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La Coupe des confédérations de la FIFA, une compétition de trop

par Mohammed Beghdad

«Trop de football tue le football », adaptation d'une célèbre citation.

C'est en ce dimanche 28 juin 2009 que les lampions se sont éteints sur l'édition de la coupe des confédérations de la FIFA qui a débuté le 14 juin de ce même mois en Afrique du Sud. Cette coupe intercontinentale est aussi appelée le petit mondial ou Mondialito pour les puristes Sud-Américains.Tout le monde s'accorde à dire que cette coupe n'a pas manifestement drainé la grande foule dans les stades et devant les écrans TV à tels points que les organisateurs Sud-africains ont usé d'appels à l'aide d'haut-parleurs montés sur des voitures défilant dans les rues de la ville de Rustenburg pour sensibiliser les supporteurs des Bafana-Bafana à se déplacer au Royal Bafokeng Stadium pour soutenir les leurs face aux espagnols pour le match de la 3ème place du podium de cette prestation.

Certes les places étaient chères pour des citoyens moyens vivant avec moins de 2 Dollars Us par jour mais il faut mentionner que le cœur n'y était non plus au rendez-vous pour une compétition qui n'allait pas rapporter grande chose dans la valeur intrinsèque. On est éloigné à une année de la coupe du monde, lui donner trop d'importance, c'est être en avance par rapport à la progression de l'équipe. Il ne faut dévoiler ses intentions avec cette cartouche tirée à blanc à une pige du glorieux mondial. Et puis, les invités à ce tournoi ne sont pas eux-mêmes assurés d'être présents à la concrète coupe du monde.



A la cadence du son assourdissant des Vuvuzelas



Autre fait marquant qui a imprégné ce virtuel Mondial et qui sort un peu de l'ordinaire, en effet tous les matches de cette coupe des confédérations se sont tous, et sans exception, déroulés au rythme de la Vuvuzela. Il s'agit d'un instrument africain, au bruit bourdonnant ressemblant aux cris d'insectes et qui fait vraiment mal au crâne selon certains et qui n'a pas fait pas l'unanimité mais c'est l'Afrique comme disent les initiés. Les prochains acteurs de la coupe du monde vont devoir s'habituer avec cette musique des Vuvuzelas, véritable symbole du football chez les bafana-bafana. La culture Sud Africaine doit aussi apporter sa contribution au sport numéro un dans le monde. Qui sait, rêvons un peu, peut-être un jour, la Gasba ou la Ghaïta (Zorna) feront leur rentrée fracassante dans l'arène footballistique universelle si jamais la coupe du monde se déroulerait dans notre pays.

Donc chaque coupe du monde sera marquée par un cachet particulier, la Hola avait son entrée historique au stade des Aztèques de Mexico en 1986 au même titre que la Samba brésilienne dans les années 70 dans ce même pays. La Vuvuzela a donc vraiment annoncé la couleur d'une éventuelle entrée par la grande porte pour 2010.



Des commentaires arabes dépassant la fiction



Que dire davantage de ce tournoi qui n'a guère suscité l'engouement escompté, populaire et médiatique, à travers le monde à part la chaîne arabe à payage ART qui en a fait un événement majeur pour ses abonnés des pays Arabes surtout avec ses speakers à connotation tunisienne et moyen-orientale qui frisaient parfois le ridicule avec leurs commentaires extravagants pour des actions presque anodines en Europe et en Amérique du Sud. Ils s'emportaient dans des tapages verbaux interminables et inutiles pour un rien que ça. Il est vrai que le football Arabe est tellement pauvre en gestes techniques que les commentateurs d'ART ont crû détenir l'exclusivité d'un événement extraterrestre. Si ce tournoi attirait les vrais prétendants, jamais l'Arabie Saoudite n'aurait imaginé jouer la finale du premier lancement de cette coupe en 1992 à Riadh.

On n'oublie non plus le commentateur Egyptien qui s'est dit que son cœur allait s'arrêter de battre avec sa voix presque éteinte lorsque le milieu de terrain Egyptien Homes a marqué de la tête contre l'Italie. Du vrai cinéma, s'agissant de la renommée arabe des acteurs Egyptiens, au stade Ellis Park Stadium de Johannesburg. Les chaînes satellitaires d'Oum Dounia, Elhayat 2, Nile Sport et Dream I nous ont ressassées de cette séquence harassante à longueur des soirées consacrées sur le ballon avec les Ahmed Shobeir et consort. Il fallait bien réveiller ce monsieur pour l'informer que ce n'est q'un rêve de coupe du monde, juste une hallucination.

