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Un mois sabbatique !

par El-Houari Dilmi

En attendant le prochain choc émotionnel national, quoi se mettre sous la plume en attendant le grand sommeil qui pointe dans quelques jours ? Les voyants passent au vert, nous rassure la Banque d'Algérie, la mère de toutes les banques. Dans sa dernière note de conjoncture, la BA se montre optimiste quant aux perspectives économiques du pays, qui se remet progressivement de ses nombreux maux.

Mais comment expliquer à l'Algérien lambda que le pays se porte mieux, quand lui mesure son bonheur à l'aune de son porte-monnaie ? Oui, parce que sans faire dans le pédantisme des experts et autres spin doctors déguisés en médium «costardisés», tout le monde ne pige pas ce que veut dire un taux de croissance ou d'inflation, ni même une balance commerciale ni un bilan carré ! Et à propos justement de ce «mois sabbatique» qui avance droit sur nous, la bonne nouvelle vient de ceux en charge de la marmite nationale qui ont déjà promis qu'il n'y aura point besoin d'un PAP «spécial ramadhan». Et que même les tricheurs de tout poil, même s'ils font carême comme tout le monde, seront soumis à un marquage de zone par des contrôleurs ubiquistes, eux-mêmes chargés de protéger nos poches «essorées» contre les chipeurs en tous genres. Ramadhan ou pas, tout le monde ne mange pas forcément par la bouche, selon la complexe généalogie de ce que d'aucuns appellent l'art peu raffiné de la «mangeaison». Du bedonnant au freluquet, de l'émacié à l'anguleux, du ventriloque jusqu'aux estomacs (dé) vidés, de l'appétit léonin à la chair trop molle, des «rôteurs» de formation jusqu'aux mal empiffrés par vocation, il y a ceux qui bouffent à vingt doigts mélangés, même quand ils sont «occlusés». En face d'eux, il y a la gent de ceux qui se sustentent au besoin, ceux qui becquettent par pur instinct de conservation, ceux qui ont appris à simplement ingérer ce qui est comestible, d'autres qui se suffisent d'ingurgiter tout ce qui vient à portée... de bouche. Contre ceux qui pratiquent le sport du becquetage, du broutage et même du béquillage. D'autres ont les mains si noires qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils mangent du pain trop blanc, avec en tête du peloton ceux qui ont toujours mangé leur pain sous le manteau... Quant à ceux qui nous promettent plus de beurre que de pain, la justice des affamés voudrait être telle qu'il faut absolument les expier en les obligeant à jeûner douze ramadhans de suite pour s'excuser de nous avoir fait prendre leurs pieds nickelés pour des mains... baladeuses.