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Barack Hussein Obama: Nobel de la paix d'un pays en récession et en guerre

par Ammar Koroghli*

Voilà une année, Barack Hussein Obama a été élu à la Maison Blanche. Il est le premier Afro-Américain à accéder

à la magistrature suprême des Etats-Unis d'Amérique.

Après sa profession de foi sur la politique de changement et le fameux «yes, we can», force est de d'interroger sur les tenants et aboutissants de cette politique quant à l'équipe chargée de la mettre en œuvre, l'état de l'économie de ce pays et sa politique des affaires étrangères à l'effet de mesurer d'ores et déjà le chemin parcouru. Comme aurait dit Nelson MANDELA : «Un long chemin vers la liberté».

Un gouvernement à droite pour une politique de gauche ?

 Il me semble que la première interrogation concerne l'équipe dont il s'est entouré qui, au-delà de sa compétence réelle ou supposée, force l'attention de tout observateur car elle apparaît quelque peu en décalage par rapport aux principes que Monsieur Obama n'a cessé de clamer lors de la campagne présidentielle. Ces principes s'apparentent à des idées de gauche, ainsi celle qui semble lui tenir le plus à c_ur : la réforme du système de santé pour permettre au plus nombre d'Américains d'accéder aux soins. Ainsi, le nouveau président a-t-il désigné comme chef du SEC (Securities and Exchange Commission), l'agence fédérale qui contrôle les bourses) un Républicain, Mary L. Schapiro. Or, il semblerait que ce dernier ait été désigné membre du SEC par Ronald Reagan, outre qu'il fait partie de ces régulateurs dénoncés par Obama lui-même. En effet, M. Schapiro a préside à la destinée de la FINDRA (Financial Industry Regulatory Authority) qui est chargée de réguler les quelques 5000 maisons de courtage vendant les actions en bourse et qui n'a vu que du feu face à «l'escroquerie du siècle» de 50 milliards de dollars du courtier Bernard Madoff dont, en principe, la supervision revenait au FINDRA.

 Obama a également désigné un autre Républicain, Ray LaHood, membre du Congrès, comme Secrétaire du Transport. Le Washington Post l'a décrit comme un «conservateur» qui reçoit «des bons classements par les lobbys conservateurs» (notamment du lobby ferroviaire), outre qu'il s'est opposé farouchement aux mesures pour la protection de l'environnement. Et ce poste se révèle important dès lors que le «plan de relance» d'Obama prévoit quelque 850 milliards de dollars pour le renouvellement des transports. A cela, il faut ajouter Bob Gates comme Secrétaire de la Défense-il avait le même poste sous George W. Bush- (poste clé s'il en fut ; Arne Duncan comme Secrétaire de l'Éducation du même bord. Et, il semblerait, selon l'auteur américain Alfie Kohn (à son actif onze livres sur le système d'éducation) qu'elle ait principe de base « la fermeture d'écoles de proximité dans les quartiers, la militarisation du système, et la privatisation de la gestion des écoles publiques» ! Programme de gauche ? De même, Obama a nommé le sénateur démocrate du Colorado, Ken Salazar, comme Secrétaire de l'Intérieur, celui-ci étant, semble t-il, héritier d'une riche famille propriétaire de vastes terres dans le Far West des Etats-Unis. Il est décrit comme un démocrate...    conservateur votant davantage avec l'administration de George W. Bush qu'avec les Démocrates. Or, le Secrétaire de l'Intérieur, censé protéger les terres vierges contrôlées par le gouvernement fédéral du pillage et de l'exploitation, compterait parmi les plus grands donateurs de ses campagnes les patrons des sociétés des mines et des entreprises pétrolières ; ce, alors qu'au sein du Parti démocrate, un autre Latino-américain aurait pu sans doute occuper ce poste, Raul Grijalva de l'Arizona issu d'une famille pauvre et président du groupe parlementaire de l'aile gauche du Parti Démocrate au Congrès.

