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Rues fermées et nouvelles déviations : Le tramway impose son plan de circulation

par Djamel B.

Embouteillages monstres, poussière, nuisance sonore, nids-de-poule, etc.: Oran, déjà à l’étroit, étouffe davantage depuis presque six mois. Cela coïncide avec le lancement des travaux du tramway.

La fermeture partielle de quelques artères soulève déjà colère et mécontentement. Qu’en sera-t-il demain avec la fermeture presque totale de l’ensemble de l’itinéraire du tramway ?

Les responsables du projet se veulent rassurants et tentent de minimiser l’impact d’une fermeture des axes concernés durant presque une année et demie. Le citoyen, quant a lui, est loin d’être rassuré. L’annonce il y a quelque jours d’une décision visant la fermeture de tout le tracé, a eu l’effet d’une bombe à la fois parmi les usagers et surtout de nombreux commerçants. C’est surtout ces derniers, notamment ceux de la rue de Mostaganem et du boulevard de Mascara, qui appréhendent mal l’avenir. Principaux concernés par les retombées d’une telle décision, plus de 500 commerçants sont aujourd’hui dans l’expectative et ne savent à quel saint se vouer.

«Nous ne savons rien, à part les informations rapportées par la presse. Personne n’a daigné nous contacter ou nous infirmer, et pourtant c’est l’avenir de plus de 500 familles et de plus de 1.000 emplois qui sont menacés», assure un commerçant de jouets du boulevard Mascara.

Dans leur majorité, les commerçants que nous avons contactés affirment qu’ils ne peuvent se prononcer sur leur avenir, puisque rien ne leur a été proposé jusqu’à présent. «Nous attendons toujours», assurent-ils. Et d’ajouter : «Comment voulez-vous qu’on parle de notre avenir, alors qu’à aucun moment on ne nous a consultés ou informés de ce qui est prévu pour tous ceux qui subiront les retombées de ce projet. Néanmoins, nous craignons de vivre ce que vivent aujourd’hui des centaines de commerçants au niveau de certaines communes contournées par l’autoroute, à l’image de Misserghine, El-Amria, Hassi El-Ghella, etc., où pratiquement la majeure partie des commerces ont fait faillite».

 

Les commerçants broient du noir

 

De quelle manière indemniser ces commerçants ? Que peut-on leur proposer, d’autant qu’il ne s’agit pas uniquement d’une période de 18 mois, durée de la fermeture de ces artères pour travaux, mais de l’avenir de tous ces commerçants.

Nos interlocuteurs affirment qu’ils se sentent abandonnés, certains pensent déjà à vendre leur commerce. Mais, disent-ils, qui osera acheter sur une artère condamnée

d’avance ?. «A-t-on pensé réellement à tous les désagréments qu’un tel projet pourrait causer ? Le choix de l’itinéraire a-t-il été mûrement réfléchi ?».

Ce sont autant de questions que se posent aujourd’hui les commerçants qui espèrent avoir des réponses claires. Pour informer les usagers, la direction des transports prévoit la distribution de dépliants et la multiplication de campagnes d’information sur les déviations retenues par la société de réalisation, et ce pour éviter au maximum des désagréments à la population, apprend-on de sources proches de la wilaya. Les mêmes sources ont tenu à rassurer les usager et les citoyens que ces déviations n’auront pas un grand impact sur la fluidité de la circulation, puisque toutes les dispositions ont été prises pour éviter les embouteillages. Sur ce point précis, des arrêtés du wali interdiront le stationnement sur l’ensemble des axes retenus pour la déviation et des voies d’accès seront ouvertes aux urgences, à la collecte des déchets et aux chargement et déchargement.

 

Des travaux en 3 x 8

 

Pour une meilleure coordination, il est prévu dans les tout prochains jours de réunir les chefs de daïra concernés par le tracé du tramway avec la direction des transports et l’entreprise Tramnour, pour expliquer le plan de déviation et pour débattre de l’ensemble des problèmes qui peuvent entraver l’application de ce plan. Nos sources indiquent en outre que les travaux se feront sans arrêt avec des équipes mobilisés 24 sur 24 grâce au système 3 fois 8. Pour accélérer les travaux de réalisation du tramway d’Oran, un plan global de déviation et de la circulation avait été proposé il y a une dizaine de jours par l’entreprise Tramnour, qui a été finalisé et adopté mercredi dernier, lors d’une réunion présidée par le chef de daïra d’Oran.

Des sources présentes à cette réunion ont indiqué que le plan de déviation a été longuement débattu par les responsables concernés par ce projet, notamment la direction du transport, la division de l’urbanisme et de la panification de l’APC, la commission des transports de la commune, les services de police, etc., avant d’être accepté. Notre interlocuteur souligne toutefois que le grand problème qui se pose, et sur lequel les débats se sont étalés, concerne la déviation des transports urbains. Notre source indique que ce plan a été proposé à l’issue de sorties sur site qui ont permis aux experts espagnols d’étudier toutes les faisabilités de déviation, pour éviter au maximum les désagréments aux automobilistes, aux piétons et aux commerçants. Notre interlocuteur indique que ce plan sera soumis à l’approbation du wali avant sa mise en application.

A l’issue de l’arrêté du wali, les axes du tramway seront fermés à la circulation automobile durant une période de presque 18 mois.

