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Le temps de l’énergie verte

par Akram Belkaïd

Les partisans de l’esprit chevaleresque auront beau dire mais lorsqu’un adversaire est à terre, il serait stupide, voire même impardonnable, de ne pas en profiter. L’application de cette règle est illustrée, aujourd’hui, par les tentatives de mise au pas du secteur automobile notamment aux Etats-Unis. On connaît le fameux adage selon lequel: «ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique». Et bien, depuis quelques jours, c’est plutôt dans un ordre inversé que cette vérité s’applique: «ce qui est bon pour l’Amérique doit être imposé à General Motors.»

 

Une occasion en or pour mater l’industrie automobile

 

Le président Barack Obama n’a pas tardé. Moins d’une semaine après son investiture, il a ainsi annoncé son intention d’imposer aux fabricants automobiles de son pays des normes antipollution strictes avec une réduction de 20% du niveau de consommation moyen d’un véhicule (6,7 litres par kilomètre contre 8,5 actuellement).

Dans une conjoncture où les grands constructeurs de Détroit

-capitale américaine de l’automobile- sont à la recherche désespérée de capitaux, la nouvelle administration démocrate ne voit aucune raison de tergiverser et de ne pas monnayer son aide financière. A titre indicatif, et pour prendre la mesure des difficultés du secteur, il faut savoir que 900 concessionnaires automobile ont fait faillite en 2008 et que près de 2.500 devraient subir le même sort en 2009.

Après avoir longtemps mené un lobbying intense pour empêcher l’application de toute réglementation contraignante, l’automobile américaine va donc devoir se plier à des normes plus sévères. L’administration Bush n’est plus là pour la protéger ou pour faire obstruction aux législations favorables à l’environnement que de nombreux Etats, dont la Californie, ont adopté, au cours des dernières années. Des réglementations parfois plus sévères que ce qui existe en Europe et que Bush et les républicains ont toujours neutralisées par le biais de l’Agence fédérale de protection de l’environnement. Une agence que l’administration Obama entend, désormais, remettre au pas en la «nettoyant» des fonctionnaires placés par l’équipe précédente.

 

Temps difficiles pour le «carbone»

 

Une diminution de la consommation des automobiles américaines n’aurait pas que des conséquences (positives) sur l’environnement aux Etats-Unis. Cela représentera aussi une tendance que les pays de l’Opep seraient bien inconscients de ne pas prendre en compte. Il s’agirait, en effet, de l’un de ces événements annonciateurs d’un changement majeur, en l’occurrence celui de la fin progressive du «tout carbone» en matière d’énergie. Certes, ce n’est pas demain la veille que pétrole, gaz et charbon seront abandonnés mais, petit à petit, se mettent en place les mécanismes qui façonneront la consommation énergétique de la seconde partie du XXI° siècle. C’est dans cette optique qu’il faut relever la naissance, cette semaine à Bonn, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Durant des années, la création de cet organisme destiné à promouvoir les énergies éolienne et solaire ainsi que les biocarburants, la biomasse et la géothermie, a été contrecarrée par les grandes puissances industrielles (attentives aux intérêts du secteur automobile et des majors pétrolières) mais aussi par les pays membres de l’Opep. Mais la donne a changé. Les Etats-Unis sont plus ouverts et plusieurs pays européens, à leur tête l’Allemagne, sont décidés à faire de l’énergie verte le grand défi des prochaines années. Une réalité que les exportateurs d’hydrocarbures, Algérie comprise, ne peuvent plus ignorer, à charge pour eux de s’y préparer en investissant, eux aussi, dans les énergies renouvelables.