 Comment expliquer ces nominations dont il est aisé de déceler les flagrants conflits d'intérêts ? Ainsi, également celle de Carol Browner, nommée comme son « tsar d'énergie» à la Maison Blanche qui a été le chef de l'EPA (l'Agence pour la protection de l'environnent) de Bill Clinton, où elle n'aurait rien accompli pour freiner l'effet de serre. Mariée à Tom Downey, un ancien membre du Congrès, devenu un prince parmi les lobbyistes rétribués gracieusement par les multinationales dont les géants pétroliers Exxon Mobil, Chevron, et Keyspan Energy. Egalement Tom Vilsack, ex gouverneur démocrate de l'état d'Iowa et concurrent malheureux contre Obama, a été nommé Secrétaire de l'Agriculture. Or, durant sa campagne, Obama aurait promis de diminuer les subsides fédéraux aux agriculteurs car ils ont été accordés depuis des années à «l'agrobusiness», géants de l'agriculture multimillionnaires. Et, il semblerait que Vilsack ait lui-même bénéficié de subsides du ministère dont il devait assurer la direction, et, semble t-il, ne dissimulant pas avoir loué ses compétences de lobbyiste à l'agrobusiness notamment_ De même, Tom Daschle, ancien sénateur démocrate du Dakota du Sud, désigné comme Secrétaire de Santé ; poste important également quand on sait l'intérêt qu'Obama accordé à juste raison à ce secteur promu à une réforme au profit de quelque 40 millions d'Américains parmi les plus pauvres. Comment concilier cette réforme avec l'activité de Daschle qui travaillerait dans un grand cabinet d'«avocats-lobbyistes» installés à Washington ayant parmi ses clients plusieurs géants de l'industrie de la santé ? (Source Bakchich info). Et ce n'et pas tout.

 La politique budgétaire au service de l'économie ou de «l'effort de guerre» ?

 Face à la récession et à la crise économique financière, quelle politique économique et quelle politique budgétaire, compte tenu de la fin du modèle de croissance économique américain fondé sur la consommation des ménages et l'endettement, d'une part, et du transfert de nombreuses activités productives vers les pays émergents : énergie, NTIC, automobile..., d'autre part, à telle enseigne que les économies émergentes pèseraient quelque 45% du commerce mondial ? Comment donc trouver un substitut à ce modèle économique ? Sans doute que les exportations industrielles devraient prendre le relais de la demande domestique des services ; d'où la nécessaire «réindustrialisation» des Etats-Unis alors qu'il y aurait sous-investissement chronique de l'industrie américaine. Faut-il croire avec l'historien britannique, Paul Kennedy, que toute superpuissance dont la base économique ne suffit plus à financer les engagements militaires à l'étranger est condamnée au déclin ?

 Quoi qu'il en soit, le budget américain prévoit selon les chiffre officiels un déficit colossal : 1750 milliards de dollars en 2009 et de 1171 milliards en 2010. Ce déficit équivaut à 12,3 % du produit intérieur brut pour l'exercice budgétaire 2009 et à 8 % pour l'exercice suivant ; il est le plus important par rapport au PIB des USA depuis la seconde guerre mondiale. C'est dire l'importance de la crise économique que traverse ce pays. Et le monde entier avec.

 Ce budget devrait permettre à l'économie américaine de sortir de la récession. Il a été ainsi prévu 3552 milliards de dollars pour l'exercice 2010 contre 3724 milliards lors du précédent exercice ; environ 250 milliards de dollars sont prévus pour sauver les banques américaines avec la création d'un fonds de 634 milliards de dollars sur dix ans pour financer la généralisation de la couverture santé promise durant la campagne (1).  Cependant, le président Obama devrait demander plus de 200 milliards de dollars sur les dix-huit mois à venir pour financer l'effort de guerre américain dont 75,5 milliards de dollars pour 2009 pour envoyer quelque dix-sept mille soldats supplémentaires en Afghanistan. Obama, soldat de paix ? Il est vrai tout de même qu'il a fait part de son intention de diviser par deux le déficit américain d'ici à 2013 et a indiqué que son administration avait identifié quelque 2000 milliards d'économies sur dix ans et cesserait de financer des programmes d'armement inutile. Qu'est-ce-à dire armement inutile ?

 S'agissant de l'Irak dont la guerre se révèle de plus en plus coûteuse, le président américain devrait aboutir à un calendrier de retrait des troupes de combat. Rappelons qu'Obama a promis pendant la campagne présidentielle de retirer en seize mois les troupes qui y sont déployées. Alors retrait ou pas ?          Après une année de gouvernance, la question se pose toujours. Dans cette perspective, les grands projets d'armement devraient subir une rigueur budgétaire ; ainsi, avions de combat, navires de guerre et défense antimissile risqueraient d'en faire les frais comme promis par l'administration américaine. A cet effet, le journal Le Monde cite la spécialiste Loren Thompson, du Lexington Institute, pour qui : «il semble évident que les dépenses militaires américaines ont atteint leur pic en 2008 et qu'elles vont progressivement diminuer au cours des quatre prochaines années à mesure que les Etats-Unis réduiront leur présence en Irak» (2).

