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La Pologne et l’Egypte

par Akram Belkaïd, Paris

Après l’Islande, le tour de l’Europe de l’Est ? Depuis plusieurs jours, de nombreux économistes tirent la sonnette d’alarme, s’inquiétant des nuages sombres qui s’amoncellent à l’est de l’Europe. Outre les pays baltes dont la situation financière n’inspire guère la confiance, Pologne, Hongrie et autres Roumanie ou Slovaquie font face aujourd’hui à de sérieuses difficultés budgétaires, mettant en danger par ricochet leurs principaux partenaires économiques dont notamment l’Autriche.

 

Mobilisation générale

 

Du coup, les grandes institutions internationales tentent de faire face au plus vite. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a annoncé au début du mois qu’elle allait consacrer 500 millions d’euros d’investissements dans le secteur de l’énergie pour les pays baltes. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) va débloquer une ligne de crédit de 20 milliards d’euros à destination des pays de l’Est européen.

Ces derniers sont donc assurés d’une assistance financière massive et l’on sent bien que les grandes institutions internationales ont l’intention de faire oublier les hésitations que l’on avait senties ici et là au début de la crise, notamment en Allemagne. A ce sujet, il est de bon ton d’ironiser sur le fait que les pays qui se trouvaient à l’est du rideau de fer ont connu en moins de vingt ans la fin du communisme et la plus grave crise du capitalisme...

Et dans la stratégie de confinement de la crise qui menace à l’Est, la Banque européenne d’investissement est, de toutes les institutions, celle qui adopte la stratégie la plus novatrice, voire la plus agressive.

En 2009, la BEI va en effet consacrer 5 à 6 milliards d’euros d’investissements pour la Pologne. Les secteurs concernés sont les infrastructures, les routes, l’énergie, le soutien aux PME, la protection de l’environnement et la finance. Il faut noter que les montants mobilisés correspondent au double de ceux de 2008 et cela donne une indication quant à la volonté de la BEI de protéger l’économie polonaise.

Cette démarche est basée sur un raisonnement simple. Alors que la crise sévit un peu partout à l’Est, la BEI entend favoriser le renforcement de l’économie de la Pologne et faire de ce pays un îlot de stabilité. Pour être plus précis, la Pologne est destinée à être un pilier des économies des nouveaux membres de l’Union européenne. Et si son économie tient, juge la BEI, alors les économies de la région tiendront elles aussi.

 

Le cas égyptien

 

Le thème de l’îlot régional de stabilité qui exigerait plus d’attention et d’aides de la part des grandes institutions financières a traversé la Méditerranée.

Alors que les pays du Maghreb sont étrangement silencieux quant à leurs stratégies face à la crise économique, l’Egypte déploie actuellement de nombreux efforts diplomatiques pour convaincre ses partenaires du Nord qu’elle mérite elle aussi, en tant que «champion régional», une mobilisation financière comparable à celle dont bénéficie la Pologne. Pour l’heure, rien ne dit qu’une telle démarche sera couronnée de succès tant le principe de réalité est incontournable. La Pologne est membre de l’Union européenne, ce qui n’est pas le cas de l’Egypte même si ce pays copréside l’Union pour la Méditerranée.