Tout en soulignant l’importance de ce plan, les mêmes sources affirment qu’il est important qu’il soit accompagné par un plan de communication. Tout en précisant que ce plan de déviation ne prévoit aucune expropriation, notre interlocuteur insiste sur la nécessité d’une collaboration des citoyens qui doivent aider l’entreprise, ceci pour achever le projet dans les délais.

Pour faciliter la tâche aux usagers, un système de régulation de la circulation sera installé (plaques de signalisation). Des travaux de réfection de la voirie seront aussi lancés sur tout le trajet de déviation, avec notamment le traitement des nids-de-poule.

 

Les nouvelles déviations

 

A la faveur de ce plan, les déviations proposées concernent pratiquement tous les axes, où le passage par d’autres artères est nécessaire. Ainsi, il est prévu que du rond-point de l’Enset vers la rue Ghaouti Aek, l’accès sera libre avec l’utilisation des voies de dessertes déjà existantes, en plus de l’utilisation des voies réalisées par Tramnour. La déviation se fera au niveau de la rue Ghaouti Aek. De cette dernière rue et jusqu’à la rue de Tlemcen, il y aura une seule voie de desserte sur le côté gauche vers la place du 1er Novembre. Le plan de déviation indique en outre que depuis l’intersection de la rue Tlemcen et jusqu’à la place du 1er Novembre, l’emprise de la voie sera importante. Il y aura possibilité d’utiliser une seule voie vers la rue de Tlemcen. Pour les véhicules venant de l’avenue d’Oujda, la déviation se fera vers la rue Ghaouti Aek (ex-Gl Bourbaki), près de la mosquée de la rue de Tlemcen.

De la place du 1er Novembre à l’intersection Med Boudiaf et Emir Abdelkader, la fermeture sera totale, exception faite des urgences, de la collecte et des chargement et déchargement qui seront réglementés. Les véhicules venant de la rue Baghdadi Med continueront vers le Front de mer. De la rue Med Boudiaf au bd Colonel Ahmed Benabderezzak, sur la latérale droite, la fermeture sera totale et la déviation se fera au niveau des deux noeuds (bd Emir Abdelkader-rue Med Boudiaf) et (bd Colonel Ahmed Benabderezzak-rue Med Boudiaf).

De la rue Colonel Ahmed Benabderezzak au rond-point Dar El-Beida, il est prévu la fermeture totale de la latérale droite et la déviation se fera au niveau des deux noeuds (rond-point Dar El-Beida-avenue St Eugène), (colonel Ahmed Benabderezzak-avenue St Eugène).

Entre le rond-point Dar El-Beida et le rond-point de la Cité Djamel, il y aura une fermeture partielle et l’accès se fera par les voies latérales. Enfin, de la trémie de la cité Djamel au rond-point des trois cliniques, l’accès sera libre par la latérale droite et il n’est pas prévu de déviation.

Concernant la durée de la fermeture, la majeure partie des axes concernés par la déviation seront fermés pour une durée dépassant une année.

Les travaux de réalisation du futur tramway d’Oran ont été lancés en début du mois d’octobre de l’année dernière. La mise en service des premières rames devra, quant à elle, intervenir à la fin de l’année 2010, soit 26 mois après. L’annonce en avait été faite par les représentants du consortium espagnol Tramnour en charge du projet, en marge d’une présentation destinée aux autorités locales, en présence du ministre des Transports, M. Amar Tou, lors de sa visite d’inspection et de travail. Cette rencontre intervenait suite à la signature, le 31 mars 2008, du contrat de fourniture d’un système de tramway clés en main pour la ville d’Oran entre l’Entreprise du Métro d’Alger (EMA) et le consortium Tramnour.

Le contrat, qui comprend le génie civil, le matériel roulant et les infrastructures, représente un montant total de 355 millions d’euros, soit 39,5 milliards de dinars TTC. Le tramway d’Oran évoluera sur une ligne de 18 km qui s’étend d’Es-Sénia à Sidi Maârouf, en passant par la place du 1er Novembre, pour desservir au total 32 stations. Alstom fournira pour sa part 30 tramways Citadis, qui seront fabriqués au niveau de l’usine d’Alstom Transporte à Barcelone, le système d’exploitation (signalisation et télécommunication), les équipement du dépôt ainsi que les sous-stations.

Selon Alstom, les tramways Citadis sont conçus pour offrir une qualité de vie à bord optimale et un maximum de confort pour les passagers : sièges ergonomiques, matériaux chaleureux, couleurs et éclairages inédits et accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Fort de ces atouts, le tramway d’Oran devra, selon les prévisions, transporter près de 88 millions de passagers par an. Une distance moyenne de 600 mètres séparera une station d’une autre. Quant à la fréquence des rames, elle est de 3 à 4 minutes sur le tronçon central et de 6 à 8 minutes aux extrémités de ligne avec une vitesse maximale variant de 30 à 50 km/h. Les ateliers garages seront situés à Sidi Maârouf sur une emprise de près de 2,6 ha, et à Es-Sénia sur une superficie de plus d’un hectare.

Lors de la rencontre organisée au siège de la wilaya d’Oran, on n’a pas manqué de souligner la pertinence d’une future extension du tracé d’Es-Sénia vers l’aéroport d’Oran.