 Là aussi, force est de s'interroger sur le fait que les Etats-Unis, premier pays en matière de dépenses militaires et sans doute premier pays exportateur d'armes, a besoin depuis la fin de la Guerre froide de se créer de nouveaux «ennemis» pour écouler ses productions d'armement.. Israël, qui talonne les USA «en matière d'ingéniosité militaire mortifère», profite largement de ce boom de l'industrie de l'armement. Il est en effet loisible d'observer que: «Les pays occidentaux sont constamment en guerre à distance pour leurs intérêts. De plus, ils mettent en oeuvre la doctrine «zéro mort». Pour cela, ils font appel soit à des mercenaires et/ou à la puissance de la technologie... Le marché des armes est de plusieurs centaines de milliards de dollars. Les dépenses en armement ont dépassé 1200 milliards de dollars dont près de la moitié pour le Pentagone. Pour éradiquer la faim, il faut 50 milliards de dollars d'après Jacques Diouf. Le G20 a difficilement rassemblé 25 milliards de dollars de «promesses» au dernier sommet de l'Aquila » (3).·       

Ainsi, les Américains achèteraient des armes de dernière génération, même en Israël, ainsi le Skylark 160 Drone israélien. Et ce n'est pas tout puisque parmi «les armes du futur », les drones ou UAV (Unmanned aerial vehicles, «engins volants sans humains») sont l'armement-vedette de la coalition internationale réunie en Afghanistan sous les couleurs de l'Otan et des USA. Des drones américains opèreraient également au Pakistan où ils ont été engagés ces derniers mois dans une campagne controversée «d'assassinats ciblés»... Les forces américaines disposeraient aujourd'hui de 5500 engins d'observation ou de combat de type UAV, de tous types et volumes, soit trente fois plus qu'en 2001. Ainsi, Une noria de drones Predator et Reaper, armés de missiles Hellfire, opèrent dans le ciel afghan, à partir notamment des bases de Bagram ou Kandahar. Au total, l'US Air force et l'US Army disposent en Afghanistan comme en Irak d'une panoplie de trente-cinq types d'appareils (...) ; ce outre les robots dont l'un baptisé «Big Dogs» (Gros Chiens), que l'armée américaine a décidé de tester en Afghanistan et le laser, le Pentagone ayant lancé des dizaines de programmes de recherche et développement d'armes au laser de tous calibres (4).

 Comment, dans ces conditions, accorder du crédit au discours du Caire qui a sans doute permis à Obama d'être Nobel de la paix ? Ce, alors que son pays ne cesse d'acquérir à coups de milliards de dollars un armement des plus sophistiqués et à en vendre ? Comment les USA arriveront-ils à quitter le terrain de la guerre en Irak et en Afghanistan au vu de ces données ? Obama surestimerait-il ses capacités de président de la nation encore la plus forte de la Planète face au complexe militaro-industriel américain ? Aux divers et nombreux lobbies agissant tantôt en coulisses tantôt à ciel ouvert ? Surtout à un moment où les grands acteurs de l'économie mondiale tentent de mettre en place non pas un autre système économique ayant pour vertu une justice sociale à l'échelle internationale à travers notamment une meilleure répartition des richesses, mais seulement un nouvel outil de régulation des intérêts du libéralisme triomphant. En effet, le G20 devrait pouvoir remplacer le G8 pour gérer les problèmes économiques de la planète (il est vrai qu'on ne cesse de nous convaincre que la Terre est devenue un village planétaire) à partir de ce qu'il a été convenu d'appeler la mondialisation qui a fait de nous le malheureux récipiendaire des marchandises souvent frelatées des pays industrialisés. Et les pays émergents (principalement la Chine, l'Inde et le Brésil) ? On leur promet d'être plus présents au sein du Fonds monétaire international (FMI). Face à la crise économique -essentiellement financière ?-, on leur permettra dorénavant de participer à l'arbre à palabres occidental pour une gouvernance mondiale. Il est vrai que jusqu'à récemment, le G8 comprenait exclusivement les pays industrialisés du Nord (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie). Le G20 pèserait 85 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. A méditer pour le «reste du monde» : Afrique, Monde arabe... En effet, la répartition actuelle des droits est jugée inéquitable, aussi la Chine l'Inde et le Brésil souhaiteraient une parité plus grande entre pays du Nord et du Sud au sein du FMI ; il est demandé aux Européens de réduire leur part, notamment la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Belgique qui rechignent à voir leur pouvoir s'éroder. C'est que le FMI devrait surveiller la coordination macroéconomique des pays de la planète en association avec le G20.

