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Giampaolo Cantini, ambassadeur d'Italie au Quotidien d'Oran: L'investissement, l'automobile et les harraga

par Interview Réalisée Par Ghania Oukazi

Giampaolo Cantini veut que les journées italiennes à Oran soient une grande opportunité pour prospecter une région, dit-il, aux potentialités importantes de coopération.

Pour une première fois, l'Italie aimerait faire connaître ses spécificités en matière de pêche à travers la présentation d'une filière intégrant formation, recherche scientifique, protection de l'environnement sur fond de traitement industriel du poisson. Le secteur avicole italien sera, lui aussi, à l'honneur dans cette rencontre oranaise. «L'Algérie devrait en profiter», pense l'ambassadeur d'Italie.



Le Quotidien d'Oran: Demain, vous serez à Oran pour inaugurer les journées italiennes. Pourquoi Oran ?

Giampaolo Cantini: Essentiellement pour deux ou trois raisons, la première est qu'Oran représente la 2ème ville en Algérie. Traditionnellement, Oran est une ville de grande envergure pour ce qui est par exemple de l'histoire, la tradition culturelle, le dynamisme économique et social... Effectivement, c'est un centre majeur de ces points de vue. Deuxième raison, quand j'ai fait plusieurs visites, les autorités locales oranaises nous avaient suggéré l'idée d'organiser des manifestations italiennes pour décentraliser l'offre. Une idée que nous avons recueillie et développée. En général, notre politique, c'est d'essayer en effet, de décentraliser nos activités promotionnelles économiques et des initiatives culturelles de l'ambassade hors de la capitale parce que l'Algérie est un grand pays avec des grandes villes ayant des traditions et des spécificités.



Q.O: Nous avons remarqué, Monsieur l'Ambassadeur, que dans le programme de ces journées italiennes, le volet culturel prime quelque peu. Les Italiens penseraient-ils à s'investir culturellement à Oran ?

G.Cantini : Non, il y a aussi des initiatives aussi importantes que celles sur le plan culturel. Dans la conférence inaugurale du dimanche matin, il y a en effet un volet culturel évident, on parlera de la culture arabe et de la société italienne, mais il y a aussi un volet économique dans la 2ème partie. A l'université d'Oran, on aura une table ronde sur les énergies renouvelables, c'est un sujet à caractère scientifique mais aussi économique. En plus, nous avons la présentation du secteur BTPH, nous avons le séminaire à la Chambre de commerce d'Oran sur l'arbitrage, un autre séminaire sur la filière lait, impliquant un volet scientifique et technologique, donc d'application sur le plan industriel bien évident. En plus, il y a la participation de la région Sicile avec sa logique de filière pêche qui renferme des volets économiques importants. L'Oranie a de grandes potentialités en matière de pêche. Les deux régions peuvent coopérer ensemble, la Sicile a toute une filière intégrée (formation, recherche scientifique, environnement). Elle a des spécificités en matière de traitement du poisson au plan industriel. L'Algérie devrait en profiter.



Q.O.: Les Italiens viennent-ils à Oran avec des propositions de projets concrets ?

G. Cantini: On n'est pas au stade de la négociation de projets mais de prospection. Mais, par exemple, pour ce qui est du développement de la filière lait, il y a une étude de faisabilité qui, j'espère, est à un stade avancé. Ces journées sont une occasion d'échanges avec des institutions économiques et culturelles importantes au niveau local. Il faut reconnaître qu'elles existent à Oran comme le théâtre régional, l'institut de musique...



Q.O: A part la coproduction algéro-italienne de la Bataille d'Alger, il n'y a pas eu de rebondissement dans la coopération cinématographique entre les deux pays.

G. Cantini: Il y a eu, durant les années 70, des productions conjointes de quelques films. En 1989, les deux gouvernements avaient signé un accord de coproduction cinématographique mais, malheureusement, il n'a pas été ratifié par l'Algérie. C'est un accord qui devrait, d'ailleurs, être révisé et intégré parce qu'entre-temps, l'évolution technologique a changé beaucoup de données. Là aussi évidemment, il y a de grandes potentialités. En termes de collaboration culturelle, il y a une activité importante dans le domaine de la restauration des sites historiques. Nous avons beaucoup d'architectes qui participent dans des travaux archéologiques, à Cherchell, et aussi à l'est du pays. Le ministère italien des Affaires étrangères a financé avec la collaboration du ministère algérien de la Culture et l'université de Trentin, l'élaboration d'une carte archéologique, notamment pour la région d'El-Tarf. La présentation de cette charte a eu lieu au bastion 23.



