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Les masques sionistes sont retombés à Ghaza

par Mohammed Beghdad *

«La grande illusion, c'est la guerre. La grande désillusion, c'est la paix.»
Marcel Achard

C'est après d'intensifs massacres des forces sionistes, dignes des nazis, sur la population civile désarmée, assoiffée, affamée et de surcroît prisonnière de la bande de Ghaza que le Conseil de sécurité vient de voter, aux premières heures de ce vendredi 9 janvier 2009, 14e jour des bombardements, une résolution tirée presque par les cheveux.

Les Occidentaux, à leur tête la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ont effectivement arraché cet accord suite à la très mauvaise image qu'a véhiculée leur éternel protégé Israël, pour ne pas l'enfoncer davantage auprès de leurs opinions publiques et en leur évitant de s'enliser dans ce bourbier, mais en sortant quand même par la petite porte. Une guerre supplémentaire sans gloire face à des civils, du rarement vu.

La chaîne qatarie Al Jazeera, par son professionnalisme, a joué un rôle essentiel et central dans cette transmutation en dévoilant le véritable visage d'Israël, qui est passé en quelques jours du statut d'entité en légitime défense vers celui d'un véritable cannibale, dépassant toutes les limites d'oppression commise sur un être humain. Les images filmées et diffusées des enfants de Ghaza par Al Jazeera ont été très révélatrices en choquant et en mettant le monde en émoi.

Le disciple Israël a bien appris les leçons et a dépassé son distingué maître en la matière de l'Allemagne nazie. Olmert et ses acolytes Barak et Livni ont voulu briser toute velléité de résistance des Palestiniens. Mais c'est tout à fait du contraire qu'ils auront à hériter avec, sur les bras, un Hamas plus que jamais conforté en véritable et incontournable interlocuteur.

Comme il était prévu dans les plans des assaillants, les Ghazaouis n'ont pas lâché le Hamas, sorti plus que renforcé et qui demeure le vainqueur moral et politique de ce carnage israélien. Il est sorti, aux yeux de l'Occident et de l'opinion internationale, comme le défenseur des droits et des revendications palestiniennes, antinomique au rôle de terroriste dans lequel voulaient le confiner Israël et ses amis.

Comme vous le constatez, il y a l'avant et l'après-Ghaza. Le cynisme d'Israël et de ses protecteurs est apparu au grand jour. Pour une fois, les thèses machiavéliques de l'Etat sioniste sont défaites non seulement sur le terrain mais aussi sur la place internationale, au grand dam de leurs supporters dans les pays où le lobby sioniste fait des ravages dans sa propagande soutenue par les médias pro-sionistes dans sa majorité. Quand il s'agit de la question palestinienne, le «deux poids, deux mesures» en est le slogan favori et est tout le temps de rigueur sous le regard bienveillant des protecteurs des exactions israéliennes.

On n'arrête pas d'abreuver le monde occidental de la Shoah et de l'antisémitisme, alors qu'une autre Shoah a débuté en 1948 contre le peuple palestinien. La première n'a duré, d'après ses historiens, que quelques années, même pas le temps de la Seconde Guerre mondiale au maximum, alors que la présente, sous leurs yeux, s'éternise depuis 60 ans dans ce monde soi-disant beaucoup plus soucieux de la liberté que les années 40. Le monde occidental a-t-il été aveuglé à ce point ?

Heureusement, des âmes conscientes se sont élevées ces derniers jours en découvrant l'Etat, l'enfant gâté du monde occidental qu'est devenu Israël, un vrai cancer responsable de 11 guerres et conflits depuis 1948 contre les Etats arabes et qui ne cesse d'annexer la quasi-totalité des terres spoliées aux Palestiniens.

Ce cancer est-il curable ou incurable ? Telle est l'exacte question. Il est une menace sans cesse contre la sécurité dans la région moyen-orientale. Si les Occidentaux continuent à le subventionner au détriment de leur développement, ils courent le risque de leur perte. Israël pourrait être la cause d'une 3e guerre mondiale, surtout avec son arsenal d'armes non conventionnelles offert gracieusement par les Américains et les Européens. Cette politique à sens unique pourrait, un jour, se retourner contre eux. Vont-ils réagir à temps pour réparer les injustices ? Il sera trop tard lorsqu'ils se réveilleront et l'histoire est pleine de cas similaires.

En 60 ans, le petit Poucet, comme aiment à le dorloter ses bienfaiteurs, est devenu un véritable ogre qu'il sera très difficile de contenir s'il se dresse un jour contre la communauté internationale. La preuve, ils ne peuvent plus le contrôler, il se moque éperdument de l'ONU et des instances internationales et il se fiche des traités, résolutions et conventions internationaux. Ce sont des chiffons pour lui car il a toujours le veto américain en sa faveur. Par ce privilège, il détient la carte blanche de jouir de toutes les dérives.

