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«Les amis de Kateb Yacine» rendent hommage à Abdelkader Alloula: «Lou Ham», entre l'illusion et le réel

par El-Kébir A.

Dimanche dernier, en guise de clôture de la semaine spéciale «hommage à Abdelkader Alloula», la troupe théâtrale de Sidi Bel-Abbès, appelée «Les amis de Kateb Yacine», a donné un spectacle singulier au théâtre régional d'Oran. La pièce avait pour titre «Lou Ham» et comprenait en tout cinq comédiens, dont une femme. L'étrangeté de cette pièce réside dans le fait que, contrairement aux pièces qu'a coutume de voir le public algérien, celle-ci n'a ni commencement ni fin. Il ne s'agit là que d'un méli-mélo de la vie quotidienne de tout un chacun; d'états d'âme de gens faisant face aux tracas de la vie de tous les jours. En somme, une tranche de vie. Ainsi, celle ayant le rôle principal, l'héroïne de la pièce, se découvre en train de porter un enfant et décide alors de le garder. Ce qui n'est pas du tout de l'avis de son fiancé, qui lui, voulant conserver sa liberté, ne veut en aucun cas s'encombrer d'un gosse. La pièce tournera alors, dans les grandes lignes, autour de ces deux personnages, et des tracas qu'ils auront à subir. Quant aux autres comédiens, leurs rôles sont plus ou moins secondaires par rapport à la trame de l'histoire. Ceci dit, il est à admettre que leur jeu donne plus de tonus à la pièce. A cela, pour appuyer le côté baroque de l'histoire, on note aussi l'apparition, périodique, d'un «marchand de souvenir» qui tente, quant à lui, d'apaiser les âmes en chantonnant, à ceux qui sont dans la tourmente, des mélodies douces.

Autre singularité à signaler, en bien des scènes on voit les cinq comédiens s'adonnant à une chorégraphie rythmée et décapante. Et c'est aussi cela le secret de cette pièce : elle est à la fois riche en texte tout en étant un spectacle vivant. Vers la fin de l'histoire, les comédiens, plus que désabusés par les tourmentes de la vie, trouvent un ultime échappatoire : retomber en enfance ; là où il ne leur est pas interdit d'être heureux. Cette fin illusoire peut, par ailleurs, très bien nous faire rappeler la phrase célèbre d'Alphonse Allais : «quelqu'un qui sait se rendre heureux d'une simple illusion est infiniment plus malin que celui qui désespère dans la réalité». On peut d'ailleurs dire que pour triste qu'est cette pièce, on y décèle tout de même, ici et là, quelques petites lueurs d'espoir...

Au final, le public a eu à apprécier dimanche dernier une pièce anticonformiste et singulière. Pièce qui a clôturé aussi la semaine spéciale d'hommage à Alloula.