 Aurions-nous dans un futur proche une plus grande transparence concernant l'économie mondiale arrivée à la banqueroute, concernant notamment les paradis fiscaux et les salaires des traders et des grands patrons occidentaux par exemple ? A voir. Ainsi, concernant les paradis fiscaux, stigmatisés depuis le G20 de Londres, la Suisse est parvenue in extremis à sortir de la liste grise des pays non coopératifs. Elle a signé un douzième accord d'échange d'informations- avec le Qatar-comme l'exige l'OCDE. Plus tôt, l'Autriche et Monaco étaient également parvenus à sortir de cette liste, alors que le G20 planchait sur un processus progressif de sanction contre les pays qui persisteraient dans la non-transparence (5).

La Palestine, talon d'Achille de la politique étrangère des USA Tout commence le 2 novembre 1917. Un certain Arthur Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères s'il en fut qui, dans une lettre ouverte, a pu écrire : «Le gouvernement de Sa Majesté voit favorablement l´établissement d´un foyer national juif en Palestine» (exit l´Argentine et l'Ouganda comme projet pour ce faire). Pour rappel, l´ONU adopta la résolution 181 partageant la Palestine en un État juif (56% des territoires pour seulement un tiers des habitants Juifs et le reste - 48% des terres- pour les deux tiers d'habitants arabes) ; ce, avec un statut international pour Jérusalem. Pour les Palestiniens, c´est la Naqaba, la catastrophe, la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l´exil de la grande majorité de la population ; dès l'origine et à ce jour, les Palestiniens vivent la marginalisation, les discriminations, les assassinats «ciblés», la misère...Il s'agit tout de même de l´expulsion de tout un peuple de sa terre.

 Et depuis plus d´un siècle, le sionisme applique la même stratégie: s'emparer des terres et institutionnaliser le fait accompli afin de marginaliser le peuple palestinien. Et pourtant en Palestine, et ailleurs dans les pays arabes du Machrèk comme du Maghreb, la communauté juive vivait paisiblement avec les Arabes de façon générale et les Palestiniens de façon particulière.          Peuple innocent, le peuple palestinien a été également trahi par les dirigeants des pays arabes ; ainsi, la guerre de 1948 a entraîné 800.000 expulsés -plus de la moitié de la population arabe de Palestine- et des villages entiers ont été effacés de la carte de la Palestine (plus de 500); ceux qui ont pu échapper à l´expulsion forment aujourd´hui avec leurs descendants environ 15% de la population israélienne et vivent dans un Etat qui se définit comme juif les ignorant superbement. Et cette duplicité qui ne dit pas son nom continue ; ainsi, l´Égypte a commencé le 1er mai 2008 ses livraisons de gaz à Israël. Elle s´est engagée à livrer 1,7 milliard de mètres cubes de gaz par an à Israël durant 15 au moment même où Ghaza, sous embargo israélien, n´a pas d´électricité.

 Et, faut-il le rappeler, Israël reçoit une énorme aide de toutes natures des Etats-Unis (chaque année plus de 3 milliards de dollars et autres livraisons d´armes...) ? Ce que le président Obama ne saurait ignorer lorsque, de l'intérieur d'Israël même, des voix s'élèvent pour dire non à cette injustice et à l'impunité d'Israël. Ainsi, ce qu'il a été convenu d'appeler les nouveaux historiens israéliens soulignent par exemple la responsabilité de Ben Gourion, entre autres, dans l´expulsion de plus d´un demi-million de Palestiniens. L'un d'eux, Ilan Pappé, dont l'un des ouvrages est paru sous le titre: Le Nettoyage ethnique de la Palestine ne manque pas de le souligner : «Quand la propagande israélienne répète inlassablement que «les Arabes sont partis d´eux-mêmes» à l´appel de leurs dirigeants, il s´agit d´un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s´est déroulé, il y a 60 ans»(6). Certains journalistes israéliens ne sont pas en reste dans la dénonciation d'Israël, l'un d'eux écrit: «Deïr Yassin, c´est ce paisible village que les groupes juifs terroristes Etzel et Lehi avaient attaqué, le 9 avril 1948, en massacrant toute la population: hommes, femmes et enfants. Je ne rappellerai pas ici l´histoire sanglante des oreilles tranchées, des entrailles répandues, des femmes violées, des hommes brûlés vifs, des corps jetés dans une carrière, ni la parade triomphale des meurtriers»(7). Et que dire alors de Sabra et Chatila. De l'invasion du Liban et des massacres de Ghaza? Alors comment faire la paix dans ces conditions ? Si le président Bill Clinton, président durant deux mandats, n'a pas réussi. Obama le pourra t-il, même en cas de réélection ? C'est là sans doute l'espoir non seulement des Palestiniens en tant que peuple, mais également de toute personne et de toute nation éprise de justice. A moins de dire avec Pierre Stamboul que: «La paix basée sur l´égalité et la justice passe avant tout par la fin de l´impunité d´Israël. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral à l´image de celui qui a fait plier le régime de l´Apartheid»(8). Pour toutes ces questions éminemment urgentes (Irak, Afghanistan, Palestine et redressement économique), peut-être devrions-nous attendre la fin du mandat de Monsieur Obama pour apprécier à leur juste valeur touts les décisions qu'il endossera dans cette perspective. Et sans aucun doute sa souhaitable réélection pour mesurer les efforts que les Américains auront consenti pour à la fois redresser leur économie (ce faisant l'économie mondiale) et contribuer à la paix retrouvée en Palestine, l'Irak et l'Afghanistan. Un monde sans foyers de tensions particulières en d'autres lieux de notre Terre gravement menacée par ailleurs comme ne cessent de nous en aviser les experts en écologie ? Le prix à payer, en milliards de dollars, passera par la sécurité alimentaire mondiale : sortir donc l'Afrique de l'état de famine plutôt qu'un regain de vente des armes au détriment de la plus grande population mondiale et au bonheur d'une minorité de marchands de canons.

