Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Théoriquement parlant !

par El-Houari Dilmi

A part les formations politiques représentées au Parlement qui tentent de jouer le rôle qui leur est constitutionnellement dévolu, la classe politique est bien aphone et pas depuis hier seulement... Alors que de grands débats ont cours sur plusieurs dossiers qui engagent l'avenir du pays, le personnel politique de chez nous semble comme déphasé, vivant sur une autre planète que la nôtre. «Je participe à tous les débats, même dans la rue, sauf que j'ai toujours refusé de faire de la politique; pour moi, ce n'est rien d'autre que gonfler un ballon crevé» ! confie Hamid, qui a pourtant épuisé un mandat dans une petite commune. Et parce que la politique étant, chez nous, l'art de toujours faire croire aux autres que toutes les «bonnes idées» ne peuvent venir du peuple d'en bas, cela reviendrait presque à faire avaler un œuf pourri à une poule «ménopausée» ! «Théoriquement parlant», l'idéal politique étant de rendre possible ce qui est nécessaire, le peuple s'intéressera à la politique quand les hommes politiques s'intéresseront à lui. Rien que ça ! Chez le petit peuple, l'on se souvient toujours de cet «homme politique» bien de chez nous, qui avait un jour déclamé -sans trembler- s'être gouré de peuple et donc de société, et qu'il fallait, en toute «logique manichéenne», suspendre toute activité politique de «son» parti jusqu'à ce que le pays... importe un autre peuple ! Et comme l'argent aide à supporter la pauvreté, la politique, selon le mode opératoire local, est de toujours apprendre au peuple que le meilleur moyen de prendre un train à l'heure, c'est de s'arranger pour rater le précédent.

Mais comme rien n'est plus sérieux que la politique, Dieu créa le sens de l'humour chez le commun des politicards pour penser, mordicus, qu'on ne peut gagner et dépenser de l'argent en même temps, d'où le choix difficile à faire entre un «homme (ou femme) politique» et sa propre tronche. Parce qu'un traître, c'est aussi un homme politique qui quitte son parti pour s'inscrire à un autre. Un peu comme les jambes, il y en a qui les utilisent pour marcher et d'autres pour faire leur propre chemin. Un politicien honnête étant, selon la légendaire vox populi, celui qui reste fidèle à celui qui l'a acheté, il faut croire que ça arrive que la vérité sorte de la bouche d'un politicien. Et comme on entre en politique avec un bel avenir devant soi et on en sort avec un terrible passé, la seule explication qui vaille vraiment est d'apprendre à ne jamais déprimer du «sérieux apoplectique» de nos hommes politiques !