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Du silence... au «galimatias» sociologiques

par Mahmoud Ariba *

Suite et fin

Enfance destinée à une scolarisation superficielle, débonnaire, rugueusement tatillonne et monotone(25) qui semble n'avoir pour fonctions endogènes que les seuls critères, éculés et délavés, de la normalisation, la soumission et l'intériorisation passive, placide, des semblants de règles ou normes en vigueur, d'ailleurs ouvertement désertées par la plupart. La dégradation continue des systèmes d'enseignement participe donc de toute évidence de ce même travail de sape fomenté et ourdi par une diaspora toujours aux aguets, prête à tendre d'infâmes pièges à des sociétés arabes emportée par la frime, le raï et la danse du ventre dans des cabarets à ciel ouvert. Les boissons alcoolisées qui y coulent à flots font partie de la même panoplie de «dévitallisation» et «chloroformation» des énergies constructives. On peut d'ailleurs juger de l'ampleur du phénomène en jetant simplement un coup d'-il sur les emballages de bière s'empilant en vrac le long des routes.

Comme hier les Indiens d'Amérique pris dans la souricière dite «eau de feu», les Arabes se laissent aujourd'hui attraper, gruger, par des «tango» et autres «brunes»/blondes« bières coulant à flots, pour ne pas dire à gogo-Pour preuve, redisons-le, il suffit de jeter un coup d'-il le long des routes ou aux abords de cités rachitiques pour constater les invraisemblables amoncellements de cannettes jetées négligemment et sans vergogne par leurs «têteurs» invétérés.

Sociétés comme victimes d'une sorte de machiavélique conjuration dans la mesure où, ce à quoi nous assistons aujourd'hui à leur niveau, semble corroborer cette curieuse appréhension: que nous avons bien affaire à des sociétés bloquées(26) dans leur élan, leur mouvement vital, parce que rien ne permet de supposer que tous les acteurs concernés aient envie de voir aujourd'hui les choses évoluer positivement ou significativement. Sociétés figées, pour la plupart, par la volonté de pouvoirs à structure colloïdale tyrannique et désespérément dictatoriale, refusant ou excluant toutes formes de changements, qualitativement décisifs. Pouvoirs honteusement abusifs, violents et répressifs s'inscrivant, en définitive, par leurs pratiques de l'endoctrinement et l'arbitraire(27) malsains en droite ligne des missions attributives qui, pendant le sombre règne colonial, étaient alors étroitement dévolues aux Caïds, bachaghas et autres zélés chefs de douar ou de tribus beni-oui-ouistes pour écraser toute expression, toute revendication, légitimes des populations contrôlées, brimées et asservies. Nous passons certes d'un niveau à un autre mais l'échelle mentale-en dépit de l'affranchissement apparent du funeste joug colonial-, est demeurée strictement la même comme peuvent en témoigner les réflexes-boulala encore prédominants dans la gestuelle institutionnelle de nombre de ces pays ou la résurgence de fouillis observés dans les nouvelles «agglomérations» érigées après les indépendances. Sans schémas directeurs, sans commodités et sans cadre véritable même de viabilisation au sens propre du terme.

Même le tracé des rues filiformes et passablement exigües, tordues, bosselées et souvent impraticables mêmes, souligne le degré inouï, insensé, de régression et de retour fort loin en arrière, en déni total des agencements géométriques, fluides, aérés et espacés(28), tels que normalement référés aux communautés urbaines modernes dignes de ce nom et où, spontanément, l'on ne peut manquer de se sentir quelque peu apaisé et décontracté.

