités morales exemplaires pour retrouver le chemin d'une bonne relance de nos zones industrielles existantes dans chaque wilaya. Un acquis de la collectivité nationale, si chèrement payé sur la dépense publique où le taux d'investissement avait atteint jusqu'à 40% du PIB dans les années 1970/1980. De quoi faire aujourd'hui, un atout incontournable qu'il faut considérer sérieusement d'une part pour la pérennité et la performance de notre système économique et budgétaire. Et d'autre part, la construction d'une puissance économique régionale ?Afrique/Arabe dans le nouveau paysage de la nouvelle économie. En effet, aujourd'hui, nous sommes à l'heure de la mondialisation et la globalisation de l'économie donc, réfléchir en terme international. C'est généralement là que le budget doit être conçu comme un moyen d'organiser l'économie.

 On peut s'attendre donc à des débats d'orientation sur notre politique budgétaire qui plaide la micro-économique, le véritable enjeu de l'économie Algérienne et la source génératrice de ressources fiscales dont doit reposer aujourd'hui, la politique budgétaire, un rôle en première ligne de l'APN et du conseil de la nation, en tant forces de propositions, de pouvoirs législatifs et d'acteurs sur la scène politique. Cela doit constituer un aspect majeur d'un nouveau projet de politique budgétaire du pays auquel doit reposer les choix et les formes de la future économie et en finir avec la rente et l'esprit beylical qui persistent encore dans l'organisation et la gestion de nos entreprises. D'où l'activité économique s'est sensiblement dégradée par rapport aux potentialités de production dont elles disposent. Et c'est là, que nos honorables députés et sénateurs doivent donc, soulever les questions nécessaires qui peuvent assurer la promotion et la consolidation de l'économie de production sachant que l'Etat ne peut se séparer dans l'esprit de régulation et de politique économique. Pour notre part, il est de plus en plus évident que l'on ne peut dissocier le budget de l'Etat de la micro-économique en terme valeur ajoutée et ressources fiscales. Ils se posent donc, un nombre d'interrogations qui appellent la clarté dans les aspects pratiques de gestion et de mangement pour instaurer un nouvel ordre économique dans nos entreprises dans le contexte actuel des mesures amorcées dans la loi finances complémentaire.

1. Avons-nous aujourd'hui, un modèle d'économie d'entreprise ?

2. Dans l'esprit de beaucoup, l'économie c'est l'Etat, quel est alors précisément son rôle ?

3. Y a-t-il économie de marché dans nos entreprises et qu'en est-il aujourd'hui à l'heure de ces grands rendez-vous de la globalisation de l'économie ?

4. Est-il possible d'exercer l'économie de marché avec des entreprises à capitaux publics (EPE) ?

5. Qu'en est-il aujourd'hui dans la gestion et le fonctionnement de nos entreprises à l'heure de la mondialisation?

6. Les reformes économiques ont-elles abouties à changer les esprits et les méthodes de gestion?

7. Avons-nous une élite dirigeante dans le fonctionnement des structures de l'économie nationale et de l'entreprise ?

8. Sur quels critères sont désignés les dirigeants et administrateurs dans les entreprises, car la ressource humaine est vitale ?

9. Comment sera-t-il possible d'attirer ou d'intéresser les investisseurs directs étrangers (IDE) dans notre pays ?

10. Nos entreprises sont elles en avance sur le marché de la zone Arabe de libre échange (ZALE) et sur le reste du monde ?

11. Est-ce que nous aurons toujours l'argent pour acheter de l'étranger ?

D'où l'importance accordée à cet instrument des finances publiques que nous considérons un excellent outil de bonne gouvernance et de haute teneur au plan politique, économique et social, mérité toute l'attention voulue de nos gouvernants et élus pour l'adapter aux nouvelles exigences de l'économie de marché et de notre adhésion future à l'OMC. S'avère ainsi, qu'on ne peut continuer à consacrer la supériorité des ressources financières sur le capital économique et humain. Il est bien évident, qu'on privilège un nouveau mode budgétaire centré beaucoup plus sur la micro-économique au lieu sur la macro-économique, cela doit constituer un aspect important et majeur de la politique budgétaire de notre pays, car, il est important de rappeler ici que nos importations et nos besoins de fonctionnement et d'équipements collectifs se tiennent relativement grâce aux revenus des hydrocarbures qui procurent 98% de recettes en devises fortes au pays qui à eux seuls ne règlent rien de fondamental sachant que l'importance économique d'un pays se crée et se développe dans l'entreprise qui est le fondement de la micro-économique pour la transformation et le développement de nos ressources voire aujourd'hui, l'élément indispensable et incontournable de la politique de relance économique C'est la raison pour laquelle le pouvoir législatif APN et conseil de la nation à asseoir une politique qui permet de mobiliser toutes les institutions de l'Etat autour de l'entreprise et ce dans tous dans les secteurs d'activités en vue d'établir une économie intégrée et d'alliances stratégiques, et par conséquent sortir d'un schéma de financement de l'économie nationale qui demeure axé autour de la rente des hydrocarbures. Cela dit, il est plus que nécessaire de développer aujourd'hui, un cadre budgétaire créatif et actif à l'économie d'entreprise en vue de mieux mobiliser les ressources au service du développement national afin de parvenir à optimiser la production nationale où nous avons une importante industrie existante dans la quasi-totalité des wilayas du pays. C'est ainsi, la loi de finances complémentaire pour 2009 S'annonce révélateur où le gouvernement semble vouloir enfin mettre de l'ordre dans le financement des importations pour encourager l'offre locale. Parmi les nouvelles dispositions apportées on trouve à cet effet, l'institution du crédit documentaire (CREDOC) l'une des principales mesures imposées comme seul moyen de paiement dans toute opération d'importation survient , faut-il le souligner, dans un contexte mondial difficile et au moment où l'actualité braque ses feux sur la crise financière internationale, l'adhésion tout récemment de l'Algérie à la zone arabe de libre échange (ZALE) et s'avère, encore une fois, que notre économie n'a pas encore atteint son indépendance en dehors des hydrocarbures. Ce qui soulève une grande inquiétude qui est celle qu'allons devenir sans les hydrocarbures ?