 Il est vrai qu'un auteur américain, William Blum, ayant gravité dans l'Administration américaine en qualité de haut fonctionnaire, expose lucidement les intérêts de cette administration, voire de certaines couches et individualités localisées et liées aux grandes sociétés pétrolières et au complexe militaro-industriel américain. De fait, en l'absence de contrepoids sérieux, crédible et efficace dans son opposition à cette même administration, force est d'observer que celle-ci monopolise (pour combien de temps encore ?) la violence à l'échelle planétaire sous le couvert de « mondialisation » et agit de façon fort belliqueuse depuis 1945 afin de mettre toutes les économies considérées comme périphériques sinon à genoux, à tout le moins tournant autour de sa galaxie... Ainsi pour atteindre ses objectifs, l'auteur nous rappelle que l'Administration américaine rappelle qu'elle a été l'auteur de bombardements du Japon (bombe A sur Hiroshima et Nagasaki) et du Vietnam (un million de morts et vingt ans de destruction de ce pays). Elle a utilisé de l'uranium appauvri (qui est radioactif) lors de la guerre du Golfe ainsi que des bombes à fragmentation (9). Mister president, Happy birth day à la Maison Blanche. Vous aviez dit Yes, we can ? Alors, bon courage et bonne continuation pour les trois prochaines années de votre mandat en cours. Et surtout préparez d'ores et déjà les conditions de votre prochaine réélection. Il y va de la crédibilité de votre politique de changement. Vous êtes condamné à réussir car, à défaut, vous entrerez dans l'Histoire seulement comme le premier Afro-américain à être élu à la tête des USA (ce qui n'est évidemment pas rien...). Enfin, j'émets le voeu que les Etats-Unis puissent présenter, sous votre (premier) mandat, leurs excuses officielles -avec réparation de tous dommages causés- tant aux Noirs américains longtemps réduits en esclavage et sans droits civiques qu'aux Amérindiens en tant que véritables autochtones longtemps brimés dans leur propre pays. L'Histoire vous en saura gré.

Notes

1/ CF. Le Monde du 26.02.09

2/ Idem.

3/ L'expression du 14.09.09 (sous la plume

de Chems Eddine CHITOUR)

4/ Idem. Selon un député européen, Giulietto Chiesa, dans un ouvrage paru en 2005, Les USA prévoiraient une guerre contre la Chine à l'horizon 2017: «Les prochains conflits viendront des USA lorsque les routes des matières premières, du pétrole, de l'uranium... ne pourront plus être sécurisées par leurs soins. La seule perspective de ne pas pouvoir assurer le leadership en matière de domination financière ou économique est insupportable pour une société qui veut répandre son mode de vie.»

5/Le Monde du 25.09.09

6/ Ilan Pappé : Le Nettoyage ethnique de la Palestine (Ed. Fayard, Paris)

7/Israël Shamir: Les chasseurs de vampires Jaffa, le 14 mars 2001 (cité par L'Expression

du 12 Mai 2008)

8/Pierre Stambul: Il y a 60 ans, la Naqba (Id.)

9/ William Blum : L'Etat voyou, éditions Parangon, cité dans ma contribution : « L'Irak : les leçons d'une agression » in El Watan du 6 avril 2008.

*Avocat - auteur Algérien