Q.O.: Quand on est à Oran, on n'est pas loin d'Arzew. Les journées d'Oran vont-elles apporter du nouveau dans la coopération énergétique entre les deux pays ?

G. Cantini: Il s'agit d'un rapport interdépendant entre les deux pays mais surtout de dépendance de l'Italie vis-à-vis de l'Algérie. L'Italie importe chaque année quelque 90 milliards de m3 de gaz dont à peu près un tiers de l'Algérie à travers le gazoduc Transmed mais qui s'appelle gazoduc Enrico Mattei, qui relie Hassi R'Mel et la Sicile en passant par la Tunisie. C'est un approvisionnement stratégique, vital pour l'Italie. Nous avons toujours considéré et considérons l'Algérie comme un partenaire essentiel et surtout une source extrêmement fiable d'approvisionnement énergétique. D'autant plus que nous avons augmenté notre approvisionnement à partir de l'Algérie à travers la construction d'un nouveau gazoduc qui reliera l'Algérie à la Sardaigne, qui va porter du gaz en quantités supplémentaires à la Toscane, environ quelque 8 milliards de m3 par an. En plus, étant donné que même la capacité de transport du gazoduc Transmed va augmenter, on peut projeter que dans quelques années, c'est-à-dire 2012-2013, la quantité de gaz qui sera apportée en Italie à partir de l'Algérie sera de quelque 40 milliards de m3 sur un total d'importation de 90 milliards de m3. D'ailleurs, il faut tenir compte aussi, dans le cadre de cette relation d'interdépendance entre les deux pays, de ce qu'ont souligné les ministres de l'Energie italien et algérien quand ils se sont rencontrés en mai dernier à Alger. Ils ont dit que Sonatrach aura un quota de commercialisation de gaz sur le marché italien et sur le marché européen. Donc, c'est un pas important pour ce qui concerne les intérêts de l'Algérie d'accès dans le marché européen du gaz.



Q.O.: Nous savons que l'Union européenne cherche à conclure ce qu'elle appelle un accord énergétique stratégique avec l'Algérie. Mais, selon les échos du dernier conseil d'association entre les deux parties, les choses restent imprécises. Pensez-vous que cet accord sera conclu ? Aussi, sa conclusion ne remettrait-elle pas en cause les intérêts de l'Italie dans le domaine ?

G. Cantini: La négociation est effectivement en cours à Bruxelles. On verra si on va aboutir à un résultat dans des délais proches. Mais en ce qui concerne l'Italie, le projet Galsi est en cours de réalisation, donc les accords qui concernent la distribution du gaz en Italie, comme cet accord qui a été signé d'ailleurs en 2007, ne seront pas remis en cause.



Q.O.: La balance commerciale entre les deux pays est ainsi en faveur de l'Algérie. L'Italie a-t-elle réfléchi à des projets d'investissement pour la rééquilibrer, notamment après l'adoption de la loi de finances complémentaire pour 2009 ?

G. Cantini: La structure de la balance commerciale dépend de secteurs structurels parce qu'il y a la dépendance traditionnelle et historique de l'Italie de l'extérieur en ce qui concerne les matières premières de l'approvisionnement énergétique, parce qu'elle a une économie de transformation. Les changements de ce rapport à long terme sont envisageables parce que le gouvernement italien a mis en place une stratégie pour réduire la dépendance des hydrocarbures et augmenter les sources d'énergies renouvelables et de développement de l'énergie nucléaire. En attendant, la dépendance des hydrocarbures va durer. L'Italie est en train de construire des usines pour convertir le gaz liquéfié en gaz comprimé. C'est une politique de diversification que nous suivons certes, mais c'est une diversification relative. Ce qui ne nous empêche pas de vouloir importer d'autres produits de l'Algérie en dehors des hydrocarbures. Mais, là aussi, il y a des facteurs structurels c'est-à-dire que la production industrielle de l'Algérie n'est pas aussi diversifiée qu'on le souhaite. La diversification de l'économie algérienne est souhaitable, c'est une nécessité pour le long terme et, pour avoir cela, il faut investir.



Q.O.: Les Italiens sont-ils disponibles à le faire ?