En face de cette armée, dont la ressemblance de ses soldats avec les GI's américains en Irak est trop frappante, et comme l'ont remarqué plusieurs analystes sur le terrain, la résistance palestinienne n'est pas une armée au sens vrai du terme, mais juste de simples militants armés pour défendre leur honneur et leur patrie avec les rares moyens de bord dont ils peuvent encore disposer. Le monde dans sa totalité n'a déniché sur les images de la télévision ni chars, ni avions, ni artillerie palestiniennes. Maintenant, on veut les priver d'armes, ne serait-ce qu'artisanales, pour lutter contre l'occupant qui a outrepassé toutes les normes avec ses armes nucléaires.

Les armes de la résistance sont considérées comme des pétards face à la force de feu de l'entité sioniste. Cette invasion de la bande de Ghaza va certainement laisser des traces au sein des faucons israéliens adeptes de la terre brûlée. Les partisans du criminel de guerre Sharon ont voulu faire de ce carnage de Ghaza un trophée pour les futures élections législatives israéliennes, mais ce sont leurs tombes qu'ils ont creusées avec leurs propres mains.

Dans tous les cas de figure, ceux qui vont les remplacer au commandement ne seront pas des enfants de choeur, loin de là : c'est juste un changement de rôle, comme l'ont montré les évènements du passé avec le Likoud et les travaillistes. Justement, ces derniers, avec Shimon Peres, ont assuré de toute leur bénédiction cette lâche extermination des populations civiles, dont presque la moitié est constituée d'enfants et de femmes sans défense. Dorénavant, on peut coller à cette personne sanguinaire le surnom de «des mains de feu dans des gants de velours».

Nous avons oublié le plus important : il est détenteur du prix Nobel de la paix, pardon de la guerre. Il n'a rien à envier à Sharon.

Selon un sondage paru le 1er janvier 2009 dans le quotidien israélien Maariv, les va-t-en guerre sont très largement acclamés par cette offensive contre Ghaza en recueillant le soutien de 95% des juifs israéliens. Le chiffre de ce sombre sondage nous laisse perplexe sur les intentions occultes d'Israël et sa définition de la paix. Apparemment, le massacre avoisinant de 300 enfants à ce jour (chiffre publié par l'ONU) ne laisse la place à aucun regret ni remords de la part de la population israélienne.

Ils appliquent parfaitement bien le proverbe «plutôt prévenir que guérir». Il vaut mieux se débarrasser de ces petits Palestiniens en les tuant dans l'oeuf, avant qu'ils ne deviennent adolescents et conscients de leur cause nationale. Il est vrai qu'aux yeux de l'Occident, le sang d'un bambin palestinien n'a aucune valeur devant celui d'un petit Israélien. Si les rôles étaient renversés, la communauté occidentale aurait remué ciel et terre pour le sang d'un seul être juif. Malheureusement, La Fontaine nous rattrape encore une fois en nous rappelant que la loi du plus fort est toujours la meilleure.

Le nombre hallucinant de ces anges enfants, immaculés de sang dans leurs linceuls, a troublé le monde entier. Dommage que les médias étrangers aient été interdits par les Israéliens d'aller à Ghaza par peur de découvertes macabres.

Par ailleurs, nous n'avons pas beaucoup vu sur les médias les personnalités acharnées à la défense de l'Holocauste juif. Mais par contre, nous avons vu les défenseurs de l'offensive sioniste, comme Enrico Macias, défiler à Paris. Tantôt il chante la guerre, tantôt il chantonne la paix. Que va-t-il faire de sa chanson «Enfants de tous pays» ? Cette chanson est tombée maintenant en désuétude au profit des «enfants d'Israël». Tant pis pour les enfants de Palestine, voilà un exemple concret de vraies larmes de crocodile.

Maintenant que les cagoules sont déposées, espérons que les réels défenseurs des droits de l'homme, s'ils veulent retrouver une certaine crédibilité, pourront tirer moralement les conclusions nécessaires pour la poursuite des criminels de guerre que sont Peres, Olmert, Barak et Livni, ainsi que leurs généraux sur le terrain du grand camp de concentration qu'est devenu Ghaza. Milosevic et Karadzic ne sont pas moins criminels que ces assassins, mais c'est un rêve de justice qui ne sera jamais exaucé dans l'état actuel du monde.




* Universitaire et syndicaliste