Et c'est là justement où l'on peut mesurer à quel point les ineffables séquelles et autres archaïsmes invétérés issus en droite ligne de la colonisation(29) continuent de sévir tant dans les modes de pensée que de comportement même durant la période dite post-coloniale. Sans parler de l'opportunisme aberrant, la veulerie, la corruption et la prédation débridée qui atteignent des seuils invraisemblables, pour le moins inimaginables. Et, comme pour couronner le tout, voici que prend le pas sur le régime de la république un autre paradigme : la «république monarchisée» ou « califalisée»(30), donnant à ses partisans un mandat électif/successoral à vie et transmissible le cas échéant de père en fils. Certains diront que l'exercice de la politique est ainsi fait, cruel et brutal, bref sans états d'âme. Ce faisant, il est loisible de constater que les mêmes velléités de «durabilité» ou de «pérennité»au pouvoir peuvent également être relevées sans difficultés dans d'autres ranchs politiques (Bush père et fils I/II(31), voire Chirac, entre autres...), n'eussent été les garde-fous constitutionnels préétablis.       L'on parle d'ailleurs de «dérive monarchique» prononcée chez le tout récent locataire de l'Elysée, qui, en un laps de temps n'égalant pas une année, aura réussi à ''placer» son fils de vingt-deux-ans dans le circuit électoral des cantonales tout en se payant le luxe, chemin faisant, d'avoir affaibli à son seul profit tous les autres rouages institutionnels. Mais admettons tout de même que dans ce même monde arabe, ces dérives «singulières» atteignent en définitive des proportions particulières. Ce mal du siècle en cours a même fini par éclabousser d'autres institutions, telles les Universités entre autres..., où l'exercice de charges-par nominations interposées-a tendance à se prolonger de façon inhabituelle dans le temps (plus d'une décennie dans certains cas).