G. Cantini: Il faut d'abord se concentrer sur la composition qualitative des exportations. Il ne s'agit pas d'exportation de biens de consommation, de produits de luxe, mais c'est surtout des équipements qui sont essentiels, surtout pour la PME algérienne. Il y a un processus de fidélisation de la PME algérienne que nous allons définir à travers la machine industrielle italienne.

 Il faut reconnaître cependant, qu'il s'agit de montants relativement petits qui sont répartis entre un grand nombre d'opérateurs et de sociétés algériennes qui les importent d'Italie même s'il y a une interdépendance entre les deux parties. Nous avons aussi des équipements de haute technologie dans l'exploration énergétique et il y a aussi toute une série d'équipements et de machines utilisés dans les réalisations d'infrastructures. La participation italienne est donc liée à la transformation de l'économie algérienne.



Q.O.: Dans un de vos commentaires dans la revue Crescendo, vous demandez aux autorités algériennes d'accorder aux investisseurs italiens de la flexibilité. Penseriez-vous que votre appel sera entendu après l'adoption de la LFC ?

G. Cantini: Tout d'abord, il faut noter que le gouvernement algérien est souverain pour prendre toute décision en matière de politique économique, c'est une donnée de base. Nous avons pris évidemment acte des objectifs qu'il vise, de substitution des importations et surtout de développement d'entreprises d'investissements porteurs pour l'économie algérienne. Nous croyons, à cet effet, que le système industriel italien peut être un vis-à-vis très important dans des grands projets structurants de partenariat avec les entreprises publiques algériennes comme celles des transports publics, par exemple. Les Italiens peuvent faire des transferts de technologies, de la formation, du partenariat dans plusieurs secteurs. Mais si l'objectif est d'attirer des investissements industriels productifs pour la PME , là, le cas est un peu différent. C'est-à-dire, quand il s'agit de PME avec des montants d'investissements limités, les formules de répartition de capital comme elles sont envisagées, ne sont pas tellement aptes à attirer des investissements étrangers. Il s'agit surtout de faire la différence quand il s'agit d'une grande échelle ou de projets de transferts de technologie, les formules de partenariat peuvent marcher. Mais s'il s'agit d'attirer les investisseurs étrangers pour délocaliser la production, là évidemment il faut tenir compte que le modèle qui est utilisé à travers le monde même dans les pays de la région est différent. Il faut donc admettre des formules plus flexibles en ce qui concerne les PME.



Q.O.: Vous faites allusion à l'article 58 de la LFC ?

G. Cantini.: L'article 58 concerne les sociétés d'importation. Ce qui nous inquiétait dans cet article c'était surtout sa rétroactivité ou non. Maintenant, les sociétés italiennes qui sont installées en Algérie sont rassurées. Nous verrons s'il y en aura d'autres nouvelles qui vont vouloir ouvrir leur capital à hauteur de 30 %, il faudra le vérifier sur le terrain. Mais pour ce qui est des investissements industriels, l'ouverture de capital est de 51 % pour les Algériens et 49 % pour les étrangers. Et même si des mesures prévoient une gestion de 100 % pour les étrangers, nous pensons que cette formule de partage de capital n'est pas pour attirer l'intérêt des petits investisseurs. Ils ne peuvent être tentés que s'ils voient qu'ils ont des avantages en matière de facilités d'investir et de réduction de coûts.

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Q.O.: Mais si vous avez décidé d'aller à Oran pour prospecter, ou vous vous attendez à de la flexibilité dans les conditions d'investissement ou alors à ce que les dispositions de la LFC soient annulées.

G. Cantini: Nous disons qu'il faudrait vérifier la réaction des opérateurs sur le terrain. Nous croyons aussi que dans la stratégie industrielle qui se dessine, il est question de développer des industries, des pôles de compétitivité ou des champions nationaux. Là aussi, il y a des possibilités de coopération avec les Italiens. Ce n'est pas noir ou blanc. Il faut tenir compte de quelques éléments. La culture industrielle italienne est basée sur une série d'industries importantes de hautes technologies mais surtout sur une grande quantité de PME qui sont regroupées généralement dans des sites industriels. Cette structure peut apporter une contribution importante à la croissance de la PME algérienne qui est un objectif du gouvernement algérien.



Q.O.: Les Italiens ne seraient-ils pas intéressés par le secteur du tourisme ?