Par contre les commentateurs sur les chaînes, Sénégalaise RTS 1 et Malienne ORTM sur Euthelsat W3A, étaient plus sensés dans leurs analyses, professionnels dans leur travail et très proches de la réalité du jeu.



Le chauvinisme des médias égyptiens



Grâce à Nilesat, nous avons appris beaucoup de choses sur les chaînes sportives égyptiennes à savoir le chauvinisme latent à la limite du fanatisme des médias Egyptiens qui ont dépassé les limites de la sportivité avec l'arrogance en plus et l'éloquence sans cesse.

Pour ceux qui ont suivi ces médias juste après la rencontre Algérie-Egypte, franchement j'ai cru avoir affaire à des malades du Foot, rendant tout le monde fiévreux en inventant des histoires à mourir debout comme cette histoire d'intoxication alimentaire de la délégation alors que chaque équipe qui se respecte doit être accompagnée d'un cuisinier qui prépare minutieusement les repas des joueurs, entraîneurs et dirigeants y compris. N'est-ce pas que l'équipe Algérienne disposait de son propre cuisinier. Un sportif ne mange pas n'importe quoi surtout que l'alimentation peut changer radicalement d'un pays à un autre.

Heureusement qu'il y avait le très raisonnable Achraf Mahmoud, commentateur de la télévision publique égyptienne du match qui était présent en Algérie et n'avait rien à reprocher à la victoire des Algériens. Au contraire, il a remercié les autorités sportives Algériennes qui les ont bien reçu et accueillis avec des roses ouvrant ainsi une nouvelle relation sportive après les événements malheureux de 1989 au caire.

Un match de Football doit rester qu'un match de Football que ce soit dans les victoires ou dans les défaites. Pourtant on n'a pas à donner des leçons à nos frères Egyptiens qui se targuent de la descendance de la civilisation pharaonique. La lucidité doit l?'emporter sur toutes autres considérations et les européens ne sont qu'à quelques encablures. C'est durant ces moments importants que l'on peut discerner les vrais sportifs des faux.

Certains, encore après plus de 3 semaines, n'arrivent toujours pas à gober la défaite de Blida, allant jusqu'à ne pas souhaiter absolument une victoire de l'Algérie en Zambie alors que la solidarité sportive Arabe le prône énormément. Mathématiquement, tout est possible, aucune équipe n'est définitivement éliminée de la coupe du monde.

Nous rappelons à ces médias à sens unique que les meilleurs doivent d'abord se qualifier en coupe du monde et affûter leurs armes pour l'année prochaine. Heureusement que les authentiques amateurs de la balle ronde en Egypte, lorsqu'ils se sont réveillés du cauchemar Algérien, l'ont bien confié : Une qualification en coupe du monde éclipsera les résultats les plus probants obtenus dans ce tournoi. L'Algérie avec sa victoire à Chililabombwe en Zambie a encore enfoncé le clou en semant le doute parmi la délégation Egyptienne qui a été balayée le lendemain par les USA, montrant ainsi que la tête était ailleurs au fin fond du Nord Zambien.

 

Un niveau très loin du mondial



Pourtant les 8 équipes ayant participé à ce Mini-Mondial, à part le Brésil, l'Italie et l'Espagne, ne figurent pas au top 10 des meilleures équipes mondiales au classement FIFA. Sans porter atteinte à la qualité des pays ayant pris part, franchement qui est-ce qui a entendu parler un jour du football en Nouvelle Zélande ? Il y a des dizaines d'équipes dans le monde qui ont de loin un meilleur niveau footballistique que la plupart des équipes de ce tournoi. Comme vous le constatez, ce petit mondial ne reflète aucunement la réalité du football mondial et n'apporte aucune lecture ni visibilité logique. Signalons-le, juste avant le début de la compétition, la Seleçao venait de jouer un match capital en Uruguay le 6 juin en éliminatoires de la réelle coupe du monde où les Auriverdes se sont concentrés sur le sujet en gagnant sur le score sans appel de 4 à 0 à Montevideo. Ensuite un autre match à Recife au Brésil, le 11 juin exactement cette fois-ci contre le Paraguay, 1ere du classement avant ce match, où les hommes de Dunga l'ont remporté par 2 buts à 1 dépassant au classement leurs adversaires du jour. Ce match s'est joué, comme vous le constatez, 3 jours avant le début de la compétition de l'Afrique du Sud !



Des équipes fatiguées et en touristes



Les voilà donc le 14 juin, jouer contre l'Egypte dans un autre continent, exactement au Free State Stadium de Mangaung/Bloemfontein au sud de l'Afrique avec les inconvénients du changement climatique, du décalage horaire et j'en passe. Cela démontre que les Brésiliens sont venus presque en touristes pour honorer un contrat et remplir les poches pour une fédération qui n'en demandait pas tant. Ils ont pris la coupe sans trop faire de calculs, prenant les matchs un à un comme ils viennent.

