Dans la
vie, il faut toujours entretenir les choses si on veut qu'elles durent et
restent plus ou moins présentables. Ainsi, par exemple, chaque homme (ou chaque
femme) devrait entretenir et prendre soin de son corps, faire de l'exercice
s'il (ou si elle) tient à garder la forme. Autres exemples : avant de continuer
à prendre la route, chaque automobiliste devrait penser à entretenir sa voiture
pour éviter de tomber en panne et être contraint de poireauter en rase
campagne. Dans nos villes, on devrait constamment veiller à entretenir nos
monuments et nos anciennes bâtisses si on veut sauvegarder un pan de notre
histoire. Avec le temps, beaucoup de choses sont appelées à s'user,
s'affaiblir, se corrompre. Pour combattre, du moins ralentir les effets
dévastateurs des années qui passent, les êtres vivants comme les objets inanimés
ont besoin d'entretien et d'une sorte de politique de
maintenance généralisée qui répare ce qui s'est cassé, restaure ce qui a été
détruit, rétablit ce qui a été perdu. Mais l'usure, la dégradation, la ruine
guettent également le monde des idées qui, comme les fondations des vieux
immeubles, s'affaissent parfois et montrent de la fragilité. Elles ont alors
besoin d'un entretien, d'une rénovation, d'une révision afin de retrouver de la
pertinence et coller à la réalité. «De même qu'il fallait réviser son
automobile tous les 10.000 kilomètres, il nous faut réviser nos idées tous les
dix ans, et plus tôt s'il survient une crise majeure comme celle de la pandémie
du Covid-19», écrivait récemment dans un tweet le sociologue et philosophe
français Edgar Morin.