G. Cantini: Il est évident que l'Italie a une expertise traditionnelle dans le tourisme, dans la gestion, la formation du personnel...



Q.O.: Pas la construction de sites à l'italienne ?

G. Cantini: Là, il faut quand même qu'il y ait des appels d'offres de grands projets structurants. Attirer le touriste étranger implique toute une série de mesures, l'ouverture de vols aériens, la construction de structures hôtelières dans plusieurs villes, le tourisme nautique qui est aujourd'hui, dans la Méditerranée, un élément dynamique important, le tourisme culturel. Des mesures pratiques mais aussi stratégiques comme la diffusion de cartes de crédit.



Q.O.: On revient un peu à la réforme bancaire en Algérie ?

G. Cantini: Oui (Rires). Pour un touriste, utiliser sa carte de crédit revêt une importance stratégique.



Q.O.: Le salon de l'automobile vient d'ouvrir ses portes à Alger. Les concessionnaires se disent prêts à faire du montage auto en Algérie. Est-ce le cas des Italiens ?

G. Cantini: L'Italie participe à ce salon avec le groupe Fiat en général dont le représentant est d'ailleurs président des concessionnaires en Algérie. Nous sommes au courant qu'il y a des discussions sur une industrie automobile en Algérie mais pas avec des Italiens, pas seulement de montage mais de construction et aussi de développement d'un réseau de sous-traitance. Apparemment, c'est un projet structurant. L'industrie italienne est intéressée par des créneaux surtout comme les véhicules industriels et les transports publics. Il y a déjà des rapports de partenariat qui sont en train de se développer. Il y a des discussions qui sont menées pour le transport public. Il s'agirait d'un transfert de technologie.



Q.O.: L'Italie viendrait donc construire une automobile en Algérie ? Le projet Fatia l'aurait-il échaudée ?

G. Cantini.: L'objectif aujourd'hui des autorités algériennes n'est pas tellement d'encourager, me semble-t-il, le placement d'industries étrangères mais surtout de faire accroître les capacités de production d'une industrie nationale à travers des partenariats avec les étrangers. Nous nous inscrivons dans ce sens là.



Q.O.: Penseriez-vous que le gouvernement trouverait à redire si Fiat Constructeur viendrait s'installer en Algérie ?

G. Cantini.: ça dépend. Je pense qu'il n'y a pas que la voiture qui l'intéresserait mais des produits comme le ciment, l'acier qui sont importants pour un marché où il y a une demande en croissance par effet de grands projets infrastructurels. L'Algérie a une demande forte et est intéressée à la satisfaire par une production intérieure. Là, il y a des investissements potentiels de l'étranger, d'Italie et d'autres pays. Mais la question est toujours de vérifier si ces investisseurs sont intéressés à investir dans le cadre des dispositions courantes, c'est-à-dire, avec une minorité de capital et avec des mécanismes de contrôle qui sont déterminés par cette répartition obligatoire de capital.



Q.O.: Pourrions-nous comprendre que ces investisseurs ne trouveraient pas d'intérêt à le faire ?

G. Cantini: Nous avons compris que l'objectif du gouvernement est de développer des capacités productives nationales. Si c'est bien ça l'objectif, il y a un intérêt de plusieurs entrepreneurs italiens à participer à ces formules de partenariat, par l'expertise, la formation même avec une participation de capital minoritaire. Mais quand il s'agit de s'implanter avec ses propres moyens, c'est-à-dire avec une usine de production, de capitaux importants, une participation importante d'un certain nombre de cadres, là, c'est différent parce qu'il y a des conditions qui ont été posées - que nous respectons bien sûr - pour lesquelles il faut voir si le partenaire est intéressé ou pas ou bien s'il décide plutôt de faire cet investissement dans d'autres pays qui offrent des conditions différentes, des conditions classiques d'investissement en termes de conditions fiscales et autres.



Q.O.: Il y a le hasard de la géographie italienne qui voudrait que l'émigration clandestine lui colle à la peau. Ces derniers temps, il est fait état d'événements malheureux dans les centres de rétention comme celui de Bari ou de Rome. En êtes-vous au courant ?