D'où côté bilan, il parait utile qu'on prend acte de la réalité de l'apport de nos entreprises dans l'économie nationale ? Un regard rapide et bref nous indique que le tableau de bord de notre économie d'entreprise est loin d'être satisfaisant au vu des défis qu'attendent l'Algérie à savoir : on exporte 2 milliards de dollars hors hydrocarbures contre 27 milliards de dollars d'importation en 2007 pour atteindre 40 milliards de dollars en 2008 soit près de 50% des recettes d'exportations, la production industrielle hors hydrocarbure représente 5% du produit intérieur brut (PIB), persistance de la faiblesse des flux d'investissements directs en Algérie, (IDE) la sous-utilisation des capacités installées en production, le taux de croissance reste jusqu'ici réalisé en grande partie sur les programmes de soutien à la relance économique, les coûts d'exploitations restant élevés un paramètre de gestion fondamental pour s'insérer dans une économie de marché, enfin, fuite des compétences . Par ailleurs, nos entreprises publiques économiques n'arrivent toujours pas à créer leur propre dynamique d'ouverture et de développement voire assurer leur viabilité économique et financière ce qui a profondément imprégné un mode de gestion beylical ayant influencé négativement à notre avis l'avancée des réformes économiques. Ceci étant dit, notre pays affronte bien une crise d'économie d'entreprise qui l'empêche d'être aux grands rendez-vous de l'économie avec notamment l'union européenne (UE), l'OMC et récemment la zone arabe de libre échange (ZALE).

. Ce qui a mis forcement notre pays aujourd'hui à distance d'une économie de production et de technologies voire à distance de notre intégration à l'économie mondiale où tous ses leviers sont entre les mains du groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète qui sont (USA, France, l'Angleterre, le japon, l'Italie, l'Allemagne et le canada) C'est ainsi que, le Monde fonctionne et évolue aujourd'hui auquel notre pays doit opérer les réformes en profondeur en mettant en avant les entreprises qu'il faut absolument remettre en valeur par des partenariats stratégiques pour leur développement leur ouverture et leur efficacité économique dont les pouvoirs publics sont l'acteur principal dans ce nouveau contexte de la mondialisation-globalisation. Dans ce contexte l'entreprise Algérienne n'est pas assez démocratisée et vulgarisée. C'est pourquoi, une fois de plus l'APN et le conseil de la nation ont un rôle politique important dans ce processus de la future économie d'entreprise en Algérie et dont l'évolution en dépend.

Cela, doit nécessairement nous interpeller, en effet, parler de l'économie algérienne aujourd'hui, c'est inévitablement soulever en premier lieu sa difficile gouvernance et ses multiples contraintes qui persistent et créent davantage de situations difficiles à notre pays et par voie de conséquence à notre société qui a tant besoin de progrès et de développement. En second lieu ses immenses potentialités en ressources naturelles et technico-économiques à pouvoir faire beaucoup de choses pour assurer l'emploi et la croissance. Voila, un grand sujet de l'heure qui présente pour l'avenir un sérieux problème à la pérennité de notre système budgétaire auquel on se doit d'apporter toute l'attention voulue à cette question sensible qu'il faudrait s'armer d'engagement forts de la part des pouvoirs publics, élus, dirigeants économiques et financiers Pour l'émergence d'une nouvelle culture économique d'entreprise car nous n'avons à cet effet, ni économie politique, ni de stratégies d'entreprises en puissance. En d'autres termes notre système budgétaire demeure globalement le même à savoir fondé sur la rente pétrolière pour le financement de l'économie nationale, cela amène inévitablement, à s'inquiéter et à s'interroger sur l'immobilisme économique en Algérie dont notamment nos entreprises restent très peu productives et peu recomposées dans la nouvelle économie et mérite qu'on s'y arrête pour étudier l'état des lieux et perspectives qui vise la viabilité et la cohérence entre la macro-économique et la micro-économique. D'où l'urgente nécessité d'une conférence nationale sur les finances publiques.

Sur ce sujet, Il est nécessaire et important d'instaurer le dialogue comme le recommande si bien notre religion : «On a fait de vous une société rassembleuse, de concertation et de consultation sur tous les sujets qui touchent la nation» c'est dire, le dialogue est un élément de haute valeur civilisationnelle pour apporter des éclairages et réveiller les consciences pour notre progrès et notre développement. C'est là que s'exprime le sentiment nationaliste et patriotique.

 Nous voudrions terminer en conclusion. Que l'argent doit être dépensé, quand il faut et économisé quand il doit l'être. C'est dans cet esprit là, que l'évolution de la politique et l'économie doit être cernée dans les choix et les stratégies du budget de l'Etat.

* Directeur financier

EBT. Zone industriel Tiaret