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Les cadets de la Révolution

par Kourichi Abdelkader

Voilà, encore une fois, votre journal dans sons édition du 18 mai, et en page 18, avait abordé pour la nième fois, le sujet des cadets de la Révolution sous le titre : «Cadets de la Révolution : les retrouvailles». Le même sujet a été évoqué antérieurement et à plusieurs reprises, à savoir : le 07 mars 2009 en page 19, le 07 juillet 2008, le 25 mai 2008, le 1er novembre 2006 etc... A noter également que même le journal «El-Watan», dans son édition du 19 février 2008, avait évoqué le sujet des cadets de la Révolution, sous le titre : «Anciens cadets de la Révolution : des retrouvailles émouvantes à Oran». Les raisons qui m'ont irrité, qui m'irritent encore et qui m'ont incité à réagir sur ce point précis, ce sont certains détails importants qui n'ont pas été élucidés à la connaissance du public en général, et pour l'histoire en particulier, notamment en ce qui concerne l'origine de la fondation de ces écoles. En réalité, ces «centres» avaient joué un rôle prépondérant durant la Guerre de Libération. J'ouvre une parenthèse sur ce point pour dire, que plus de 90 % d'Algériens ignorent jusqu'à nos jours, que des Ecoles des cadets de la Révolution ont été créées au Maroc et à Cuba durant la Guerre de Libération (ces informations concernent la région ouest de l'Algérie, cependant, nous ignorons ce qui c'est passé au centre, à l'Est et au sud du pays).

Lesquelles écoles étaient destinées à accueillir les jeunes Algériens en bas âge pour y subir une formation paramilitaire, en vue d'assurer une relève pour la continuité de la lutte armée. Car personne ne savait combien de temps allait durer la Guerre de Libération, chose que mes confrères, auteurs de ces récits, avaient par ignorance ou par omission oublié de les citer, ou peut-être n'ont pas vécu le début de leur fondation, qui remonte jusqu'en 1958.

Il est à signaler, cependant, que chaque région du pays avait subi et vécu en fonction de sa situation géographique, les conséquences de la tragédie de la Guerre de Libération.



Explications :

Détails : en ce qui me concerne, comme je suis né en 1947 à M'sirda Thata, région située à l'extrême nord-ouest de l'Algérie, mes parents habitaient à l'époque coloniale, la zone frontalière, c'est-à-dire à quelques encablures de la frontière algéro-marocaine. Mais lorsque l'armée française avait commencé à se déployer le long de la frontière ouest, elle avait forcé voire même chassé les habitants se trouvant sur la bande frontalière à quitter leurs habitations, nos parents n'ont pas trouvé où aller, ils se sont réfugiés à Oujda «Maroc», c'est là qu'ils ont trouvé refuge. A ce moment là, l'armée française avait procédé à la démolition systématique de toutes les habitations se trouvant sur cet axe là. La démolition de ces habitations lui permettant de récupérer tout ce qui est récupérable, pour la construction de forteresses et de bunkers à hauteur des points stratégiques, ceci d'une part, et d'autre part, pour lui permettre la mise en place de la fameuse ligne Morice. L'espace créé après la démolition de ces maisons lui permettait également de surveiller et empêcher toutes les infiltrations et mouvements des Fellaga en partance ou en provenance du et vers le Maroc.

A Oujda, le FLN de son côté avait commencé lui aussi à se structurer en fonction des moyens mis en sa disposition, comme la guerre prenait de l'ampleur, alors pour renforcer ses potentialités humaines et assurer un encadremement et une relève, le FLN avait commencé à recenser tous les jeunes Algériens se trouvant aux environs de la province d'Oujda, suite à l'exode massif des réfugiés.

a) Ceux qui étaient en âge de combattre ont pris le maquis

b) Quant aux autres, jeunes et moins jeunes, ils nous ont scindés en deux groupes pour constituer les premiers contingents des cadets de la Révolution.

Un groupe de soixante (60) jeunes a été orienté vers la ville de Marrakech «Maroc», au 26, Rue Derb Zemrane Berrima, où un centre nous a été réservé (dont je faisais partie de ce groupe). Ce centre était occupé au préalable par les services du Makhzen à l'époque de feu Sa Majesté Mohamed V. Un deuxième groupe a été dirigé presque en même temps vers la ville de Khémisset, près de Meknes, où une ferme agricole a été aménagée en «caserne». Les cadets de Marrakech étaient plus jeunes que leur collègues de Khémisset.

Remarque : Dès qu'un besoin en hommes se fait sentir, pour renforcer les rangs de l'ALN, les responsables s'orientaient vers le centre de Khémisset pour choisir une partie des jeunes, notamment ceux ayant une forte corpulence, apte à prendre les armes, puis seront dirigés vers le centre de Kenitra, pour y subir les entraînements purement militaires. A leur place, on ramenait du centre de Marrakech les jeunes les plus costauds, et ainsi de suite. En définitive, le cycle de formation commençait à Marrakech de 1958 à 1961 et une année à Khémisset de 1961 à 1962 et enfin, le retour à la base Ben M'hidi à Oujda et de là, nous avons regagner le pays en compagnie de nos parents.

c) En 1960, vingt-cinq (25) jeunes ont été dirigés vers l'île de Cuba pour subir également une formation paramilitaire, ces jeunes étaient accompagnés par une centaine de blessés graves issus de l'ALN. Afin qu'ils soient eux aussi pris en charge par les autorités cubaines, ils ont pris le départ depuis le port de Tanger et la traversée avait duré quinze (15) jours.

Voilà, grosso modo, l'origine de la fondation des écoles des cadets de la Révolution, après l'Indépendance, c'est une autre paire de manches.