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Nous et les autres !

par El-Houari Dilmi

Chez nous, tout le monde se cale sur l'heure du ramadhan... et de ses soucis. D'abord la tension sur l'huile de table et du lait en sachet, deux ingrédients indispensables pour la meïda du f'tour. Sans parler de la folle sarabande des prix des fruits et légumes, qui donnent des cauchemars éveillés à la ménagère. Sinon, comment chasser de nos esprits tourmentés, cette peur «atavique» de se retrouver comme ce pêcheur chargé de faire traverser, d'une rive à une autre, un loup affamé, avec à ses côtés immédiats un mouton effarouché, et une botte de foin, sachant que sa felouque vermoulue n'est capable de supporter le poids que d'un seul «passager»? Ceci pour interroger les médiums «non diplômés» et savoir si nous allons survivre au mois de tous les tracas. La tomate à 200 DA le kilo, l'oignon, ce légume du «pauvre», frôle avec les 150 DA, la laitue à 180 DA. Que dire alors des haricots verts qui ont atteint le prix incroyable de 600 DA le kilo, à rebours de tout entendement.

 Dans une sorte de dangereuse jonction, de plus en plus insupportable, d'événements où se mêlent le préfabriqué, le cousu de fil blanc, le mauvais augure, le coup «ourdi», ou encore cette «néo-mode» pyromane du lait volontairement abandonné sur le feu, les Algériens pêle-mêle, des salonards jusqu'aux persifleurs de vent détourné, en passant par le vendeur clandestin de viande asine, triste vérité de La Palisse que de dire que le peuple a besoin, d'abord des bienfaits d'une douche froide pour se débarrasser de ses propres démons et se réhabiliter avec lui-même. D'abord en se remettant à produire de l'huile de coude... avant l'huile table...Le preux aréopage aux commandes du grand vaisseau «El-Djazaïr» aura-t-il suffisamment de temps, pour nous aider à avancer vers le chemin sinueux de la réhabilitation avec nous-mêmes, pour renouer, un jour qui viendra, avec la civilité et la «normalité»? Quel avenir envisager pour un pays qui doit, à tout prix, éviter le piège de se montrer dans la peau d'un mouton trop «gras» dans un monde infesté de loups boulimiques ? Un pays ne peut pas se relever avec de simples invocations, des mains levées vers le ciel, voire avec des plans laborieusement tirés sur la comète. Aussi vrai que le meilleur moyen de construire sa maison est celui de veiller à ne pas se laisser gruger par son maçon-maison... !