Paradoxalement, et avec le recul que permet le temps passé depuis, il est permis de dire que c'est pendant la colonisation que les anciens acteurs politiques semblaient disposer et «jouir» de plus d'opportunités et d'autant de canaux d'expression divers (journaux, prêches, réunions, associations, halqas des souks-et même le cinéma(32)) qui leur étaient manifestement bien plus accessibles, politiquement parlant et ce, malgré les formes avérées de strict verrouillage et de quadrillage bien connues de tous. Le jacobinisme intempestif/corrosif qui a sérieusement empiré après les indépendances a souvent pris des allures tellement «jusqu'au boutistes» que parler de cadres d'expression formels semble bel et bien relever de la gageure(33) et la fiction consommées. En tout état de cause, beaucoup d'analyses consacrées auxdites sociétés seraient bien inspirées de considérer que les néfastes effets et aliénations plurielles engendrés par la colonisation dans nos habitus sont loin d'être estompés ou gommés mais que, bien au contraire, ils ne font pour ainsi dire que se prolonger et activer encore plus sous de multiples facettes dans l'ère dite post-indépendance. A bien des égards, il est permis de dire que la révolution des consciences, tant espérée aux lendemains de ces indépendances, n'a pas eu lieu puisque l'on a vu succéder au contraire les pires inepties et sourdes ignominies que l'on puisse imaginer dans les comportements d'abord mais aussi dans les modes de pensée parce que cumulant, charriant, toutes sortes d'aberrations, d'archaïsmes résiduels et autres travers délictueux. Pourquoi donc les sociétés musulmanes ont-elles connu cette rupture subite, brutale, de leur élan civilisationnel? La réponse est peut-être aussi que les acquis antérieurs n'étaient pas parfaitement assimilés ou suffisamment consolidés par les instances-relais, dites aussi d'orientation, qu'ils n'ont guère résisté à l'usure implacable du temps, ont donc fini par s'atrophier, se diluer, pour cause d'incohérence et de discordance dans la gestion du capital culturel légué par nos illustres devanciers. La réponse pourrait être aussi que la société arabe dans son ensemble est restée prisonnière de ses mythes et légendes sans être en mesure d'en tirer les interprétations pertinentes, adéquates, dans le contexte présent. Par excès de contemplation, d'inertie et d'immobilisme, cette société a perdu, dans une certaine mesure, les notions clés de vitalité, de dynamisme, d'adaptabilité et de mouvement créatif/productif/constructif. La façon dont les gens travaillent et gaspillent des ressources inestimables que l'Etat ou les collectivités s'épuisent pourtant à mobiliser est un indicateur qui ne trompe personne sur les causes évidentes de notre retard incommensurable, sur tous les plans et à tous les niveaux. Même les canaux, telle la télévision, censés aider à réaliser un saut qualitatif et salutaire, se trouvent fonctionner avec les mêmes canons que ceux observés naguère dans nos souks austères. Sans exagération aucune, l'Unique (comme on a coutume de l'appeler chez nous) semble utiliser aujourd'hui les mêmes recettes farfelues que celles des meddah de naguère quand elle ne sert pas de facto de vitrine à un usage personnel pour un narcissisme démesurément immodéré de quelque boss en mal d'être et/ou de paraître. Et l'on peut donc affirmer qu'elle n'a fait que «cathodiser» des thèmes auparavant diffusés-avec bien plus de brio, de tact, de finesse et de présence d'esprit qu'elle ne le fait- par ces derniers troubadours qui officiaient dans nos places publiques(34) avant qu'elles ne soient littéralement submergées et «tsunamisées» par les adeptes du «Tag ala men Tag» et tout le fouillis qui va avec. Il n'en reste pas moins que, parfois, de pures anthologies voient le jour grâce à des réalisateurs chevronnés et perspicaces comme ce fut le cas avec ce feuilleton «Douar Chaouia'' qui projette fidèlement le quotidien du monde rural dans l'Est algérien dans toute sa teneur, sa splendeur et son intime, authentique, saveur. Mais le plus souvent, à défaut de création digne de ce nom, on préfère se rabattre en simulant des rase-mottes sur des «remake» usés et délavés-façon «cornichon»-à l'image de: «Star Académy», «fort Boyard», «Koh Lanta»- La bosse du mimétisme fétichisé fera que l'on se mit même en tête de «dupliquer» le festival de Cannes ou sa consoeur mitoyenne: Venise. Mais il était dit que là aussi, même si l'idée, en soi, paraissait a priori quelque peu séduisante, que ne s'improvisait pas en la matière maître de cérémonie qui voulait. D'autant plus que, en arrière-plan, s'affichaient l'amère décrépitude et cruelle désolation qui, comme une lèpre rampante, devaient finir par avoir gain de cause de nos meilleures salles de cinéma, naguère pourtant pleines de vie et retentissantes de l'éclat jovial, stimulant, de nos bambins et autres chérubins cinéphiles. Sans oublier la dégradation continue d'un cadre de vie qui ne fait qu'empirer avec des rues affreusement défoncées et des souks faisant penser à d'invraisemblables «porcheries» (façon rue de la Bastille à Oran, noyée dans la gadoue) au vu et au su de «gestionnaires/caids», plus soucieux de réceptions festives que de prise en charge réelle des problèmes quotidiens de leurs administrés. Mais si dans les souks d'hier, la parole valait à tous points de vue son pesant d'or, dans ceux d'aujourd'hui elle se résume à un triste et désolant bagou/tiriri manipulé par d'informes/mornes prestidigitateurs, sans classe, sans épaisseur, sans goût aucun et par-dessus tout sans vergogne. Cela dit, même la «caméra cachée», version 2006, participe à sa façon de cette évidente césure du sens pour faire place à l'empire débridé, incongru, du non-sens et de l'insensé sans que ses concepteurs n'éprouvassent apparemment la moindre gêne, ni encore moins le moindre trouble en la circonstance(35). Ils vont même plus loin en se payant le culot de nous présenter ces «productions»-tarées, désaxées, médiocres et foncièrement débiles-comme autant d'oeuvres finement inspirées... Que de livres inondant actuellement le marché, et publiés le plus souvent à compte d'auteur, se révèlent n'être en définitive que de simples flop et fades/grotesques brouillons sans lendemain parce que sans consistance aucune. Tout juste bons à chauffer quelques fourneaux vieillis et désuets ; mais n'en bénéficiant pas moins de séances-dédicaces convoquées avec T'bal et ghaïta (tambourin et cornemuse), avec en prime une publicité tapageuse dans la presse, pour épater la galerie et «éperonner» au passage quelques lecteurs-dorades distraits venant échoir d'eux-mêmes sur le grill/chausse-trappe. Même l'Université(36) n'est pas épargnée par cette gabegie écoeurante et désolante : des «publications» in vitro/in labo/in dodo'' se suivent et se ressemblent sans faire, apparemment, l'objet ni de stricte évaluation, ni même de mises en formes qualifiées pour être simplement en adéquation avec les normes conventionnelles admises en la matière. Si dans ce fouillis inextricable, parviennent tout de même à émerger de temps à autre quelques beaux livres, au sens propre et figuré du terme, ils ne font malheureusement pas le poids par rapport à tout ce qui est littéralement ''déversé'' sur le marche. C'est pourquoi, il reste donc malgré tout à espérer qu'avec une réactivation visible de l'édition, les critères de qualité, de goût et de finesse finiront par s'imposer d'eux-mêmes, contribuant ainsi à séparer au fil du temps le bon grain de l'ivraie. « Par décadence, écrivait K. Benmiloud, il faut entendre : la perte, le déficit, le manque, le retour à un stade antérieur moins évolué et moins développé. Les acquis que l'on croyait irréversibles ont abandonné même notre mémoire et on ne voit plus que des spectres et des vestiges (_). La culture décadente est une culture simulacre qui a épuisé toutes ses possibilités d'expansion et de renouveau. Elle demeure la proie de mouvements automatiques et déracinés pour des manifestations de «rabâchage». Elle ne dit plus rien de compréhensible et de communicable. Elle ne propose plus de valeur ni de sens». Ce sur quoi, il concluait en affirmant : «une société décadente est une société atteinte dans toutes ses performances antérieures : l'économique comme le politique et sa socialité, le spirituel et l'artistique comme le discours du sens. Elle ne disparaît pas pour autant mais va devenir fragile, vulnérable, ouverte aux agressions de tous ordres venues d'ailleurs, venues avec ou sans violences, des autres sociétés en pleine vigueur, en pleine créativité, en pleine «sonorité». Alors, l'histoire de cette société n'est plus qu'un écho, qu'une annexe, qui subit et reproduit les bruits et les langages voisins ». Pour toutes ces raisons, la société arabe contemporaine offre l'image d'une société perplexe, indécise, qui ne réagit plus-positivement parlant-aux chocs des situations actuelles, de la modernité. Presque comme sans buts précis, seuls capables de canaliser et catalyser ses énergies déconnectées, elle semble aller à la dérive comme un vaisseau fantôme sans gouvernail et sans maître à bord. Elle suit de la sorte un mouvement artificiel qui ne fait que déraper ses mécanismes sans les faire avancer ni se déplacer de façon assurée et prégnante. Sans espérance porteuse et sans un cap directionnel d'avenir, elle végète dans un présent flasque et fade, virtuellement amorphe. Cette société est dans l'état où elle est parce qu'elle a, depuis fort longtemps déjà, cessé d'agir.

