Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Steven Green jugé aujourd'hui : Massacre et viol autour d'un whisky

par M. Saâdoune

Le massacre dans un but de viol de Mahmoudiya est une des affaires emblématiques des années Bush-Cheney en Irak. Les soldats de la «civilisation» sont jugés, chez eux, aux Etats-Unis, les faiseurs de guerre, eux, resteront intouchables. Ils avaient préparé l'affaire pendant une semaine en cuvant du whisky et en jouant aux cartes. Ils avaient vu une jeune fille, Abeer, ils ont décidé de se l'offrir, en tuant toute sa famille. De sang-froid. Tout était programmé d'avance, les meurtres et les viols. Ils l'ont fait. Ils ont également préparé la mise en scène pour désigner Al-Qaïda comme responsable du crime. L'organisation les aurait tués parce qu'ils étaient chiite. Les habitants de Mahmoudiya, qui connaissaient la famille «sunnite» d'Al Janabi, n'y ont pas cru un mot. Les assassins, c'étaient bien les Américains et ils ont fini, peu à peu et malgré la peur, par le dire. Contraignant la glorieuse armée de la «démocratie américaine» à ouvrir une enquête et à poursuivre les soldats auteur d'un sordide crime de guerre. Quatre des auteurs du crime ont été condamnés. Aujourd'hui, c'est leur «chef», le meneur, le soldat Steven Green, qui est jugé par une cour civile du Kentucky. Il risque la peine de mort. George Bush, Dick Cheney, Donald Rumsfled ne risquent rien. Ils sont pourtant moralement, politiquement et techniquement coresponsables avec les cinq brutes qui ont massacré une famille, supplicié et violé à tour de rôle Abeer, une jeune fille de 14 ans avant de la tuer.



De sang-froid...



Ils ont commencé par le père, Kacem Hamza Rachid Al Janabi, son épouse, Fakhria et la petite Hedil (6 ans). Ils les ont rassemblés dans une pièce et les ont exécutés. A bout portant. De sang-froid. Abeer est conduite dans une autre pièce, elle est déshabillée et violée. Elle est frappée ensuite avec un objet tranchant. On l'étouffe avec un coussin et on y met le feu. Les glorieux soldats de la civilisation quittent la maison. Ensuite, ils reviennent encercler la zone avec des soldats irakiens pour soi-disant traquer les tueurs d'Al-Qaïda. L'un des voisins, qui n'a pu accéder à la maison qu'après les pires difficultés, en a fait le récit suivant : «En rentrant, j'ai trouvé le père, sa femme et leur fille Hédil, sans vie, baignant dans leur sang, sans aucune réaction quand j'ai touché les corps. Le sang continuait à couler et sortait de la pièce. Puis je suis rentré dans la deuxième pièce où se trouvait Abeer. Le feu continuait à se dégager de ses cheveux, de sa bouche et de sa poitrine. Elle était dans un état indescriptible : ses habits étaient retroussés vers le haut et son soutien-gorge déchiré. Le sang continuait à couler d'entre ses jambes bien qu'elle fût morte depuis plus d'un quart d'heure et malgré le feu dans la pièce. J'ai compris qu'ils l'avaient violée : elle était couchée sur le visage, son arrière-train soulevé, les pieds et les mains liés. Je n'ai pu me retenir et j'ai pleuré. J'ai vite éteint le feu qui avait consumé une partie de sa tête, son visage, ses seins et ses cheveux et je l'ai couverte d'un bout de drap. J'ai réfléchi un peu à la situation et je me suis dit que si je parlais et protestais, ils allaient m'arrêter. J'ai donc gardé le silence et je suis sorti de la maison sans rien dire pour pouvoir témoigner en temps utile».



Un produit banal d'une occupation monstrueuse



Les quatre militaires qui accompagnaient le soldat Steven Green, officiellement renvoyé de l'armée pour «trouble de la personnalité», corroborent ce récit hallucinant du voisin des victimes. C'est en buvant du whisky que Green aurait annoncé qu'il comptait «se rendre dans une maison et tuer des Irakiens». Ils ont choisi Abeer. Pour la violer et aussi parce que le père était le seul homme de la maison. Ils ont tué et violé. Ils ont mis le feu à la maison avec du kérosène. Et puis, ils sont retournés à leur poste de contrôle à 200 mètres de là. Ils ont bouffé des ailes de poulet. «Mission accomplie», pour reprendre le commandant en chef, George Bush. «Cela va être une affaire difficile à défendre», a indiqué Darren Wolff, l'un des avocats commis d'office pour Steven Green qui doit répondre de 17 chefs d'accusation, dont viol, meurtre et obstacle au déroulement de la justice. Tout dépend en fait du choix de la stratégie de défense. Steven Green a donné une piste. Quand il a été arrêté par le FBI, il a déclaré : «vous pensez peut-être que je suis un monstre (...) Ce sont George Bush et Dick Cheney qui devraient être arrêtés». Steven Green est un monstre ordinaire, produit banal d'une occupation monstrueuse décidée par des assassins de masse qui ne seront pas inquiétés. Et qui sont absents du box des accusés...