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Copenhague et la rivalité sino-américaine

par Akram Belkaïd, Paris

 C’est une évidence : le grand événement mondial du second semestre 2009 sera, sans conteste, le prochain sommet des Nations unies sur le climat qui doit se dérouler à Copenhague, du 07 au 18 décembre. L’enjeu principal de cette conférence est l’élaboration d’un accord international qui prendrait la suite du protocole de Kyoto, lequel arrive à expiration fin 2012.

 Si les participants à ce sommet se mettent d’accord, le futur traité de Copenhague couvrira la période 2013-2017 et aura pour but principal la réduction des émissions de gaz à effet de serre (ges), dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Un sommet à plusieurs enjeux

 

On sait, aujourd’hui, que le protocole de Kyoto n’a pas vraiment tenu ses objectifs. Officiellement, ce texte ratifié par 175 pays vise à permettre la réduction des quantités de ges émises par les pays industrialisés d’au moins 5,2 % d’ici à 2012, par rapport à leur niveau de 1990. Alors que l’Europe a plus ou moins respecté cette feuille de route, certains pays signataires tels que les Etats-Unis n’ont jamais ratifié le protocole - et ne l’ont donc jamais appliqué - quand d’autres, tels que l’Australie ou le Canada, ont encore du mal à tenir leurs objectifs. Or, la réussite de la conférence de Copenhague dépend de l’engagement des nations industrialisées à poursuivre la réduction de leurs émissions de ges, afin de contenir le réchauffement climatique en dessous de deux degrés. Et l’on connaît les réticences de ces pays industrialisés à assumer seuls les efforts à déployer pour réduire les gaz à effet de serre durant la période 2013-2017. Ces derniers exigent en effet que les pays émergents paient eux aussi leur écot contrairement à ce que stipulait le protocole de Kyoto qui ne concernait que les nations industrialisées.

 De façon plus générale, le succès de Copenhague dépend de deux facteurs. Le premier réside dans la position qu’entendent adopter les Etats-Unis. Vont-ils s’engager sérieusement pour une réduction de leurs gaz à effet de serre — en signant, et surtout en ratifiant, le nouvel accord ou vont-ils faire cavalier seul en refusant toute contrainte chiffrée sur leurs émissions au nom de la compétitivité de leur économie ? Le second concerne les principaux pays émergents tels la Chine, l’Inde ou le Brésil. S’ils refusent des concessions aux pays industrialisés au prétexte qu’il est inadmissible qu’on leur demande de brider leur développement (surtout quand pareille demande provient de pays développés), il ne fait nul doute que Copenhague sera un échec.

 A l’image de ce qui est déjà le cas pour les négociations pour la libéralisation du commerce mondiale (lesquelles sont en panne depuis 2001), tout dépendra donc du « dialogue » entre pays industrialisés et pays émergents. Il y a quelques jours, les Etats-Unis et la Chine se sont entendus pour créer ensemble un centre de recherche sur les énergies alternatives et cela pour un investissement total de 30 millions de dollars assumé à part égale. On pourrait penser que cette entente historique est de bon augure pour le sommet de Copenhague. Mais rien n’est moins sûr...

 

Le bras de fer sino-américain

 

 Entre les Etats-Unis et la Chine (40 % des émissions de ges à eux deux), les questions climatiques sont en effet une source majeure de contentieux. Pour le gouvernement chinois, la réduction des gaz à effet de serre est considérée comme l’un des leviers que Washington souhaite utiliser pour contenir l’essor chinois et conserver le leadership économique étasunien. Et cette conviction est renforcée quand le Congrès américain brandit la menace d’infliger une taxe carbone sur les produits importés de Chine. Au cours des prochaines semaines, Américains et Chinois vont donc continuer à négocier au sujet du climat et il est évident que l’absence de progrès pèsera lourdement sur le sommet de Copenhague.