Le monde arabo-musulman est aujourd'hui en position de défense, de repli même, parce que subissant des attaques frontales de toutes parts, y compris de l'intérieur même de son propre espace de la part de forces antagonistes, séditieuses, rageusement réfractaires au sens élevé et pérenne, de la discipline sociale tout court. Il se trouve alors dans une position des plus inconfortables, des plus incommodes, et partant, des plus instables. Ses adversaires, de tous bords et de tous temps, exploitent tous les moyens pour le maintenir précisément en l'état. A ce titre, il est permis de dire que l'impérialisme politique, économique et culturel est bel et bien, à tous les points de vue, une forme perverse, pernicieuse, basse et vile, de chantage exercé en continu sur des sociétés confrontées à tous les défis référés au développement. Dans les mille et une nuits, on parle souvent de génies enfermés dans des bouteilles. Loin d'être sibylline ou pour le moins anodine, la question ne manque pas d'effleurer le bout de la langue et se pose de savoir, au vu de tous les impacts gravement dommageables et affligeants relevés ici et là, si le génie arabe n'aurait pas alors subi, à l'insu de ses directs dépositaires et légitimes légataires, un aussi cruel et funeste sort.

Il convient toutefois d'être attentif que dans d'autres sociétés des constats souvent analogues sont relevés, inventoriés et formalisés. Comme en témoigne expressément le fragment suivant qui touche pourtant des sociétés (occidentales) faisant office en l'occurrence presque de ''modèles brevetés'' à suivre sans faire de commentaires: « Satire féroce d'un temps qui sape les valeurs, lénifie les énergies, étouffe la petite flamme d'originalité que porte chacun en soi, soumet les intelligences et les consciences au plus petit dénominateur commun de la vie ordinaire, s'acharne à fondre l'individu dans le troupeau, taille un même uniforme pour les corps et les âmes. Et le temps passe qui affaiblit les résistances, les révoltes, corrode les désirs »(37). Faudrait-il alors rattacher ce constat à ce qui est rapporté dans la plupart des pays? La période historique actuelle étant souvent décrite comme souffrant d'un «manque de sens» qui se présente non seulement comme une difficulté qui affecte l'individu, mais qui est également sociale et universelle. Les interprétations et sibyllines explications ne manquent pas, loin s'en faut :

  -la fin de la guerre froide a généré la création d'un vide,

  -auquel s'ajouterait la difficulté de se représenter l'avenir de quelque façon que ce soit ;

  -et, en définitive, l'incertitude devenue totale, devenue même l'inéluctable et aberrante référence pour plus d'un, etc.

