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Belkheïra Mohamed : Le libero de charme

par Adjal Lahouari

Au sein de sa famille Belkheïra, le football était présent partout. Son père était un ancien joueur de l'ASM et du Nadjah. Son oncle n'est autre que le grand entraîneur Hadj Hadefi, père de l'inoubliable Miloud. Les Medjahed sont également ses cousins et tous ont été footballeurs. Ses premiers contrôles, il les a effectués avec des bas enroulés en boule, en compagnie de son autre cousin Djilali Hadefi.

De la Place Sebastopol à la Cité Lescure, il n'y a que quelques dizaines de mètres. Et c'est à l'intérieur de cette cité que Mohamed apprit les rudiments du football en compagnie des frères Guemri, Tayebi Bouziane, Toual Lahouari, Layafi Mohamed et bien d'autres. Ce n'est qu'en 1972, à l'occasion d'une fête familiale chez Hadj Hadefi que son destin allait prendre une autre tournure. Après l'avoir vu jongler avec le ballon devant la porte, son oncle, fin observateur, lui posa la question rituelle : «Tu veux jouer au football ? La réponse fut évidemment affirmative et c'est ainsi que le jeune Mohamed se retrouva au sein de l'équipe cadette du MCO, dont l'entraîneur des seniors n'était autre que Hadj Hadefi. A partir de cette période, les événements se sont enchaînés très vite.

Trois mois ont suffi pour que l'équipe nationale cadette lui ouvre ses portes au tournoi de Guénin (nord de la France), aux côtés de Belloumi et Assad, sous la houlette de Benyelles. En junior, il participera au fameux tournoi de Cannes, où il aura comme adversaires directs Hugo Sanchez, Battiston et Zenier, futures vedettes des équipes du Mexique et de France.

Pour son premier match à l'ASM, Hadj Hadefi estimait qu'il était un peu tendre pour évoluer aux côtés des chevronnés Bendida, Gasmi, Nourredine, Hasni et les frères Guemri.

Finalement, il effectuera sa première apparition à Tighenif, dans le dernier quart d'heure, face aux «Cecilio» et Kada «Revelino». Ce sera pour lui l'occasion de faire ses preuves en sauvant son camp d'un but tout fait, ce qui lui a valu les chaudes félicitations de «Pons» et de son oncle, enfin convaincu. Il sera dorénavant titulaire.



L'ASMO



Après une saison en cadet au MCO, Belkheira a opté pour l'ASMO où il restera jusqu'à l'âge de 25 ans. Titularisé en senior alors qu'il était junior, on pensait qu'en asémiste bon teint, c'était parti jusqu'à la fin de carrière. Les événements en décident autrement. Pour un problème « d'échelle » (grille des salaires), la direction de l'ENAVA lui intime l'ordre de rejoindre l'usine. C'était mal connaître Mohamed qui, bien que contacté par le GC Mascara, pose son sac à l'ESO Mostaganem où il restera trois saisons « et où j'ai connu des hommes de grande valeur dont Kheïrat », précisera-t-il. Comme entraîneur à l'ASMO, il estime avoir convenablement rempli son contrat. En 1992/1993, il était le plus jeune technicien de l'élite. « Ayant lancé des jeunes comme Benzerga, Gaid, Raho, Benamara et Kabadj, j'ai laissé le club à la troisième place, à trois points du leader. Je suis parti pour cause d'ingérence ». Il reviendra à deux reprises en 2001 et en 2006, cette fois avec Henkouche et Benchadli.



Equipes nationales



International dans les catégories de jeunes en cadets, juniors espoirs et militaires, Belkheira s'est fixé comme objectif d'atteindre l'équipe «A». Il y est parvenu et en dépit des 19 capes, il estime avoir été injustement écarté. La chronique de l'époque apportera de l'eau à son moulin. Voici un texte de cette époque : « Belkheïra a quitté les « Verts » après le départ de Zouba. Cette éviction a de quoi être surprenante, car elle laisse supposer qu'il est le seul à «porter le chapeau» après le match contre l'Egypte qui s'est déroulé à Alger. Sur la liste des joueurs convoqués, un seul nom est biffé. Le sien. Dépité, il quitte la Nationale «Une» et l'ASMO pour rejoindre l'ESO Mostaganem avec laquelle il tente de rejoindre l'élite ». Belkheïra n'oubliera pas de sitôt cette période de sa carrière. « J'ai remplacé Kourichi et Meghraria. Avec l'arrivée de ce dernier, la logique aurait été que je passe en libéro. Après le nul face à l'Egypte, l'entraîneur m'a évincé. Rencontré quelques jours plus tard, il a prétendu que je n'étais pas en forme. Le lendemain à Mascara, j'ai inscris deux buts tout en jouant en libero. Ses «explications» m'ont motivé. Que pouvais-je faire d'autre sinon respecter son choix ? Cependant, Belkheïra peut présenter un CV tout à fait remarquable que lui envient beaucoup de joueurs, car il a revêtu les maillots de toutes les équipes nationales.



Convictions



Il faudrait beaucoup plus d'espace pour transmettre par le détail ses convictions. Il commencera par dire : «Ma franchise est considérée comme un défaut. Elle m'a certainement desservi dans ma fonction d'entraîneur. Mais que voulez-vous, j'ignore ce que c'est l'hypocrisie. C'est sans doute héréditaire. Toutefois, je respecte tout le monde. Finalement, je crois bien que je suis plutôt naïf. Il n'empêche qu'en tant que membre de l'AG de l'ASMO, je fais face à mon devoir. Pour ce qui est football, je crois que nous avons hérité de deux richesses : celle d'avoir eu comme entraîneurs les membres de l'équipe FLN. Je tiens à les citer : Amara, Mekhloufi, Bekhloufi, Kerroum, Rouaï, Mazouza et Zouba. Avec eux, le message est reçu cinq sur cinq. L'école russe également m'a influencé. Je n'oublie pas pour autant ce que je dois à mon oncle Hadefi Hadj qui a veillé sur moi. Pour le football national, je crois qu'il faut une profonde réforme. On devrait allier la science à l'expérience, car n'oublions pas que le football est sorti de la rue. Donc, il ne faut pas ignorer les hommes de terrain. Le football reprendra des couleurs lorsqu'il y aura des clubs formateurs, et de bons gestionnaires.