G. Cantini: Nous avons vu des articles dans la presse mais nous n'avons pas de confirmation ou des rapports sur ces cas. En général, le phénomène de l'émigration clandestine à partir de l'Algérie a été géré jusqu'à maintenant d'une manière relativement facile. Nous avons en place un accord de réadmission qui fonctionne bien à travers une collaboration entre les autorités italiennes et les autorités consulaires algériennes en Italie. Nous avons rapatrié 182 citoyens algériens en 2007, 446 en 2008 et quelque 238 du 1er janvier au 15 juillet de l'année en cours. Il y a donc un flux de rapatriement qui applique toute une procédure de collaboration parce qu'il s'agit pour les autorités consulaires algériennes d'identifier les émigrés clandestins. La gestion des centres d'accueil n'a pas posé de problèmes majeurs hormis celui qu'on a connu à Lampedusa, un centre d'accueil qui avait vécu une situation dramatique parce qu'il ne pouvait pas supporter les quelque 130 mille émigrés qui avaient débarqué l'année dernière sur la petite île.



Q.O:. De ce côté-là, il y a eu aussi des événements dramatiques. A Annaba, il y a eu mort d'un harrag. N'y aurait-il pas moyen de discuter de mesures plus clémentes autres que d'entasser ces clandestins dans des centres de rétention aux conditions difficiles ?

G. Cantini : Vous les appelez centres de rétention mais en Italie, nous préférons les appeler centres d'accueil. Ce ne sont pas des prisons. Ils ne sont même pas gérés par l'Etat ni par la police. Il y a évidemment un dispositif sécuritaire tout autour mais sont donnés en concession et gérés par des ONG pour la plupart de la Croix-Rouge italienne.



Q.O.: L'Italie est l'un des pays européens qui a durci, ces derniers temps, ses procédures d'immigration mais ça n'a pas dissuadé les harraga.

G. Cantini : Si, il y a des résultats puisque les flux migratoires, qui viennent plus de la Libye, ont enregistré des réductions spectaculaires. En ce qui concerne l'Algérie, il s'agit d'un phénomène limité. En 2008, nous avons enregistré 1.600 harraga. Mais les données, jusqu'au mois de septembre, font état d'une réduction de ce chiffre. Il faudrait attendre la fin de l'année pour voir exactement ce qu'il en est. Cette tendance à la baisse est d'ailleurs aussi due aux mesures prises par le gouvernement algérien.



Q.O.: Pensez-vous qu'un jeune qui se jette à la mer craindrait plus la prison ?

G. Cantini: Ce n'est pas à moi de juger. C'est un domaine qui touche la souveraineté du pays. En ce qui concerne le durcissement des conditions d'émigration, on a tendance à oublier comment l'Italie est devenue un pays d'accueil d'émigration irrégulière. En 2000, le pourcentage des émigrés réguliers s'approchait de 2,5 % mais aujourd'hui, les émigrés sont presque 4 millions sur 57 millions d'habitants, soit 7 %. Avec tout ce que cela implique en termes d'intégration parce qu'il y a un phénomène important de regroupement familial. Au sein de la communauté algérienne qui est de 20 000 résidents légaux, on a calculé qu'il y a presque 1.000 gérants de petites entreprises commerciales.



Q.O.: L'Italie pourrait-elle réfléchir à une régularisation des sans-papiers comme l'Espagne a eu à le faire ?

G. Cantini: Nous avons eu des décisions de régularisation déjà par le passé. Pour cette fois-ci, le gouvernement italien examine une régularisation sectorielle, elle concernera les gardes malades et les femmes de ménage, toutes nationalités confondues.



Q.O.: Un sommet Bouteflika-Berlusconi pour bientôt ?

G. Cantini: C'est dans l'agenda des deux gouvernements. C'est aux autorités algériennes d'en proposer la date parce qu'il y a un critère de rotation puisque le premier sommet a été organisé en Sardaigne en novembre 2007. Le 2è doit l'être à Alger. Le gouvernement italien est vraiment en attente à partir du Premier ministre, Mr. Berlusconi, qui est très intéressé pour le tenir parce qu'il y a plusieurs domaines de coopération, la culture, l'économie, l'énergie...

 Toujours à cet effet, M. Temmar devra se déplacer le 7 octobre en Italie. Il va rencontrer notre ministre du Développement de l'économie qui est lui aussi venu à Alger le 31 mai dernier. Ensuite, on compte tenir une réunion à Rome - c'est une réunion périodique - au niveau des hauts fonctionnaires dans le secteur des infrastructures. On proposera une date en novembre prochain.