En tout état de cause, ces divers constats montrent surtout que la physionomie des sociétés actuelles, malgré les écarts tangibles observés, tend également à afficher des signes d'évidentes et troublantes convergences. Le même rouleau compresseur travaille donc à niveler-et formater- à l'identique des aires culturelles naguère pourtant plurielles et riches de leur foisonnante diversité. Mais les nouveaux caps relevés tout récemment ne manquent pas non plus de susciter bien des interrogations et inquiétudes légitimes. Car à la phase, insidieuse, de silence notoire semble aujourd'hui succéder une autre, tout aussi généralisée et non moins inquiétante faite d'agitation, de boucan, de tintamarre et grabuge tous azimuts ; de remue-ménage même à n'en plus finir, sous toutes les latitudes et toutes les coutures. Et le moins que l'on puisse dire-en l'espèce-, c'est que le monde entier, aujourd'hui, parait bien être devenu une immense, trépidante, gesticulante et pétaradante cour des miracles...


* Faculté des Sciences Sociales
Université d'Oran


NOTES :

25- « Dès l'entrée de l'enfant à l'école, ce dernier voit un établissement éducatif qui privilégie les modèles et méthodes d'enseignement et d'évaluation qui reposent sur la passivité et la soumission et ne permettent pas un dialogue libre, ni un apprentissage actif basé sur la découverte tout comme ils n'ouvrent pas, par la suite, la voie à la liberté de pensée et à l'esprit critique. Mais au contraire affaiblissent la capacité de l'enfant à s'opposer et à dépasser une situation déterminée. Le rôle de l'établissement scolaire se limite à reproduire la tyrannie dans les sociétés arabes ». Extrait du rapport 2004 du PNUD, cité in le Quotidien d'Oran, 7 mai 2006, p.7.

« Les systèmes éducatifs arabes souffrent de plusieurs insuffisances : accumulation de connaissances médiocres, faiblesse des capacités d'analyse et de l'esprit créatif, courbe du niveau général de l'enseignement de plus en en plus descendante, et faiblesse de l'ouverture sur le monde ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 7 ai 2006, p.7.

26- «Aujourd'hui, l'Arabe ne se résigne plus à regarder, il veut comprendre non pas ce qui lui arrive, mais pourquoi cela ne lui arrive qu'à lui ou, du moins, pourquoi à lui plus qu'aux autres. Il se pose (_) un tas de pourquoi. D'abord, pourquoi cette incapacité manifeste des Arabes à améliorer leur situation sociale, leur développement économique et leur efficacité politique ? ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 10 août 2006, p.31.

27- «Dans les pays du Sud, le recouvrement de la souveraineté nationale par les anciennes colonies n'a pas toujours été suivi de justice et de prospérité sociale. Souvent le fossé creusé entre les peuples apparaissait encore plus grand que celui généré par les puissances coloniales contre l'arbitraire, desquelles les chefs de guérilla ou les chefs nationalistes prônant l'indépendance entendaient pourtant lutter ». Cf. ''Identités culturelles et identités nationales'' in le Quotidien d'Oran, 14 sept. 2006, p.7.

