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Gigantesque théâtre des paradoxes

par El-Houari Dilmi

Désaltérant la terre assoiffée, la pluie et la neige ont semé une bonne dose d'espoir dans le cœur des Algériens, même si le fameux sachet de lait et le bidon d'huile continuent de «cauchemarder» le sommeil de la ménagère. Mais tous les dézédiens n'ont pas retrouvé le sourire, comme rongés par un mal mystérieux. Pas besoin de le dire, il y a quelque-chose d'insondable dans le regard de l'Algérien. Se risquer à sonder l'âme de nos compatriotes reviendrait à lire dans une boule de cristal. Mais qu'est-ce qui pourrait bien manquer à l'Algérien pour retrouver la joie de vivre et croire en des lendemains plus «chantants» ?

Pourtant, des indicateurs de bonne santé du pays sont passés au vert, mais ceux de l'Algérien de la rue sont toujours à l'orange, voire le rouge ! D'une formidable résilience, la nature optimiste du citoyen «DZ» a été écrasée sous le poids insupportable d'un passé... qui ne passe toujours pas. Cas pathétique du «cas algérien», ce retraité qui dit «ne pas avoir besoin d'argent, j'ai tout juste besoin de vivre, heureux pour le restant de mes jours...». Autre phénomène digne d'une analyse psychanalytique qui reste à inventer, la pluie, quand elle est là, est vécue sous nos latitudes particulières pas comme un don du ciel mais comme un «mauvais temps» qui s'abat sur le pays. Quand la pluie nous pose un ou plusieurs lapins, les prix des viandes dégringolent jusqu'à atteindre le prix d'un paquet de «Rym». Et lorsque le ciel est plus «mouillant», la mercuriale s'emballe jusqu'à... encorner les nuages... Logique inverse à la nature même de la vie que tout cela. Et comme la pluie est un don du ciel, et la poudreuse un écran total couvrant toutes nos vacheries et le Ramadhan «la belle affaire» de l'année, c'est que le pays a encore beaucoup de soucis devant lui...