Le seul pays qui était disponible et prêt, c'est bien sûr le pays hôte l'Afrique du Sud qui voulait faire la répétition de la générale qui va se dérouler dans 11 mois, le seul enjeu de cette coupe était le côté organisationnel et logistique. Ce tournoi a montré, aux constatations et aux dires des observateurs, des lacunes au point de vue sécuritaire, de transport ainsi que d'hébergement. Pour ce dernier point, les organisateurs songent à utiliser les pays Africains voisins pour accueillir les supporteurs des équipes étrangères pour subvenir à leurs moyens hôteliers. Donc cette coupe de confédérations n'a rien de stimulant sur le plan sportif, on a vu comment des équipes traînaient les pieds, presque une corvée supplémentaire de fin de saison, surtout que leurs joueurs venaient de boucler une saison éprouvante sur le plan physique. A titre d'exemple les joueurs internationaux espagnols du Barça qui sont allés au bout des fronts sur lesquels ils étaient engagés pendant cette année 2008/2009: championnat et coupe d'Espagne en plus de la prestigieuse Champion's League. Ils n'ont eu pratiquement aucun répit.

Quant à l'Italie, c'est une équipe en pleine reconstruction, elle n'a pas fait un drame de n'être pas qualifiée en demi-finale. D'ailleurs les Tifosis ne vont pas s'affoler pour ces matchs considérés comme quasiment amicaux. Si c'était le cas dans un tournoi primordial, le coach Italien aurait été éjecté au moindre accroc comme cela s'est passé auparavant avec l'entraîneur Donadoni lors du dernier 'Euro 2008.



L'Egypte encore en activité :

L'Egypte qui venait juste d'affronter l'Algérie le 7 juin, est allée au charbon de cette coupe sans aucune préparation en allant presque directement sans escale à Johannesburg. On a tous vu comment ils ont terminé le 3ème match au bout du rouleau, au broyés par la machine technologique des Américains qui venaient de se réveiller en étant plus frais physiquement.

Après ce tournoi et quelques jours seulement de repos, revoilà les égyptiens qui partent en regroupement pour s'attaquer le 05 juillet prochain au match de retard qualificatif, ô combien important pour la course à la première place qualificatif de la prochaine coupe du monde, contre le Rwanda qui ne va pas vendre gratuitement sa peau surtout que les 3 premiers au classement seront qualifiés d'office à la prochaine CAN. Du coup, tout match a son importance pour toute équipe car l'on jouera à couteaux tirés 2 objectifs à chaque rencontre d'une pierre deux coups. Même si l'on perd espoir de terminer leader, la 3ème place restera l'ultime cible. Les 5 groupes sont en quelque sorte tous des groupes de la mort. La saison n'est donc pas encore fini pour les Pharaons, encore du pain sur la planche pour les protégés de Shehata sans oublier les préparatifs d'avant saison des joueurs dans leur clubs respectifs.


Conclusion

Une dernière question me vient à l'esprit, qui est-ce qui se souvient encore du second finaliste de la dernière édition 2005 disputée en Allemagne ? Après des recherches sur Internet, je me suis rendu compte qu'il s'agissait de l'Argentine autre ténor mondial. Quoique les mordus du Foot évoquent les meilleurs souvenirs de la coupe du monde même avant que l'on soit né et dans ses moindres détails avec celle de 1970 comme l'apothéose. Je suis sûr que peu de fervents s'en remémoraient jusqu' à cet instant la deuxième équipe qui avait animé la finale 2005 dont moi-même, j'en suis le premier à l'affirmer.

A la fin de cette édition 2009, la FIFA a procédé à la distribution des prix allant des trois meilleurs joueurs, des trois meilleurs buteurs et de l'équipe la plus fair-play et aussi celui du meilleur gardien me rappelant un peu les tournois des pays du Golfe qui récompensent tout le monde en inventant tous les prix inimaginables où même les dirigeants ne sont pas oubliés.

A mon avis, la Fifa doit revoir sa copie sur l'avenir de cette compétition qui est à sa 8ème parade et qui n'a pas encore engendré de résultats convaincants. Il faudrait peut-être réfléchir sur la composante des équipes et à un tournoi très restreint avec des équipes chevronnées ou faire un trait sur cette compétition qui a pris forme dans sa 1ère édition grâce aux pétrodollars et qui subsiste maintenant à un moment lassant et ennuyeux pour tout le monde.