28- « La Casbah d'Alger raconte un pan de l'histoire de ce pays à travers son organisation spatiale, l'ordonnancement de ses voies de circulation, la répartition de ses corps de métiers et corporations, les services publics dont disposaient les populations en termes d'éducation et de d'hygiène ; il y avait notamment un nombre considérable de hammams. Il est tout à fait significatif que la première mesure administrative du colonialisme français à Alger et aussi dans d'autres villes du pays ait consisté à effacer ces référents nationaux pour leur substituer leurs propres repères. Les noms des rues de La Casbah d'Alger ont été ainsi remplacés par des noms français, comme cela se fit à Constantine, Tlemcen ou Bejaïa. C'est une _uvre d'envergure que de se réapproprier et restaurer ces sites patrimoniaux qui démontrent d'abord que les Algériens étaient bien chez eux, contrairement aux affirmations de théoriciens du colonialisme. Ce n'est pas seulement une démarche culturaliste, mais un geste fort de résistance à un déni qui fabrique, notamment, des harraga de la pensée. Ce n'est pas non plus une posture de repli car il s'agit, avec La Casbah d'Alger, d'un site protégé, comme c'est d'ailleurs le cas pour d'autres espaces patrimoniaux du pays. La dimension universelle de ces hauts lieux rend, aujourd'hui plus que jamais, les Algériens responsables de leur sauvegarde. C'est d'une manière évidente leurs propres racines qu'ils préservent de l'occultation dans ce qui est un acte non moins magistral de réconciliation avec eux-mêmes». Cf. El Watan, 1er déc. 2008, p.32

29- « Les actes perpétrés par l'administration coloniale dépassent en horreur tout ce qui peut être imaginé ». Cf. El Moudjahid, 18 juin 2006, p.6.

30- «...une monarchie que l'on se repasse, comme un plat, de père en fils_ ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 19 oct. 2006, p.7.

31- Cf. El Watan, 6 janvier 2009, p.26 où l'on peut lire les propos de Bush père envisageant le même destin présidentiel pour son deuxième rejeton.

32- « Ce cinéma, ''façonneur'' de la culture populaire, a participé pour une large part à l'éveil nationaliste à partir des années quarante ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 18 sept. 2006, p.11.

« La soirée cinématographique n'était pas seulement la visualisation d'un film, mais l'exécution d'un rituel social dont on se délectait collectivement ». Idem.

33- «...malheur à celui qui a une idée, un point de vue, une approche originale (_). L'allégeance supplante le mérite, la région discrédite la compétence, le courtisan barre le créatif_ ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 12 octobre 2006, p.7.

34- En voici un témoignage plus qu'édifiant: « ce flûtiste et gaoual qui animait nos soirées à la lueur de la lampe à acétylène ainsi que (_), ce conteur qui savait charmer et séduire son public sur la place du marché en racontant à sa manière la folle épopée d'un amoureux banni par sa tribu pour avoir osé poser son regard sur une jeune et belle fille pudique de sa tribu. Ce meddah qu'il était attirait comme le miel toute la populace le jour du marché hebdomadaire. Le son de sa flûte enivrait les esprits et les emportait sur un tapis magique volant. Cette flûte magique brisait des tabous, puisque hommes et femmes, têtes blondes et brunes se mêlaient à son concert donné sur la place publique. Les enfants grillaient les cours et les rues se vidaient ce jour-là ». Cf. Le Quotidien d'Oran, 7 oct. 2008, p.19.

35- « «Depuis la fin des années 1980, l'Algérie n'a pratiquement plus rien au plan de la réalisation cinématographique. Tant et si bien que l'on est arrivé à nous faire passer pour grandioses, les petits prix décrochés au dernier Festival de Carthage. D'acte tout ce qu'il y a de normal sous d'autres cieux, nous avons fait de l'ouverture de la cinémathèque de Annaba un événement. Cinématographique ou télévisuel, il n'y a plus de création au sens propre du terme». Cf. El Watan, 7 décembre 2006, p.7.

36- « L'Université algérienne qui fut jadis le coeur palpitant des luttes citoyennes est fermée à l'expression ». Cf. El Watan, 5 janvier 2009, p.5.

37- Cf. Le Figaro G.B, janvier 1986.

Lors d'un passage en Algérie, et toujours avec son franc-parler coutumier, l'acteur et comédien français Pierre Richard a usé d'une formule tout en couleurs et riche de sens: «société scotchée». Cf. Canal Algérie (19 heures), 12/O7/O1.

La formule, au demeurant tout à fait seyante et à propos, est aussi on ne peut plus opportune et tout à fait pertinente pour décrire un trop-plein de pesanteurs, de simulacres, de faux semblants, de faux-fuyants et d'apparences dérisoirement tronquées.